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Papy Deschacht fait de la résistance

Stagiaire Le Vif

Avec la cascade de forfaits en défense, Wilmots a rappelé Olivier Deschacht en vue des matchs contre Chypre et Israël. Jamais rappelé depuis le 12 octobre 2010 et le fameux 4-4 contre l’Autriche, le gaucher peut savourer son come-back, lui qui a toujours été remis en cause, malgré son expérience et son statut de monument d’Anderlecht.

La dernière fois qu’on a pu apercevoir Deschacht avec la tunique des Diables sur le dos, c’était le 8 octobre 2010 pour un match qualificatif de l’Euro 2012, remporté 0-2 face au Kazkastan. Pour les souvenirs, le double buteur du soir s’appelle Marvin Ogunjimi, Bailly tient sa place entre les perches et un certain Legear rentrait en fin de rencontre pour dynamiser son flanc. Une époque qui parait si lointaine pour nos Diables.

Ce retour, Deschacht le savoure pleinement et n’a aucune rancoeur vis-à-vis de sa longue absence avec l’équipe nationale, qui remonte à plus de quatre ans. « Je ne me suis jamais plaint pendant ces années d’absence et je n’étais d’ailleurs même pas fâché. Tous ces joueurs sont tellement meilleurs que moi, et les Brugeois étaient en plus dans une forme euphorique depuis le début de la saison« 

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Souvent critiqué aux quatre coins du Royaume, par ses adversaires mais surtout par son propre camp dans le passé, la carrière de Descacht est loin d’être un long fleuve tranquille. Ariel Jacobs, coach d’Anderlecht de 2007 à 2012, résume parfaitement la situation. « Il ne correspond pas à l’image de ce que l’on peut avoir d’un joueur d’Anderlecht. Ce sentiment de scepticisme, le fait de devoir vivre avec ces critiques, a été le fil rouge de sa carrière. Pendant très longtemps, tout le monde a eu des doutes sur ses qualités. » On a souvent pointé du doigt ses lacunes, en vitesse et technique notamment, alors que le back gauche a toujours su tenir la baraque mauve. Et ce malgré la pléiade de concurrents qu’on lui a mis dans les pattes. Depuis 2001, Michal Zewlakow, Fabrice Ehret, Davy Oyen, Marc Hendrickx, Aleksandar Ilic, Diogo, Felipe, Triguinho, Jelle Van Damme, Jan Lecjaks et Behrang Safari ont tour à tour essayé de déloger Deschacht de son flanc gauche. Sans grands résultats. Parfois mis en danger en début de saison, le mois de mai accouchait du même épilogue au fil des ans, à savoir un Deschacht dans l’habit du titulaire retrouvé.

L’axe lui va si bien

Or depuis deux ans, N’Sakala prend de plus en plus ses marques en tant que back gauche. Non pas qu’il a réussi à éclipser le vétéran d’Anderlecht, mais plutôt du au repositionnement d’Olivier dans l’axe de la défense. Avec la longue indisponibilité de Nuytinck et le départ de Kouyaté, Deschacht est venu apporter son expérience pour former un duo très complémentaire avec le jeune Chancel Mbemba. Avec le poids des années, il manque clairement de vitesse pour arpenter tout son flanc pendant 90 minutes. Avec ses qualités de placement, il semble plus à l’aise dans cette position. A ce poste, il réalise de solides prestations depuis le début de saison. Pas souvent mis à l’honneur par les journalistes, Deschacht paie sans doute le prix d’être un joueur sobre, qui fait le « boulot », sans faire de vagues. Son dernier fait d’armes remonte au 19 février et le 16e de finale aller de l’Europa League face au Dynamo Moscou. Auteur d’un match plein et rarement pris à défaut, le site de statistiques WhoScored lui avait attribué la note de 8.3 et une place dans l’équipe type de la semaine, dans l’axe de la défense. Interrogé la saison dernière sur les performances du défenseur, Pelé Mboyo avait rendu hommage à Deschacht en soulignant sa longévité dans le groupe Anderlechtois : « De toute façon, on ne joue pas plus de 10 ans à Anderlecht sans avoir de grosses qualités.« 

Monument men

Arrière gauche aux qualités limitées, Deschacht a compensé ses lacunes par le travail et une mentalité à tout épreuve. « Je suis la preuve qu’il ne faut pas nécessairement être un surdoué comme Eden Hazard pour bien réussir dans ce métier. Je suis très fier de ce que j’ai réalisé, mais j’espère surtout servir d’exemple à d’autres dans mon cas. » Ca ne fait d’ailleurs aucun doute, sa carrière parle pour lui. Capitaine modèle, il compte plus de 500 matchs sous la vareuse d’Anderlecht et a d’ailleurs fêté contre Dortmund son 81e match européen pour son club de coeur, record absolu pour un joueur d’Anderlecht. L’armoire à trophées de l’inoxydable blondinet, qui dispute sa 14e saison au Parc Astrid, est d’ailleurs pleine à craquer. Sa collection personnelle comprend sept titres de Champion de Belgique, six Supercoupes et une Coupe de Belgique. Sous contrat jusqu’en juin 2016, le « papy » d’Anderlecht a toujours clamé son amour et son envie de terminer dans son club de toujours. Cet état d’esprit remarquable pourrait être résumé par cette phrase, prononcée hier en conférence de presse des Diables : « Je vais m’entraîner comme si c’était ma dernière sélection. En espérant que ça ne soit pas le cas. » A 34 ans, Olivier Dechacht a toujours faim.

Lui qui a toujours été remis en cause semble enfin adoubé par les observateurs. Paradoxalement, il aura dû attendre le crépuscule de sa carrière pour que le grand public le juge à sa juste valeur. Reste à voir si Deschacht pourra réitérer ses performances avec les Diables Rouges mais comme on a coutume de dire, l’appétit vient en mangeant.

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