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Mujangi Bia : « Est-ce que je mérite d’être traité de la sorte ? »

Depuis le début de saison, il est la cible favorite des supporters mécontents du Standard. Pour la première fois, le Belgo-Congolais rompt le silence. Extrait.

Au cours des derniers mois, c’est avec des pieds de plomb que Geoffrey Mujangi Bia a pris, chaque matin, la direction du Sart-Tilman depuis Zellik. Il avait beau marquer et délivrer des assists, il se faisait siffler à chaque match. Comme s’il personnifiait tous les problèmes du Standard. « Après le match contre Zulte Waregem, en octobre, ce fut l’escalade. Ce jour-là, comme toute l’équipe, j’ai mal joué. Quand j’ai quitté le stade, quelques supporters ivres ont trouvé malin de jeter de la bière sur ma voiture. Je suis sorti et on a failli en venir aux mains. »

Depuis lors vous vous êtes mis le public à dos.

Geoffrey Mujangi Bia : L’an dernier, on aurait encore pu me reprocher d’être trop personnel mais j’ai banni cet aspect de mon jeu. J’accepte la critique mais quand je suis sifflé à tort, comme à l’occasion de mon remplacement contre Mouscron, alors que j’avais délivré un assist, ça me travaille. Imaginez ce que les membres de ma famille ressentent en entrant dans le stade. Heureusement, mes deux fils sont trop petits pour comprendre.

Début février, vous avez rencontré les Ultras. Que vous reprochaient-ils ?

Tout d’abord, les Ultras n’étaient pas d’accord avec les sifflets. Quand j’ai été remplacé lors du match face à Waasland Beveren, j’ai à nouveau été pris en grippe par une partie du public. Les Ultras ont, eux, scandé mon nom pour manifester leur désaccord. Je tiens à les remercier pour leur soutien. Leur point de vue est clair : un joueur qui mouille son maillot mérite d’être soutenu. Suite à la discussion avec les Ultras, j’ai compris qu’ils doutaient parfois de mon engagement pour le Standard. « Tu ne tacles pas assez », m’ont-ils dit. Mais je ne pense pourtant pas que l’amour du club se mesure au nombre de tacles. Ils ne comprennent pas non plus ma façon de communiquer avec les médias et les supporters.

La grogne des supporters est d’autant moins compréhensible que vous êtes, pour la deuxième année consécutive, le joueur le plus décisif du Standard.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La saison dernière, j’ai inscrit neuf buts et délivré neuf assists en championnat. Cette saison, j’en suis déjà à neuf buts et six assists. En tant que joueur offensif, ma tâche est de marquer et de donner des ballons aux attaquants, mais les gens trouvent ça banal, manifestement, qu’un joueur de flanc occupe le haut du classement des buteurs. Seuls deux de mes buts ne nous ont pas rapporté de points. Est-ce que je mérite d’être traité de la sorte ?

Il a même fallu que Carcela demande aux gens de vous applaudir… Trebel a également pris votre défense en cours de match.

Mes équipiers se demandent parfois comment j’arrive à garder mon calme. Il y a peu, on a eu une discussion tactique. Les analystes vidéo avaient enlevé le commentaire des images et quand je touchais le ballon, on entendait clairement les coups de sifflet du public. Même mes équipiers étaient perturbés. Avant, je n’hésitais jamais à dribbler. Maintenant, je pense avant tout à ne pas décevoir les supporters, alors qu’il faudrait justement faire quelque chose avec le ballon pour les séduire. S’ils me soutenaient, je serais bien meilleur encore.

Par Alain Eliasy

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Geoffrey Mujangi Bia dans votre Sport/Foot Magazine

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