Marc Degryse

« MPH doit maintenant jouer au psy »

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, le Club Bruges est désormais confronté à un problème de luxe avec ses (trop ?) nombreux joueurs en forme.

Bruges en tête dès le mois de décembre, ça surprend après son début de saison laborieux. Pendant des semaines, on a vu des joueurs à côté de leurs pompes, des cadres qui ne quittaient pas l’infirmerie, des supposés renforts qui ne renforçaient pas l’ensemble, un bilan déplorable en déplacement, de l’énervement,… Quand on regarde le classement aujourd’hui, on pourrait avoir tendance à oublier tous ces problèmes. Le Club doit sa première place au fait que les autres meilleures équipes du championnat continuent à abandonner beaucoup de points à gauche et à droite, mais il y a d’autres explications.

La première, c’est que Michel Preud’homme semble avoir tiré les bonnes leçons de ce que son équipe a connu en fin de saison dernière. Terminer avec des joueurs sur les rotules, parce qu’ils avaient trop joué, et s’effondrer dans la dernière ligne droite, ça l’a beaucoup fait réfléchir. Donc, cette saison, il mise à fond sur la tournante, plus que n’importe quel autre coach. Et aujourd’hui, il est confronté à un problème de luxe parce qu’il a bien plus qu’une douzaine de joueurs en bonne forme. Cela l’oblige à mettre sur le banc des gars qui ont été très bons dans les matches précédents. Et c’est un aspect du job qu’on ne peut pas sous-estimer. Bien gérer cette situation, cela demande de la psychologie, du timing, il faut être capable de motiver tout le monde, de consoler certains joueurs, de donner des explications convaincantes à ceux qui ne jouent pas. Il n’y a pas que des joueurs de seconde zone qui sont concernés, loin de là. Quand un Hans Vanaken ne monte pas sur la pelouse alors qu’il vient de sortir deux très bonnes prestations, il faut être capable de trouver les mots justes avec lui pour qu’il ne perde pas son dash. Idem avec un Jelle Vossen qui a entre-temps retrouvé ses sensations de buteur mais n’est pas nécessairement titulaire dans le match qui suit une performance concluante. On peut même étendre le raisonnement à Victor Vazquez et à Lior Refaelov qui ont une grande part dans les dernières victoires. Pour moi, Vazquez pourrait être une clé de la deuxième partie de la saison. S’il garde son meilleur niveau sur la durée, il pourrait être le pion capable de faire basculer le championnat en faveur de Bruges.

Si le Club passe en Europa League, sa situation sera encore plus prometteuse qu’il y a un an.

Je suis persuadé que Michel Preud’homme est le premier surpris par le classement actuel de son équipe. Dans son esprit, les premiers mois de la saison devaient simplement servir à préparer progressivement une équipe qui doit être prête à partir du mois de mars. En tout cas, il est pour le moment gagnant sur tous les plans, et si Bruges passe en Europa League, sa situation en janvier pourrait être aussi prometteuse qu’il y a un an avec des perspectives intéressantes sur trois tableaux. Voire plus intéressantes vu que la rotation observée depuis le mois d’août permet de ne pas avoir de joueurs fatigués. Tout le monde a été concerné par cette tournante. La saison dernière, on voyait souvent les mêmes joueurs sur la pelouse, semaine après semaine, déjà au stade actuel du championnat.

Le Club a maintenant deux gros tests, il va au Standard puis reçoit Anderlecht. On est habitué à voir tellement de scénarios surprenants dans les play-offs que certains entraîneurs préfèrent ne plus les commencer en étant en tête. Sur ce point aussi, Preud’homme me semble différent. Oui, ça met de la pression quand on sent le souffle des concurrents dans son dos. Mais ça met encore plus de pression quand on est dans la poursuite. Il raisonne comme ça.

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