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Martinez : « Le grand défi sera de tirer le meilleur des joueurs en grande forme »

Nous avons rencontré Roberto Martinez quelques semaines avant qu’il ne dévoile sa sélection pour la Coupe du monde. Pour Sport/Foot Magazine, il évoque en détail le travail à effectuer lors de la préparation et ses plans pour la campagne de Russie. Extrait.

Par rapport à il y a quatre ans, certains joueurs ont enrichi leur palmarès : Kompany mais aussi De Bruyne, Hazard, Courtois, Meunier, Vermaelen…

MARTINEZ : Ça aide, c’est même essentiel. Un champion est quelqu’un qui a survécu aux coups durs. C’est ça qui manque à cette équipe, en plus de l’esprit de groupe. Lors de notre dernier rassemblement, en mars, j’ai veillé à deux choses. Primo, se concentrer sur l’Arabie saoudite, qui se présentait avec un nouveau coach, était rassemblée depuis un petit temps et avait bien joué contre l’Ukraine. Sur le plan émotionnel, c’était un duel comparable à ceux qui nous attendent face à la Tunisie et au Panama, des équipes qui n’ont rien à perdre et veulent entrer dans l’histoire… Secundo, j’ai collecté des données pour savoir où ils en étaient sur le plan physique comparativement à douze mois plus tôt. Cela nous a permis d’élaborer des programmes et de savoir à quoi nous devons veiller désormais. Maintenant, nous devons nous concentrer tactiquement. Nous devons former une équipe. Il y a des pays qui construisent leur équipe nationale autour d’un club. L’Italie avec la Juventus, l’Espagne avec Barcelone, l’Allemagne avec le Bayern. Mais nous avons des individualités exceptionnelles disséminées un peu partout et il faut en faire une équipe.

Cela signifie-t-il qu’après autant d’années, les Diables Rouges ne jouent pas encore en équipe?

MARTINEZ : Ils forment une équipe à certains points de vue. En possession de balle, ils sont mêmes très bons. Mais défensivement, nous devons être plus homogènes, savoir davantage ce qu’il faut faire. Nous allons beaucoup travailler cet aspect. L’équipe doit apprendre à réagir en groupe en cas de coup dur.

Nous sommes forts en possession de balle mais ne dépendons-nous pas de l’un ou l’autre individu?

MARTINEZ : Je pense qu’offensivement, nous jouons vraiment bien en équipe, que nous savons ce que chacun va faire quand il a la balle et que nous jouons sans réfléchir. Nous savons des choses qui nous permettent d’anticiper ce qui va se passer. En perte de balle, la synchronisation peut être meilleure. Au cours des deux dernières années, j’ai beaucoup étudié ce que les joueurs pouvaient amener, quelles étaient les combinaisons idéales et nous avons fait preuve de beaucoup de flexibilité dans notre approche tactique. Ce groupe est capable de jouer à trois derrière mais aussi à quatre. Et parfois, en fonction de l’adversaire, il faudra jouer à cinq. C’est une question d’espaces, d’homogénéité et de travail mutuel. Ces concepts me préoccupent davantage que « le système ». Je veux que l’équipe développe un bon concept. Cette génération sait ce qu’elle doit faire en possession de balle, je dois à présent chercher un groupe capable de protéger son rectangle. Le grand défi, ce sera de tirer le meilleur des joueurs en grande forme. Dries Mertens, Romelu Lukaku, Eden Hazard et Kevin De Bruyne ont connu une excellente saison avec leur club mais nous devons leur adjoindre des gens et former un groupe. Nous avons déjà beaucoup progressé à ce niveau au cours des deux dernières saisons. Je pense par exemple à l’influence de plus en plus importante de Dries. A son intelligence sur le terrain. Il est tellement fort lorsqu’il s’agit de créer des espaces qu’il a fait toute sa carrière comme cela. Lorsque j’entraînais Rom à Everton, il n’avait pas la même attitude qu’en équipe nationale, où il s’amuse de plus en plus. Ce n’est qu’aujourd’hui que je retrouve le joueur que j’ai connu à Everton. En Coupe du monde, il sera important que tout le monde fasse en sorte que ces joueurs soient au top. C’est cette culture que nous voulons. Nous ne devons pas commettre l’erreur de nous concentrer uniquement sur les onze qui jouent. Si on analyse les dernières Coupes du monde, on constate que les vainqueurs n’ont jamais survolé le tournoi, qu’ils n’ont pas gagné tous les matches trois ou quatre à zéro. Souvent, un match se joue sur des détails, un réserviste qui fait la différence, des tirs au but, une décision de l’arbitre… Ce sont des choses qu’on doit affronter en équipe, pas individuellement.

Par Peter T’Kint et Thomas Bricmont

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Roberto Martinez dans votre Sport/Foot Magazine

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