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 » Les clubs de D2 ont vendu leur âme « 

Rencontre avec Jean-Marie Philips, l’ancien boss de l’Union belge. Désormais conseiller du CA de l’Union Saint-Gilloise, il fait le point sur la réforme qui va frapper le foot professionnel.

L’Union Saint-Gilloise est actuellement dans le bon wagon. Votre club est-il prêt pour la D1B ?

Philips : Si nous restons dans le Top 8 et que nous obtenons la licence, alors c’est que nous serons prêts. Le problème de stade est résolu puisque je suis allé signer une convention avec la Ville de Bruxelles pour la location du Stade Roi Baudouin. Mais en attendant, au niveau de notre enceinte, nous n’avons pas encore beaucoup avancé. Diverses pistes sont toujours à l’étude. Je pense que la meilleure possibilité serait de bâtir une nouvelle tribune en face de la principale. Elle longerait le terrain, permettrait d’accueillir le nombre de spectateurs nécessaires et en termes de hauteur, elle ne dérangerait pas trop les gens qui habitent le quartier et qui ont l’habitude de voir le parc depuis la fenêtre de leur salon. Il faudra tenir compte des riverains parce que je sais que si nous agissons dans la précipitation, on va se retrouver avec un recours devant le Conseil d’Etat et on nous dira qu’on empêche les chauves-souris de copuler à l’aise dans la nature! Sportivement, nous avons, selon moi, l’équipe qu’il faut pour rester en place mais j’ai peur des arrangements entre amis en fin de championnat. Je n’accuse personne mais je connais la musique. Il reste une poignée de matchs et toutes les combines sont possibles entre ‘amis’. J’espère que cela ne nous pénalisera pas.

Financièrement, qu’a changé la réforme pour un petit club comme l’Union ?

Philips : Tout, soyons clairs ! En avril 2015, quand il a été acquis que nous allions rallier la D2, nous avons recruté des joueurs pour nous maintenir. C’était l’ambition initiale. Puis, deux mois plus tard, nous avons appris le visage de la réforme et le fait que dix clubs allaient gentiment passer à la moulinette. En réaction, nous avons dû acquérir des joueurs d’une qualité encore supérieure. Cela a engendré une surcharge financière importante. Ajoutez à cela que nos résultats ont été brillants au premier tour, puisque nous sommes restés quelque temps dans le trio de tête. En primes, c’était bonbon ! L’ambiance a changé elle aussi parce qu’il y avait davantage de pression au sein du club et je ne vous cache pas que nous nous sommes heurtés à des problèmes financiers évidents. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre la mécanique et la cascade financière qui a découlé des sacrifices qui ont été faits. Sincèrement, vivement que la saison s’achève et que nous soyons dans le Top 8.

Quand votre nouveau stade sera-t-il prêt ?

Philips : C’est difficile à estimer. J’espère que nos supporters pourront revenir la saison prochaine au Parc Duden à l’occasion du deuxième tour. Mais il faudra aussi tenir compte des dégâts collatéraux des travaux. Une nouvelle tribune en face, cela implique des tracteurs, des camions, des grues,… La pelouse sera donc démolie. Moi, je suis d’avis d’en profiter pour mettre un terrain synthétique comme à Saint-Trond, parce que cela réduira aussi les problèmes que nous connaissons en matière d’infrastructures d’entraînement, et tant qu’à faire, aménageons aussi un parking souterrain. Nous devrions avoir toutes les réponses pour le mois d’avril. La commune a en tout cas voté un subside de 2.360.000 € mais ici, rien n’est simple puisqu’il y a un bail emphytéotique concernant le stade communal, que les deniers proviennent de Saint-Gilles mais les autorisations urbanistiques de Forest…

Il paraît que vous avez réussi à faire bloquer le premier projet de réforme qui avait été présenté. Est-ce exact ?

Philips : Et comment ! L’idée première était de faire un classement des trois dernières saisons et de conserver les huit meilleures équipes. C’était bien gentil mais l’Union était alors en D3, elle n’était même pas prise en considération. J’ai introduit une action devant le Tribunal et nous avons eu gain de cause en trois jours. A bien y réfléchir, je peux vous dire que j’en veux à mort aux clubs de D2 qui ont voté et qui se sont fait avoir comme dans un bois. Expliquez-moi pourquoi des entités qui se savaient reléguées, ont pu voter la saison passée, et pas celles qui avaient une chance de monter ? La Ligue Pro a joué finement le coup et a négocié un pacte avec les clubs qui ont, eux, vendu leur âme pour des cacahuètes. C’est un peu comme dans la Bible, où Esaü a vendu son droit d’aînesse pour un plat de lentilles. Je trouve que nous devons supporter un héritage ennuyeux et que cela a été contraire au règlement fédéral… J’ai dit ouvertement aux clubs qu’ils s’étaient suicidés. Sur les huit ou neuf qui vont basculer, combien vont remonter ? Tout a été fait à la va-vite et cela se traduit désormais par les postes vacants dans diverses commissions. J’aurais éventuellement pu être candidat, vu mon profil et mon expérience, mais les gens en place vont-ils accepter le retour du vieux ?

Par David Dupont

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Jean-Marie Phillips dans votre Sport/Foot Magazine

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