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Les 4 raisons qui expliquent la saison catastrophique du Standard

Maxime Defays Journaliste

Le Standard réalise cette année son pire bilan depuis la saison 1997-1998. Nous tentons de comprendre pourquoi le club principautaire a connu un tel naufrage.

Les problèmes du Standard ne datent pas de cette saison. L’année dernière déjà, Bruno Venanzi avait connu beaucoup de difficultés pour sa première saison à la présidence du club rouche. Avant une remontée progressive au classement, où le club a échoué à une marche des Play-Offs I lors de l’ultime journée à Malines, le Standard a pointé à la dernière place du classement, suite à une défaite à domicile, face à Westerlo, en octobre 2015 (1-2).

Si les protégés de Yannick Ferrera ont réussi à relever la tête une semaine après le cauchemar malinois en remportant la Coupe de Belgique contre Bruges (2-1), les problèmes n’avaient pas pour autant tous disparu. Après le rachat du club à Roland Duchâtelet, Bruno Venanzi avait en effet avoué qu’il faudrait du temps pour tout reconstruire et que les « fondations » du club devaient être rebâties de A à Z. Comme l’équipe n’avait plus rien à jouer en POII l’année dernière (vu sa victoire en Coupe, qualificative directement pour les poules de l’Europa League), les Liégeois ont décidé de tester des choses, notamment en alignant plusieurs jeunes comme Remacle, les frères Mmaee, Achaoui ou encore Okita. Aujourd’hui, force est de constater que le Standard ne mise plus trop sur son Académie, tant encensée par le passé. Manifestement, la confiance placée dans les jeunes pousses liégeoises ne cesse de baisser.

Mais le début de saison 2016-2017 du Standard est très mitigé, à tel point que Yannick Ferrera n’y survivra pas. Le technicien bruxellois est remplacé début septembre par Jankovic, actif à Malines. Ferrera effectue le chemin inverse. Accueilli positivement par l’ensemble des supporters, qui voit en lui un homme droit et très bon communicateur, le coach serbe allait toutefois avoir la tâche difficile. Encore maintenant, suite au score négatif contre Saint-Trond, son sort et son avenir à Sclessin restent flous.

1. Le flou autour de la direction sportive

Tout n’a jamais été très clair depuis la reprise du club par Bruno Venanzi. Quelques mois après son entrée en fonction, le dirigeant liégeois décide de confier les rênes sportives à Olivier Renard, débarqué de Malines, où il était aussi directeur sportif. Axel Lawarée, arrivé en novembre 2014 comme conseiller du président Duchâtelet, quittera le Standard en mai 2016. Daniel Van Buyten s’est lui aussi lié au Standard comme conseiller sportif, brouillant un peu plus l’organigramme. Qui décide de la politique sportive ? Le flou s’éclaircit en février quand l’ancien Diable rouge et le club décident de se séparer, donnant les plein pouvoirs sportifs à Renard.

2. Un manque criant de stabilité

L’effectif du Standard à l’heure actuelle compte environ 30 joueurs. C’est donc compliqué de travailler dans la sérénité. Depuis l’arrivée de Venanzi, le Standard a effectué 111 transferts entrants et sortants en 4 mercato à peine, soit une moyenne de… 28 joueurs par période de transferts. Encore cet hiver, le club a engagé 9 joueurs, et en a vendus ou prêtés 17. 6 joueurs arrivés en été sont d’ailleurs déjà repartis quelques mois plus tard.

La question de la stabilité se pose aussi concernant l’entraîneur. Depuis qu’il a repris le club, Venanzi aura embauché 3 coachs différents. Limoger Jankovic, de plus en plus critiqué, n’apporterait évidemment pas un gage de stabilité. Au vu de la saison complètement manquée de cette année, il n’est pas impossible que de nombreux mouvements interviennent au prochain mercato estival.

Avec un tel nombre de joueurs, il n’est pas étonnant que la composition du Standard ait beaucoup changé au fur et à mesure de la saison. Le club n’a jamais été sûr de savoir quel gardien aligner, entre Guillaume Hubert et Jean-François Gillet. Le milieu terrain, censé être renforcé par les arrivées de Danilo en prêt et de Marin (transfert définitif) pour pallier aussi le départ de Trebel à Anderlecht, n’a jamais montré satisfaction. Jankovic n’a jamais réussi à trouver une charnière au milieu capable de bien défendre et de jouer vers l’avant, alignant des duos à chaque fois différents, entre Enoh, Cissé, Marin, Danilo ou encore Déom, voire même Laifis.

Aleksandar Jankovic.
Aleksandar Jankovic.© BELGA

La politique de recrutement, axée trop souvent sur le court terme ne permet pas à une équipe de travailler sereinement et de créer des automatismes lors des matchs.

3. Des joueurs en-dessous de leurs possibilités – Le manque de régularité

Un des problèmes les plus criants du Standard repose sur le manque de régularité. Des joueurs au talent indéniable comme Edmilson ou Dossevi n’ont pas réussi à prester au même niveau lors de chaque rencontre. Un samedi, Junior peut être virevoltant, marquer, distribuer des caviars (notamment à Sa), un autre jour, il semble impuissant sur son flanc gauche. Dossevi a longtemps été blessé et a joué la CAN avec le Togo, n’arrivant pas à reproduire ses belles performances de la saison dernière. Collins Fai a par exemple montré de belles choses au back droit, mais ne parvient pas à réitérer ses performances plus régulièrement. Aussi, les joueurs n’arrivent pas à évoluer à un haut niveau au même moment. Pourtant, à y regarder de plus près, l’effectif, bien que souvent chamboulé, est loin d’être dénué de talent, au contraire. Laifis, Sa et Belfodil, par exemple, sont de très belles trouvailles. Laifis s’est pendant un moment positionné comme un des meilleurs arrières centraux du pays, et le duo Sa-Belfodil, dynamité par Edmilson notamment, a réussi à marquer près de 30 buts cumulés, et surtout à bonifier le jeu de leurs coéquipiers. Pourtant, cela n’a pas suffi, et le Standard se retrouve aujourd’hui dans la situation que l’on connaît.

4. Le manque d’envie et de grinta – L' »ADN Standard » trop peu présent

« Le manque d’envie », la « combativité », « l’absence de grinta » sont les reproches qu’on entend le plus souvent dans la bouche des supporters du Standard. L’ADN du club repose depuis toujours sur une combativité et un jusqu’au-boutisme à tout épreuve. Les supporters du club ne demandent généralement qu’une chose : « mouiller le maillot ». Manifestement, l’envie et l’orgueil des joueurs du Standard ne répondent pas aux attentes. Il n’y a pas si longtemps encore, le club principautaire comptait en ses rangs des joueurs comme Van Damme et Ciman, deux joueurs très appréciés pour leur mentalité et leur implication sans faille au sein de l’équipe. Un peu plus loin, les Rouches pouvaient compter sur des joueurs au caractère bien trempé comme Conceiçao ou encore Jovanovic. Ici, l’absence de leaders et de révolte au sein du groupe est assez frappante. Mais ce manque de « grinta », très chère à l’identité du club n’est pas uniquement reproché aux joueurs. Le coach est aussi pointé du doigt. « Sacha » Jankovic est réputé pour être quelqu’un de réfléchi, de calme et de posé et n’est pas du genre à s’exciter au bord du terrain. Les supporters du Standard réclament depuis quelques temps déjà des personnes de la trempe « Standard », qui incarnent cette identité, même si Bruno Venanzi, supporter du club avant tout, a tenté de réunir des « purs Rouches » au sein de l’organigramme du club, et a même régulièrement invité les anciennes gloires du matricule 16, comme Gerets ou Van Moer.

Au niveau du jeu, on a peu senti l’équipe en évolution au cours de la saison. Bien qu’elle commençait à bien tourner jusqu’au match arrêté à Charleroi (où les Rouches ont peut-être joué le meilleur match de leur saison), la suite ne s’est pas déroulée comme souhaitée. Après le derby wallon, le Standard n’a gagné que deux matchs (contre Westerlo et à Waasland-Beveren). Paradoxalement, les Rouges et Blancs ont marqué plus de buts et ont encaissé moins que l’année passée (41 marqués contre 47 cette année, 51 buts encaissés contre 38 cette saison), mais accusent vraiment le coup sur phase arrêtée. Avant le début des Play-Offs, les Rouches ont encaissé 13 buts sur 38 de cette manière.

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