Marc Degryse

Leko a mis Preud’homme dans le tiroir aux souvenirs

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, le Club Bruges est carrément sur une autre planète.

Un topper, oui, mais pour une seule équipe. Tout était réuni, dimanche, pour que l’humiliation mauve soit complète. La plus grave défaite de l’histoire pour Anderlecht sur le terrain d’un Bruges qui naviguait 10 points plus haut avant le coup d’envoi. Se faire tanner comme ça chez le grand rival des 50 dernières années, c’est terrible. Le Sporting semble maintenant définitivement KO pour le titre, ça ajoute encore au côté dramatique de la chose !

Le pire, peut-être, est qu’il n’y a rien de forcé dans ce 5-0. Qu’est-ce qu’Anderlecht a montré sur une heure et demie ? Une seule vraie occasion de but, et elle était un symbole supplémentaire du malaise. Quand Sofiane Hanni hérite d’un ballon 5 étoiles tout près du petit rectangle, il doit le canarder lui-même au fond. En essayant de faire une passe, il montre tout son manque de confiance. Hanni n’est pas à niveau, dans ses jambes et dans sa tête, pour être le capitaine d’Anderlecht. Il est paralysé par le trac, cette action l’a trop bien montré.

Avant de partir à Bruges, Anderlecht avait encore une bouée de sauvetage, sous la forme de la formule des play-offs. Aujourd’hui, cette bouée ne semble même plus exister, ou alors elle est méchamment crevée. Pour que la saison se termine bien, il faut maintenant plus compter sur un miracle que sur une bouée.

J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne trouve toujours pas de fil conducteur dans les choix de Hein Vanhaezebrouck.

Il n’y a pas que les joueurs qui ont complètement foiré ce topper. J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne trouve toujours pas de fil conducteur dans les choix de Hein Vanhaezebrouck. Il n’a jamais eu confiance en Robert Beric, donc il le lance dans le choc de la saison, après avoir pris soin de dire, dans une interview d’avant-match, qu’il ne faut pas attendre des miracles de ce joueur. Très bizarre comme discours. Anderlecht n’a aucun attaquant en forme et en confiance, à part Henry Onyekuru. Donc, Onyekuru se retrouve sur le banc. Je ne comprends plus rien.

J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne trouve toujours pas de fil conducteur dans les choix de Hein Vanhaezebrouck.

Autre choix bizarre : l’occupation de terrain. Vanhaezebrouck est réputé pour son art de ne pas s’adapter au jeu de l’adversaire. Il est habitué à imposer son jeu. Mais là, il abandonne sa traditionnelle défense à trois pour passer à quatre derrière. Et il met cinq hommes dans le milieu, mais on peut prendre ces joueurs un par un et on est alors forcé de se demander qui était susceptible de faire mal à Bruges. Sven Kums, Adrien Trebel et Leander Dendoncker, c’est un but à eux trois depuis le début du championnat. Ils jouent trop de la même façon, en largeur, en gardant le ballon, sans profondeur. On peut aussi parler de la problématique des gardiens. Jusqu’à quand aura-t-on droit à cette tournante entre Frank Boeckx et Matz Sels ? Elle ne sert personne. Je ne vais même pas m’étendre sur les prestations de Dennis Appiah. Il n’a pas sa place à Anderlecht, point à la ligne.

Bref, ça fait beaucoup. Beaucoup trop pour espérer quelque chose. Et ça explique deux claques en une semaine, ces huit buts encaissés contre Charleroi et Bruges. Le Club est carrément sur une autre planète. Autant c’est pauvre dans le milieu anderlechtois, autant ça jaillit dans l’entrejeu brugeois. Avec Marvelous Nakamba, Hans Vanaken et Ruud Vormer, ça flambe à tout moment, ça marque, ça donne des assists. Ce milieu est une machine qui écrase tout sur son passage et le duo Vanaken – Vormer tire toute l’équipe vers le haut. À Bruges aussi, il y a des joueurs qui traversent des périodes moins drôles, à la recherche de la confiance. Mais ils finissent par exploser, et Abdoulay Diaby est un bel exemple. Au contraire des attaquants d’Anderlecht, il n’a pas gambergé, pas sombré quand son entraîneur faisait des choix qui l’envoyaient sur le banc. Il y a Wesley, Dennis, Jelle Vossen, alors Diaby a simplement attendu son heure.

On pensait qu’il faudrait longtemps pour qu’un entraîneur arrive à faire oublier Michel Preud’homme à Bruges. Ivan Leko est occupé à le faire. Il a conquis le stade. Impensable durant l’été, après l’élimination européenne. Ce qu’il a fait entre-temps est vraiment impressionnant. Il a construit un bulldozer qui écrase tout.

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