Marc Degryse

Le vrai topper du week-end, c’était Gand-Ostende.

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, les coaches d’Anderlecht et de Bruges voulaient avant tout ne pas perdre.

Quand les entraîneurs abordent un sommet avec la conviction que la défaite leur est interdite, ça se voit vite sur le terrain. On l’a directement compris au coup d’envoi d’Anderlecht – Bruges. Pour René Weiler et Michel Preud’homme, la priorité était de prendre un point, et deux de plus si affinités. Offensivement, ce Club était trop léger pour faire mal à son adversaire. L’absence de José Izquierdo continue à peser. Jelle Vossen était plus un chasseur de ballons, un vrai défenseur par moments, qu’un attaquant. Anthony Limbombe, lui, n’a pas encore le coffre pour faire basculer un topper en déplacement. Quant à Hans Vanaken, il manque de percussion, de drive. Il rend service dans une équipe qui tourne mais coule avec les autres dans un ensemble qui chavire. Bref, les données de départ étaient simples : il ne fallait pas prendre de but. Bruges est toujours solide derrière, il n’a encore encaissé qu’une douzaine de fois, Ludovic Butelle fait pas mal de cleansheets, mais à part ça… Pour un champion en titre, ça ne suffit pas. Vivement les retours de Lior Refaelov et de José Izquierdo.

Et Anderlecht ? Il y a progrès, on ne va quand même pas se le cacher non plus… Derrière, les retours d’Ivan Obradovic et d’Andy Najar font du bien. Ils apportent de la stabilité. Cette défense a forcément eu peu de problèmes face à ce Club. Pour ce qui est du milieu de terrain et de l’attaque, c’était insuffisant. Les joueurs censés faire la différence n’ont actuellement pas le niveau. Et puis, il y a des cas individuels qui m’interpellent. Jusqu’à quand Stéphane Badji recevra-t-il du crédit de René Weiler ? C’est vraiment un joueur pour Anderlecht, lui ? Non, c’est trop peu. Youri Tielemans en numéro 10, ça me choque. Il préfère jouer en 8, c’est là qu’il est le meilleur, mais on le déplace. Sofiane Hanni se retrouve à gauche alors qu’il est bien plus efficace en 10, c’est encore une interrogation sans réponse pour moi. Les gars dont on peut penser qu’ils ont assez de qualités pour sortir de temps en temps une action géniale, ils ne sont tout simplement pas dans leur assiette cette saison. Individuellement, tout le monde doit relever la barre. Lukasz Teodorczyk a souvent sauvé le Sporting des eaux, mais que voit-on le jour où il ne marque pas ? Un fade 0-0 et un match à oublier au plus vite pour le spectateur neutre.

Gand et Ostende pourraient ne pas connaître de creux : ils ont un noyau étoffé.

Non, le vrai topper, il était un peu plus haut sur la carte de la Belgique, à Gand. Un tout bon Gand – Ostende et il ne faut pas s’en étonner, si on réfléchit un peu. Là, on avait deux équipes qui misaient sur leurs propres forces au lieu d’épier et d’attendre anxieusement l’adversaire. Avec deux entraîneurs qui pensent foot offensif. C’est là aussi qu’on a vu deux des plus beaux buts du week-end, par Kalifa Coulibaly et Yassine El Ghanassy. C’était soigné, le jeu de position était réfléchi et bien exécuté, tant de choses que je n’ai pas vues dans Anderlecht – Bruges. Au-delà du classement, je remarque que Gand et Ostende n’ont pas le souci traditionnel des équipes qui luttent pour le titre de façon inattendue : l’étroitesse du noyau. Zulte Waregem est confronté à ce problème alors que Gand et Ostende ne le sont pas. Il faut voir la composition de leur banc, chaque week-end. Et donc, le creux que finissent généralement par connaître les petits ou les moyens qui luttent longtemps pour un trophée, ils ne sont pas sûrs de l’avoir. On a sans doute la phase régulière la plus passionnante depuis qu’on a introduit les play-offs et ça pourrait durer jusqu’à la fin. Par rapport à Gand et Anderlecht, Bruges a maintenant l’avantage de ne plus devoir se concentrer que sur le championnat. Mais pas sûr que ça suffise.

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