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« La victoire de Hugo Broos va clairement ouvrir des portes pour d’autres Belges »

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Frankie Vercauteren est en chômage technique depuis son licenciement par le club russe de Samara en octobre dernier. L’entraîneur belge n’exclut pas un retour au pays, même s’il opterait plutôt pour un club étranger.

Tu m’as demandé de t’appeler sur ton numéro russe, ça veut dire que tu es toujours là-bas… C’est si chouette, la vie au quotidien à Samara ?

Je suis rentré en Belgique entre-temps mais j’ai dû revenir ici parce qu’il reste des formalités à régler. Il y a encore quelques versements à faire… J’espère que ce sera en ordre dans les deux semaines. Après, je verrai où je vais. Je n’exclus pas de rester un moment en Russie pour prendre du repos. Samara, ce n’est pas Moscou ou Saint-Pétersbourg mais c’est quand même une grande ville où on trouve tout. Et puis je découvre l’hiver dans cette partie de la Russie. Quand j’entraînais ici, on ne passait pas janvier et février sur place, on s’entraînait ailleurs. Il y a de la neige, et pas qu’un petit peu. Et le thermomètre descend à moins 20.

Hugo Broos a été ton adjoint puis il a choisi de redevenir entraîneur principal. Quand on voit qu’il gagne la CAN avec le Cameroun, on se dit qu’il a fait le bon choix, non ?

Oui ! J’ai toujours eu un énorme respect pour ses qualités et son travail. C’est pour ça que je l’avais pris comme assistant à Al Jazeera. Dans le foot actuel, le T2 n’est plus nécessairement ce qu’il était il y a quelques années. Il est parfois un vrai entraîneur principal. Pour le T1, c’est d’ailleurs parfois embêtant d’avoir un adjoint qui n’a jamais été principal. Et passer T2 après avoir été T1, ce n’est pas d’office un pas en arrière. Hugo Broos l’a fait avec moi comme je l’avais fait en équipe nationale avec René Vandereycken. Ça peut te permettre de rebondir, de bien t’occuper quand on ne te propose pas de poste de coach en chef. La seule différence, finalement, c’est que tu n’as pas le même statut. Et pas le même salaire…

Stéphane Demol m’a dit récemment qu’il n’entraînerait plus jamais en Belgique. Tu as pris la même décision ?

Un retour reste possible mais ce n’est pas une priorité. Pour ça, il me faudra un truc intéressant et pas mal de bons arguments, sportifs et extra-sportifs. Pour le moment, je crois plus à un club étranger. Ça peut être en Russie. Ou ailleurs. Je ne suis pas prêt à tout faire, il y a des choses que j’ai faites et que je ne referai pas, mais je peux aller à beaucoup d’endroits. Les Etats-Unis, ça peut être intéressant, par exemple. Il faut voir ce qu’on te propose. Tout le monde a envie de travailler en Angleterre et en France, mais bon…

À la soirée du Soulier d’Or, Aad de Mos a fait la pub des coaches belges en disant qu’ils méritaient d’avoir des bonnes opportunités à l’étranger. Il faut qu’un Hollandais fasse votre promotion ?

On oublie parfois les qualités qu’il y a chez nous. C’est typiquement belge. Celui-ci est trop vieux, celui-là est trop cher. Aujourd’hui, il y a même des gens qui remettent en cause le niveau de la Coupe d’Afrique, c’est un peu fou. La victoire de Hugo Broos va clairement ouvrir des portes pour d’autres Belges. Dans certains pays africains, il fallait absolument être passé par la France pour recevoir une chance. Dans le futur, les fédérations vont sans doute se dire qu’on peut aussi se former en Belgique ! Mais c’est aussi la Belgique qui doit assurer sa promotion. Dans le monde entier, il y a plein de coaches français, hollandais et portugais. Pourquoi ? Parce que ces pays savent vendre leurs produits.

En début de saison, tu n’as pas raté René Weiler quand tu as dit dans une interview : « Si tu ne sais pas gérer la pression, tu dois changer de métier ou en tout cas ne pas aller à Anderlecht. » Tu n’y es pas allé un peu trop fort, là ?

Je ne visais pas Weiler, d’ailleurs je ne le connais pas, je ne sais pas comment il travaille. J’ai simplement dit qu’à Anderlecht, tu n’avais pas le droit d’invoquer des excuses. Dire que ça va être difficile d’être champion parce que l’effectif a été renouvelé, ça ne passe pas. Les ambitions d’Anderlecht ne peuvent jamais diminuer, même si on a changé l’entraîneur et une quinzaine de joueurs. Cette équipe doit toujours être prête et viser la victoire partout. Même au Soulier d’Or ! La pression sera toujours là et il faut répondre à l’attente, quels que soient les contretemps, point à la ligne.

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