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La carrière de Teddy Mézague est tout sauf un long fleuve tranquille

Une vie à chasser pour exister traduite par une bagarre annuelle contre le maintien depuis de trop nombreuses saisons. En France, en Belgique puis en Angleterre, Teddy Mézague a connu la galère et des relégations parfois douloureuses.

C’est l’histoire d’un homme qui n’y croyait plus. L’embarras d’un gars plus souvent habitué à l’échec qu’à la réussite et qui se retrouve enfin et soudain à jouer le haut du classement avec une équipe promise à la descente. Bienvenue dans la vie de Teddy Mézague, 27 ans, deux relégations au compteur, autant de maintien improbable, un sacre de Ligue 1 vécu à distance et un passage par la D4 anglaise.

Galère outre-Manche

Pour bien comprendre les caprices d’une carrière pas comme les autres, il faut revenir quelques mois en arrière. Avril 2017 : dernière galère en date recensée pour le joueur formé à Montpellier. Son passage par l’Angleterre tourne officiellement au fiasco avec la bascule de Leyton Orient de la League Two à la National League, la division 5 anglaise !

Une injure de plus sur un curriculum vitae déjà bien écorché par la vie et alors que l’ancien hurlu avait quitté la Belgique après deux saisons à se débattre jusqu’à l’ultime journée pour la survie de l’Excel en D1A. « La vérité, c’est que Juri Selak m’avait proposé de prolonger, mais que j’avais à coeur de connaître autre chose », témoigne le principal intéressé. « C’est pour ça que j’ai attendu d’être parfaitement libre pour pouvoir négocier un joli transfert. »

Le problème, c’est que comme dans toute bonne tragédie, l’élément dit perturbateur n’est jamais loin. Dans ce cas-ci, cela passera par une rupture du tendon d’Achille lors d’un simple footing fin mai 2016. Avec sept mois de revalidation en perspective, le joueur voit ses touches en Belgique et à l’étranger disparaître une à une avant la proposition un peu inespérée de Leyton Orient fin août. Financièrement, l’offre ne peut se refuser. Sportivement par contre, Teddy traîne les pieds. « C’est terrible parce que le club marchait bien avant que j’arrive. Ensuite, ça a été la catastrophe. D’autant que les autres joueurs ne comprenaient pas pourquoi le club avait recruté un joueur blessé qui ne parlait pas anglais. Sportivement, c’était encore pire. J’aime bien les duels, je suis quelqu’un d’athlétique, mais là c’était vraiment du kick and rush à l’ancienne. Je n’ai pris aucun plaisir, je ne retiens donc rien footballistiquement. »

Une relégation et cinq changements de coach plus tard, Teddy se décide à revenir à la case départ. Le monde est mal fait et la tragédie tolère rarement un pas de côté. Résultat, de retour à Mouscron cet été, l’ancien capitaine est accueilli en parfait nobody, obligé par Mircea Rednic de repasser par la case test. Comme un débutant. « Ça m’a fait tout drôle de devoir passer une semaine d’essai en arrivant ici alors que je sortais de deux saisons pleines avec le club et que j’en étais encore un des piliers un peu plus de douze mois plus tôt, mais c’est la loi d’un club comme Mouscron qui n’avait pas le droit à l’erreur cet été sur le marché des transferts. »

Montpellier

Lucide, le joueur l’a toujours été. Depuis Burel, son club formateur dans les quartiers nord de Marseille, à son passage pro à Montpellier à tout juste 19 ans et quelques semaines seulement après avoir soulevé la Coupe Gambardella en compagnie de la prometteuse génération 1990 (Rémy Cabella, Younès Belhanda ou encore Benjamin Stambouli) du club héraultais. Un succès prestigieux, certes, mais aussi le dernier de la carrière de Teddy Mézague jusqu’à présent.

Contrairement à ses trois coéquipiers, il ne participe pas deux ans plus tard à l’OPA du club du regretté Louis Nicollin sur le championnat de France. Prêté cette année-là au FC Martigues en National avec lequel il connaîtra la bascule en National 2 (ex-CFA), le joueur a forcément trouvé le temps long. « Ça a été très dur cette saison-là, surtout mentalement », rembobine-t-il à contrecoeur. « D’un côté, tu as tes potes qui se régalent en Ligue 1 avec un groupe exceptionnel et de l’autre, tu te retrouves à te bagarrer pour le maintien en National… »

Ce qui ne doit alors être qu’une étape va rapidement s’inscrire dans le quotidien d’un joueur par verni par des choix de carrière alambiqués et l’une ou l’autre circonstance aggravante auxquels il ne peut malheureusement pas grand-chose. « Je savais que je devrais me montrer patient à mon retour étant donné que le club s’était qualifié pour la Ligue des Champions et restait sur une saison incroyable et c’est ce que j’ai fait. » Dans les faits, le joueur doit attendre le 27 avril 2013 et un match à Ajaccio pour connaître son baptême du feu en Ligue 1. En fin de saison, le départ de René Girard, mais surtout l’arrivée de Jean Fernandez lui ouvre de nouvelles perspectives. « Fernandez comptait sur moi, il me l’avait dit. J’étais heureux, je savais que je recevrais l’occasion de faire mes preuves. » Le hic, c’est que si Mézague est directement aligné par Fernandez, l’entraîneur, lui, ne passe pas l’automne et est remercié sans autre forme de politesse. Considéré comme un formateur hors pair, l’homme qui serait à la base de l’éclosion de Zidane à Cannes ou de Ribéry à Marseille laisse sa place au moins pédagogue Rolland Courbis.

Profiter de l’instant présent

Écarté jusqu’en fin de saison, Teddy se fait petit à petit une raison : entre lui et Montpellier, l’histoire est trop compliquée pour déboucher sur une relation saine. « En fin de saison, j’ai été contacté par François Vitali de Lille qui scrutait le marché français pour amener des joueurs du niveau Ligue 1 à un petit club belge tout juste promu en première division. » C’est la grande époque du partenariat entre le LOSC et ce qui est alors encore le Royal Mouscron Péruwelz.

Un aller-retour entre Marseille et le Domaine de Luchin plus tard, Mézague accepte le challenge franco-belge. « Je suis arrivé sans aucun a priori. Comme beaucoup de joueurs à l’époque, je prenais évidemment ça avant tout comme un tremplin, mais je ne me faisais pas de fausses idées. Je n’ai jamais cru que j’allais marcher sur le championnat belge. »

Teddy Mézague ne marchera en effet pas, ou du moins pas tout de suite, sur la Pro League. « Deux ans à jouer la lutte pour le maintien, ça vous calme un peu, même si j’ai toujours gardé la banane, conscient de la chance que j’avais de faire ce métier. » Revenu avec le succès que l’on sait à Mouscron cet été, l’homme s’est désormais promis de profiter de l’instant présent. « Je me suis surtout rendu compte que gagner des matchs, ça change un quotidien. Aujourd’hui, au club, je croise plus de journalistes, plus de supporters aussi. J’ai même un peu plus de gens qui me suivent sur les réseaux sociaux (rires) ! » La vie en mieux, en somme. Enfin !

« Louis Nicollin, c’était juste un homme à part »

S’il ne devait rester qu’un homme dans la carrière de Teddy Mézague, il s’agirait sans conteste de Loulou Nicollin, ancien président de Montpellier décédé le 29 juin dernier.

Louis Nicollin.
Louis Nicollin.© BELGAIMAGE

« C’était juste un homme à part. Je retiens d’ailleurs beaucoup plus de l’homme que du président. Quel président inviterait tout son groupe à manger chez lui pour le repas de Noël par exemple ? Quel président fait la bise à ses joueurs tous les matins ? Et puis, il était toujours ouvert pour une petite faveur. Il avait, par exemple, une société de ramassage de poubelle, et il s’est toujours décarcassé pour trouver un petit job pour un parent si besoin. Une anecdote particulière ? J’en aurais bien une, mais je ne suis pas sûr de pouvoir la raconter ici. C’est un peu cochon si vous voyez ce que je veux dire… »

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