Jacques Sys

« L’équipe nationale est une voie sans issue pour Marc Wilmots »

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Marc Wilmots est assez malin pour comprendre que sa mission en équipe nationale va devenir très ardue. Nul ne se satisfera de moins qu’une place en finale de l’EURO. On a bien trop vanté cette génération.

Qu’est-ce qui anime nos footballeurs de D1 ? Il y a six ans, Sport/Foot Magazine avait réalisé une enquête à vaste échelle pour étudier ce qu’ils pensaient de diverses facettes de leur métier. Il est grand temps de répéter l’opération et de voir s’ils portent désormais un autre jugement sur certains problèmes.

La réalisation de cette enquête a connu un accouchement pénible car, bizarrement, la Pro League n’a pas voulu y collaborer. Certaines questions lui posaient problème, comme si elle en redoutait les résultats. Les discussions sont restées dans le vague, y compris la demande d’insérer des questions supplémentaires. Ce magazine est attaché à son indépendance journalistique, en toutes circonstances. Malgré les réserves de la Pro League, douze des seize clubs ont participé à l’enquête sans réticence. C’est un échantillon plus que représentatif. Quelque 246 footballeurs ont pris le temps de donner leur avis sur tout ce qui les concerne. Le Club Bruges, Courtrai, le RC Genk et Zulte Waregem n’ont pas participé. Ils ont certainement leurs raisons.

Vous trouverez le résultat de cette enquête plus loin dans ces pages. C’est un dossier intéressant. Les membres de la Pro League n’avaient aucune raison de craindre que cela entame l’image du football belge. Si celle-ci subit des dommages, c’est pour d’autres raisons, qui ont été exposées à suffisance ces derniers mois.

Les Diables Rouges sont l’objet d’un certain émoi, Marc Wilmots ayant fait savoir la semaine dernière l’intérêt que lui portait son ancien club, Schalke 04. Wilmots a déjà fait l’objet d’une offre du club de la Ruhr, sans qu’on puisse mesurer la réalité de cet intérêt. En coulisses, Horst Heldt, le manager de Schalke 04, ne semblait pas charmé par Wilmots mais il se retrouve maintenant dans la ligne de mire et il a perdu beaucoup de son pouvoir.

L’équipe nationale est une voie sans issue pour Marc Wilmots.

Il est étonnant d’entendre le sélectionneur parler ouvertement de cet intérêt et encore plus frappant qu’il le fasse sans avoir prévenu qui que ce soit à la Fédération. Il n’agit pas sans arrière-pensée. Il donne l’impression d’être le seul candidat de Schalke. Cela semble prématuré. Indépendamment de la question de savoir s’il a le niveau requis pour diriger un des clubs allemands les plus turbulents. Les caprices émotionnels sont un fil rouge dans la gestion opportuniste de Schalke, qui a usé 14 entraîneurs en dix ans. Mais Wilmots n’a pas peur du défi. Il a une haute estime de lui-même, bien qu’il mène une existence sobre. Les critiques selon lesquelles ses entraînements seraient trop monotones et qu’il ne ferait pas progresser l’équipe nationale sur le plan tactique glissent sur sa cuirasse. Il rétorque par ses résultats. Ils sont bons. Meilleurs que le jeu parfois stérile des derniers mois.

Pourtant, Marc Wilmots est assez malin pour comprendre que sa mission en équipe nationale va devenir très ardue. Nul ne se satisfera de moins qu’une place en finale de l’EURO. On a bien trop vanté cette génération. Quelque part, l’équipe est devenue une voie sans issue pour Marc Wilmots. Un passage à Schalke serait positif pour lui.

La puissance aveugle le football. La réélection de Sepp Blatter à la présidence de la FIFA l’a cruellement rappelé. Alors que son association croule sous toutes sortes d’accusations, le patriarche suisse se glisse sans la moindre honte dans le rôle de la victime.

Sepp Blatter est politiquement responsable des dégâts. Peu importe qu’il ait été au courant ou non des scandales qui ont éclaté, Blatter n’a jamais réussi à purifier la fédération mondiale ni à la libérer de tous les soupçons de corruption. Maintenant qu’il est reconduit à son poste pour quatre ans, on peut craindre que rien ne change. Toutes les menaces émises ont été ravalées, y compris celles de l’UEFA qui annonçait vouloir quitter le giron de la FIFA. C’eût été une décision extrême mais peut-être pas illogique. C’eût été un signal clair, qui aurait accru la crédibilité de l’opposition et aurait démontré la puissance du leadership de Michel Platini, le président de l’UEFA. Maintenant, les fédérations européennes doivent se demander quels moyens leurs restent-ils pour initier un changement ? Car depuis, elles veulent toutes continuer à jouer dans la même cour.

Par Jacques Sys

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