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« L’arbitrage vidéo ne doit pas transformer le foot en sport américain »

Alex Teklak a marqué les débats de Complètement Foot avec une position tranchée contre l’arbitrage vidéo.

Sur quoi repose votre raisonnement ?

Après l’émission, j’ai discuté avec un arbitre confirmé et j’ai eu des apaisements. Ma grosse crainte concernait le caractère intempestif de ces arrêts. Je n’ai pas envie qu’on brise la dynamique d’un match ou que le foot ressemble à un sport américain qu’on interrompt par des pubs le temps de consulter la vidéo. Or, en foot, les premiers tests montrent qu’il y a peu, voire pas d’intervention de la vidéo. Les seuls cas sont liés à des situations flagrantes : exclusion d’un joueur pour une faute grave, penalty, but sur hors-jeu, carton donné à un mauvais joueur, franchissement ou pas de la ligne de but. L’arbitre devrait garder sa liberté d’interprétation. Exemple ? La vidéo aurait pu dire que Spajic n’avait pas touché la balle de la main lors d’Ostende-Anderlecht. Mais, en cas de faute de main  » classique « , la vidéo n’a pas à intervenir : c’est l’arbitre qui décide si le mouvement du bras est ou non naturel et doit être sanctionné par un penalty. Autre aspect positif : il y a moins de chance qu’un arbitre soit corrompu.

Votre avis a donc changé ?

Non, car d’autres problèmes risquent de se poser. Cas concret : dès la 1e minute d’un derby, une faute méritant un carton  » orange  » est sifflée. L’arbitre pourrait donner une jaune car il privilégie l’esprit du jeu. Mais si la vidéo entre en ligne de compte pour imposer un carton rouge, que reste-t-il de la gestion de l’arbitre ? Autre problème : en Belgique, la vidéo a été testée lors de matches de la phase classique et de play-offs 2. Mais ce ne sont pas des rencontres à forte intensité, comme un Bruges-Gand peut l’être, avec leur lot de polémiques rendant l’usage de la vidéo plus pertinent. Dernière réflexion qui, je le reconnais, n’est pas défendable d’un point de vue cartésien : la peur de perdre le charme du foot. Si les joueurs savent qu’ils risquent plus facilement la rouge à la moindre intervention, vont-ils autant s’impliquer dans les duels ? Un Real-Barça, c’est beau pour ses gestes techniques, son intensité mais aussi l’énergie qui alimente les contacts. Je ne veux pas d’un foot uniformisé où la passion est atténuée.

Si un arbitre prend une décision mais qu’il est contredit par la vidéo, n’est-ce pas son autorité qui est affaiblie ?

Non car les joueurs savent qu’un bon arbitre peut se tromper. Et tout dépend du rapport humain. Quand je jouais, j’acceptais plus les erreurs de Jérôme Nzolo. Par contre, un gars autoritaire te traitant comme un moins que rien ne sera pas respecté, avec ou sans la vidéo.

Par Simon Barzyczak

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