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 » Je mentirais si je disais que je ne veux plus travailler avec Ferrera « 

Un rempart contre les penalties. Un buteur, un plongeur. William Dutoit est tout ça à la fois. Et c’est aussi un Ch’ti qui dit ce qu’il pense.

Les gens qui te voient pour la première fois doivent avoir du mal à te croire, quand tu dis que tu gagnes ta vie au poste de gardien.

DUTOIT: Je n’étais jamais pris au sérieux pendant l’échauffement, à Boussu. J’entendais des réflexions derrière le but:  » Dis, tu as quand même plus de douze ans ?  » Après le match, les mêmes venaient me serrer la main. Le frère de mon coéquipier Pierre-Baptiste Baherlé a bien résumé les choses: au quotidien, je ressemble à un bonhomme Playmobil mais dans ma cage, je suis une bête. Je compense ma petite taille par ma détente. A Boussu, c’est moi qui sautais le plus haut. Lille avait effectué le test à peu près au même moment et personne ne faisait mieux que moi. Je demande toujours au préparateur physique de Saint-Trond de me dispenser des exercices d’explosivité. Si je veux arriver au niveau de Proto, Sels et Gillet, je dois travailler comme un fou.

Tu n’es donc pas satisfait du niveau atteint?

DUTOIT: J’en veux plus. Le parcours de Sels m’a appris que tout peut aller vite en football. Il y a quelques années, il était dans le noyau B du Lierse. Maintenant, il est le troisième gardien des Diables Rouges et il participe à la Ligue des Champions. On peut tout aussi vite tomber de son piédestal. Si je prends une raclée dans le derby contre Genk, on dira que je chasse les mouches.

Tu as besoin de la pression d’un grand club pour progresser ? Le Standard, par exemple ?

DUTOIT: Perdre deux fois n’est pas grave. C’est ce qu’on se dit à Saint-Trond. J’ai besoin d’un club dont les supporters hurlent en cas de défaite. Comme au Standard. Mais d’autres clubs de D1 s’intéressent à moi. Je veux savoir où j’en suis début janvier. Jusque-là, je me concentre sur les matches restants avec Saint-Trond. Ces dernières semaines, je me suis trop préoccupé de la prolongation de mon contrat (quelques jours après l’entretien, Saint-Trond a levé l’option dont il disposait et Dutoit est désormais lié aux Trudonnaires jusqu’en 2017, ndlr).

Le Standard a un gros atout: Yannick Ferrera.

DUTOIT: Ferrera est mon mentor. Il a pris un risque énorme en me permettant de débuter en D1 contre le Club Bruges alors qu’Yves De Winter a près de 200 matches en D1 à son actif. Je mentirais donc si je disais que je ne veux plus travailler avec lui. Peu de gens savent toutefois qu’au début, Ferrera doutait de moi. Je n’étais pas son premier choix et notre relation a connu des turbulences. On s’est même engueulé plusieurs fois. On a appris à s’apprécier au fil du temps mais j’ai toujours conservé une certaine distance, délibérément. On ne s’est rapproché que depuis qu’il a rejoint le Standard.

Ce ne serait pas un risque de retravailler avec lui ? Il peut difficilement placer un ami sur le banc?

DUTOIT: Les entraîneurs n’ont pas d’amis dans l’équipe. Je connais très bien Ferrera. Il ne pense qu’à la victoire. Il fera tout pour vous si vous le suivez. Sinon, vous pouvez dégager. Même les vedettes doivent filer droit. Il a parié gros en renvoyant Van Damme sur le banc. La semaine suivante, il est titulaire contre Charleroi et il marque. Pareil avec Santini : il a retrouvé le chemin des filets et en plus, il participe à la défense. Je suis content que Ferrera ait cloué le bec à beaucoup de gens.

Par Alain Eliasy

Retrouvez l’intégralité de l’interview de William Dutoit dans votre Sport/Foot Magazine

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