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« Je connais peu de joueurs qui ne parient pas sur les matches de football »

Plus de 300 joueurs étaient au coup d’envoi de la Jupiler Pro League, en juillet. Ils ont chacun leurs propres rêves, leurs propres ambitions, leurs propres attentes et leur propre histoire. Chaque mois, le Footballeur Secret de Sport/Foot Magazine jette un regard dans les coulisses.

« Vous savez autour de quoi tourne souvent le monde du football ? Voir et être vu. La voiture est le symbole par excellence du statut qui a été acquis et qui vous différencie des autres dans le vestiaire. Lorsque vous arrivez à l’entraînement au volant d’une nouvelle voiture, vous éveillez l’attention de vos coéquipiers. Ils veulent directement savoir combien d’argent vous avez dépensé pour votre nouveau jouet.

Si vous voulez gagner leur respect, vous devez vous présenter au volant d’une Range Rover. Cette marque est très populaire auprès des footballeurs, étant donné son prestige et l’aspect extérieur du véhicule. Si j’en avais les moyens, j’en aurais sûrement acheté un exemplaire. Pour l’instant, je me contente d’une voiture de direction de fabrication européenne.

Au départ, j’avais l’intention d’acheter une voiture d’occasion. J’étais très tenté par une Golf 4. Mais mes amis me l’ont déconseillé. Ils m’ont dit : un footballeur est moralement obligé de rouler avec une grosse voiture, cela fait partie du métier (il rit). Il ne faut donc pas débarquer au volant d’une vieille Peugeot 108, sous peine d’être la risée de vos partenaires et de subir des remarques du style: « C’est quoi, cette vieille caisse ? Va vite t’acheter une nouvelle voiture ! »

Mais, faire trop étalage de sa richesse, ce n’est pas bon non plus, car c’est la meilleure manière d’engendrer des jalousies. Dans l’équipe, on a un international qui gère bien ses affaires. Il adore les belles voitures et les montres de luxe, mais ne pavoise pas constamment. Il est terre à terre par rapport à l’argent. Entre nous, on plaisante souvent sur son compte en banque. »

Une nouvelle garde-robe tous les mois

« On n’aime pas trop évoquer les salaires dans le vestiaire. En revanche, il n’y a aucun tabou à propos des primes. Cette saison, après une défaite, j’ai déjà entendu un joueur jurer très fort : Nom de D…, je suis passé à côté de 3.000 euros ! Dans les grands clubs, une prime de victoire peut facilement monter à 9.000 euros. Dans beaucoup de clubs, elle est fixée à l’avance, il faut donc se montrer inventif pour gagner un petit extra.

Dans l’un de mes clubs précédents, je suis parvenu à faire insérer dans mon contrat une prime supplémentaire au cas où nous terminerions dans le Top 4. Quatre autres joueurs avaient eu la même idée. Seul problème : une prime collective avait également été promise, au cas où on assurait notre maintien. La direction n’a pas voulu payer deux primes différentes alors qu’à ces quelques rares exceptions près, personne n’était au courant de la prime spéciale qu’on avait négociée…

Il y a une chose que l’on ne peut jamais perdre de vue : dans notre milieu, les apparences ne reflètent pas toujours la réalité. Par le passé, j’ai joué avec un Français qui dépensait au moins un millier d’euros par mois pour renouveler sa garde-robe, mais qui avait des difficultés à nouer les deux bouts. Et ce n’était pas une exception. J’ai connu de nombreux joueurs qui n’avaient qu’un petit contrat, mais voulaient donner l’impression d’être riches.

Ils se baladaient avec un sac Louis Vuitton et portaient des chaussures Louboutin mais, en réalité, leur compte en banque était dans le rouge. Ils vivaient au-dessus de leurs moyens et devaient demander de l’argent aux collègues. Parfois, on dépense plus qu’on ne le croit : acheter des vêtements, sortir, inviter des amis à dîner, ça coûte cher. Et à la fin du mois, on se demande : où est passé tout mon argent ?

D’un autre côté, certains joueurs peuvent dépenser sans compter. Récemment, un attaquant d’un club de pointe avait un événement à fêter, et a claqué 9.000 euros en une soirée dans une discothèque bien connue. Ça peut paraître extravagant, mais c’est surtout une manière de faire plaisir à ses amis. Pour leur montrer que vous êtes le boss. »

Jeu et bar à chicha

« Entretenir la petite bande à laquelle vous appartenez, c’est une habitude à laquelle on recourt fréquemment. Et ça peut parfois aller très loin. Ainsi, je connais un garçon qui menait un grand train de vie grâce à l’argent d’un footballeur belge de Serie A qui était un ami. L’homme a posté des photos extravagantes de lui sur Instagram et faisait croire qu’il était lui-même un footballeur d’un grand club italien, alors que son niveau dépassait à peine celui d’un club de Provinciale belge.

Le subterfuge a parfaitement fonctionné. Il a même eu droit à un article sur un site de foot très connu en Belgique. Lorsqu’il sortait avec son ami footballeur, il recevait quelques billets de banque pour faire bonne impression auprès de la gent féminine. Le footballeur en question, qui a déjà été Diable Rouge à l’une ou l’autre reprise, trouvait normal de financer le train de vie royal de son pote.

Les paris constituent un loisir très en vogue chez les footballeurs. Et très rémunérateur aussi. On sait que c’est interdit, mais on le fait quand même. Je connais peu de footballeurs qui ne parient pas sur les matches de football. Y compris sur les matches du championnat de Belgique. Ça commence le vendredi, et quelques heures avant le coup d’envoi d’un match, certains joueurs sont encore en train de cliquer sur leur GSM.

On se donne mutuellement des petits conseils et on discute ouvertement des matches sur lesquels on a parié. Il y a quatre ans, j’en avais un dans mon équipe. C’était un défenseur et il pariait aussi sur les matches de notre équipe. Un jour, il a parié 1.000 euros sur un match de D2. On avait été informé que l’une des deux équipes alignerait ses Espoirs. Cette information est même arrivée aux oreilles d’un Diable Rouge actif en Premier League. J’ignore si cet international a lui-même parié, mais je sais que certains de ses amis l’ont fait.

Comme prévu, l’équipe B en question a été battue 3-0. J’ai moi-même gagné un peu d’argent sur ce match. Cette passion pour les paris n’est pas près de disparaître, chez les footballeurs. Entre-temps, un autre passe-temps a fait son apparition : se détendre dans un bar à chicha. Cette pratique a été introduite chez nous par des joueurs français, et elle est devenue très courante. »

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