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LE MAICON COLOMBIEN

Ces dernières semaines, la nouvelle acquisition brugeoise Helibelton Palacios a d’emblée été jetée en pâture aux lions par Michel Preud’homme. L’arrière droit colombien n’en est pas sorti indemne, mais il a survécu. Portrait.

Les supporters doivent encore s’y habituer. Il y a 15 jours, lorsque le speaker du stade Jan Breydel hurla les prénoms des joueurs appelés à défier Waasland-Beveren, ils furent peu nombreux à répondre après avoir entendu ‘Helibelton…‘. Et il faudra sans doute patienter encore quelque temps avant qu’un nouveau-né ne soit prénommé Helibelton dans la Venise du Nord. Malgré tout, les fans des BlauwenZwart ont déjà pu apprécier les qualités de la nouvelle recrue, qui a débuté plus tôt que prévu à cause de la blessure de Ricardo van Rhijn.

Il s’en est pourtant fallu de peu pour que Helibelton Palacios ne devienne jamais footballeur professionnel. Au début de l’année 2011, alors qu’il avait 17 ans, il a passé un test au Deportivo Cali, en compagnie de 200 autres jeunes talents en herbe. Dans un premier temps, l’entraîneur des U20, Jorge Cruz, ne l’avait pas retenu. Quelques jours plus tard, son père, Carlos Alberto, a refait une tentative et a de nouveau présenté son rejeton au club.

Cette deuxième chance, il l’a finalement obtenue, et après une demi-heure, Cruz en avait vu assez.  » Je l’ai repris dans l’équipe, et six mois plus tard, alors que j’étais devenu directeur technique du noyau A, il a débuté en équipe Première. Au grand dam de certains dirigeants, qui m’ont traité de fou. Car les joueurs d’expérience ne manquaient pas.  »

Ce fut un premier pas important dans la carrière d’Helibelton. Hernando Arias, le directeur du centre de formation du Deportivo Cali, se souvient d’un jeune bien éduqué :  » Ce garçon doit son succès à son entourage familial. Il a des principes et des valeurs. Notre travail s’en est trouvé facilité. Car ici, nous voyons souvent débarquer des jeunes que nous devons encore éduquer car les parents ont manqué à leurs devoirs.  »

Palacios confirme qu’il doit beaucoup à ses parents, et en particulier à son père.  » Il est le moteur de ma carrière. Il n’a jamais cessé de me conseiller et veille à ce que je reste discipliné.  » Comme son père, Helibelton est un admirateur inconditionnel du football brésilien. On ne s’étonnera donc pas que son idole soit Maicon, un ancien arrière droit qui a notamment joué à l’AS Monaco et à l’Inter Milan.  » J’admire son style de jeu, la joie de jouer qu’il dégage, sa manière d’attaquer sans oublier ses tâches défensives.  »

CHAMPION D’AMÉRIQUE DU SUD U20

Helibelton Palacios a grandi à Santander de Quilichao, une ville de 100.000 habitants dans le nord de la Colombie. Son père est un modeste paysan qui plante notamment des ananas. En plus d’Helibelton, il a un autre fils, Gerson, et une fille, Madeleine.

Helibelton n’a commencé à jouer au football qu’à 13 ans, dans le club local d’Independiente Santander. Il s’épanouissait lors des matches, mais les entraînements n’étaient pas sa tasse de thé. D’autant que ses parents insistaient pour qu’il ne néglige pas ses études. Attentionné, humble, timide : ce sont les traits de caractère qui le définissent le mieux. LeonardoDuque, un journaliste colombien spécialisé en football, en est convaincu :  » Il suivra à la lettre les directives de Michel Preud’homme. En tant que footballeur, il a grandi à son rythme, lentement mais sûrement. Je pense qu’au départ, il éprouvera quelques difficultés à suivre le rythme de votre compétition, mais il finira par s’imposer.  »

En 2013, alors qu’il joue au Deportivo Cali, Palacios est sélectionné pour le Championnat d’Amérique du Sud U20. La Colombie gagne tous ses matches, sauf contre le Chili : battue 1-0 sur un penalty de… Nicolás Castillo. Les Cafeteros finissent tout de même par remporter le tournoi et le milieu de terrain Juan Fernando Quintero est élu meilleur joueur de la compétition. Au point qu’on le surnomme  » le Lionel Messi colombien « . Il tentera sa chance à Pescara, au FC Porto et à Rennes, mais est déjà rentré au pays. Ce n’était donc pas une génération exceptionnelle. Le joueur le plus connu qui composait cette sélection est John Córdoba, un attaquant de 23 ans qui joue actuellement à Mainz en Bundesliga. Palacios n’a encore été sélectionné qu’une seule fois en équipe A : il a été titularisé lors d’un match de qualification pour la Coupe du Monde 2018, face à l’Argentine. Un match perdu 0-1 sur un but de… Lucas Biglia. Après cette défaite, en novembre 2015, le sélectionneur José Pekerman n’a plus jamais fait appel à Palacios.  » Mais, s’il continue à progresser, il évincera de l’équipe son concurrent Santiago Arias (l’arrière droit du PSV, ndlr) « , pense Leonardo Duque. » Pekerman fera-t-il prochainement appel à la nouvelle acquisition brugeoise ? Jouer au Club n’offre aucune garantie d’être sélectionné en équipe nationale, José Izquierdo pourrait en parler.

CONFIANCE EN DIEU

De nombreux internationaux colombiens partent très tôt à l’étranger : James Rodríguez n’avait que 17 ans lorsqu’il est parti à Banfield, en Argentine ; Radamel Falcao était encore plus jeune (15 ans) lorsqu’il a signé à River Plate ; l’attaquant de la Sampdoria, Luis Muriel, avait 19 ans lorsqu’il a rejoint Grenade ; et le gardien d’Arsenal, David Ospina, avait lui aussi 19 ans lorsqu’il a tenté sa chance à l’OGC Nice. Carlos Bacca est l’exception qui confirme la règle : il avait déjà 25 ans lorsqu’il a débarqué au Club Bruges.

Vu sous cet angle, on peut donc considérer que Palacios est déjà relativement âgé, à 23 ans, pour traverser l’Atlantique. Lors du dernier mercato hivernal, il n’a pas rencontré beaucoup d’intérêt de la part des clubs européens. Ce sont surtout des clubs brésiliens et mexicains qui s’intéressaient à lui. En 2013, il a été très près de signer au SC Braga, mais ce transfert a échoué in extremis.  » J’étais un peu désespéré « , a-t-il confié au site colombien futbolred.com.  » J’entendais constamment des rumeurs, mais rien de concret ne se présentait. Parfois, j’étais carrément au fond du trou mais j’ai fait confiance à Dieu en espérant que je recevrais tôt ou tard ma chance.  »

Et Dieu l’a donc entendu. C’est aussi ce que pense son entourage.  » La nouvelle de mon transfert a rempli ma famille de joie. Ils sont tous très reconnaissants envers Dieu. Mes parents sont adventistes (des chrétiens qui croient à un retour de Jésus sur terre, ndlr) et ils ont souvent prié Dieu pour qu’il m’offre cette chance.  » Des propos guère étonnants dans la bouche d’un ressortissant d’un pays dont 90 % de la population est catholique. José Izquierdo est, lui aussi, très croyant.

Ce dernier est soulagé par l’arrivée de  » Heli « , après le départ de son meilleur copain, Felipe Gedoz.  » J’essaie de le guider du mieux que je peux, il sait qu’il peut compter sur moi « , a déclaré Joske à futbolred.com.  » Son adaptation s’en trouvera facilitée. Après, il pourra à son tour aider Germán Mera (un ancien équipier de Palacios au Deportivo Cali qui débarquera au Club Bruges l’été prochain, ndlr). Je suis impatient de voir Helibelton inscrire son premier but, pour découvrir de quelle manière il le fêtera… »

PAR STEVE VAN HERPE – PHOTOS BELGAIMAGE

 » Le succès de Helibelton est à chercher dans son entourage familial. Ce garçon a des principes et des valeurs.  » – HERNANDO ARIAS

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