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« Il faut tout bâtir à partir de l’arrière… »

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Même s’il parle plus souvent en  » on  » qu’en  » je « , comme pour refuser de s’attribuer les mérites de ses joueurs, Felice Mazzù est le visage de la réussite carolo. Rencontre avec l’homme qui donne des couleurs au Pays Noir. Extraits.

Pour raconter son métier d’entraîneur différemment, on débarque dans la salle de presse zébrée avec une cinquantaine de citations, sorties de la bouche d’entraîneurs de prestige. De la gestion du vestiaire à celle du tableau noir, en passant par sa réputation de coach défensif et sa façon de construire ses entraînements, Felice Mazzù dresse le portrait de son quotidien de coach de D1.

Arsène Wenger :  » Recruter plus de trois joueurs dans un même marché des transferts est un risque technique. « 

MAZZÙ : Je sens que le mercato de Charleroi a été différent par rapport aux autres années, mais pas parce qu’il y a eu quatre transferts entrants. J’en suis content, parce que je suis à ma cinquième année ici, et il fallait absolument mettre un peu de fraîcheur dans le groupe pour avoir de nouvelles idées et pour que moi, je découvre de nouvelles personnes. Par contre, là où le mercato est différent, c’est qu’il y a des joueurs annoncés partants qui sont toujours là, que le joueur vendu l’a été très tard, et donc c’est moins évident dans la gestion. Moi, je le crie haut et fort : il faut qu’on arrête de mettre des périodes de deux mois de mercato. C’est sûr que ça arrange financièrement certains clubs, certains agents, mais la vie de l’entraîneur n’est pas simple pendant cette période.

Miguel Angel Lotina :  » Un joueur moyen ordonné vaut mieux qu’un talent désordonné. « 

MAZZÙ : Tout à fait d’accord. À 100 %. Je préfère un travailleur discipliné et organisé avec des qualités moyennes qu’un phénomène qui n’est pas discipliné. On a eu des cas comme ça, ici. Je pense à Neeskens Kebano, qui est arrivé dans un nouvel environnement avec une attitude qui ne correspondait pas. Et puis aujourd’hui, c’est devenu un phénomène, même s’il est parti en Angleterre. Tous les jours, je me bats pour ces paramètres-là.

Marcelino :  » Je pense que toutes les grandes équipes se rendent fortes depuis l’arrière, grâce à leur défense. « 

MAZZÙ : Quand tu ne prends pas de but, tu es déjà sûr d’avoir un point. Pour moi, il faut tout bâtir à partir de l’arrière. Ça ne veut pas dire que tu es un entraîneur défensif. D’ailleurs, le 4-4-2 n’est pas un dispositif défensif. Pour les gens qui disent qu’on est une équipe défensive, le 4-4-2 est pour moi le système le plus offensif. Tu es toujours à quatre derrière. C’est un système qui permet de bien se défendre si tu es bien organisé, mais ce n’est pas un système défensif. Le 3-5-2 ou le 4-5-1, ils sont beaucoup plus défensifs. Ça ne veut pas dire que tu ne marqueras pas plus de buts dans ces systèmes-là, parce que tout dépend de l’animation.

C’est parfois blessant d’être catégorisé comme équipe défensive ?

MAZZÙ : Ce n’est pas que ça me blesse. Je ne sais pas si c’est injuste, parce que tout le monde a raison en football. Mais après, en Belgique, il n’y a pas beaucoup d’équipes qui jouent avec deux attaquants. Beaucoup parlent de 4-4-2 quand on joue avec un attaquant et un neuf et demi, mais la formation d’un joueur correspond à la position à laquelle il sera sur le terrain. Le 4-4-2 avec deux attaquants spécifiques, je ne vois pas beaucoup d’équipes qui le jouent. Et c’est pour ça que je suis un peu touché quand on dit qu’on est une équipe défensive.

Par Guillaume Gautier

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