Jacques Sys

Gand a une équipe, pas des égos

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

L’année 2015 de La Gantoise a été exceptionnelle et les Buffalos continuent à s’épanouir.

Dans quel état d’esprit Habib Habidou se sent-il ? L’avant français a dû quitter Gand en septembre 2014. Il ne l’a pas compris. Comme tant de footballeurs, il a été incapable de se juger à sa juste valeur et il s’est attiré les foudres d’Hein Vanhaezebrouck. Il ne comprenait pas que le coach ne l’aimait point, ajoutant qu’Ivan De Witte et Michel Louwagie n’étaient pas contents du tout qu’il s’en aille. Aucun entraîneur ne laisse évidemment partir un joueur qui apporte un plus à son équipe, mais y réfléchir était trop demander à Habibou. Il est parti au Stade Rennes et n’y a marqué en tout et pour tout que 3 buts. Une bien maigre récolte. Serait-ce là aussi la faute de l’entraîneur ?

Le départ d’Habibou a sonné la fin du grand nettoyage à Gand et marqué le début de ce qui allait être une saison mémorable. Vanhaezebrouck travaille avec une équipe, pas avec des égos. C’est mû par cette philosophie que les Buffalos ont entamé une série impressionnante: champion et actuellement leader, demi-finaliste de la Coupe et qualifié pour la suite de la Ligue des Champions. On n’attend plus que la béatification du coach.

Gand continue à s’épanouir. Ses contacts avec la presse en constituent un autre exemple. Alors que d’autres clubs confondent communication et non-communication, tout le monde est disponible à la Ghelamco Arena. Ça fait partie de l’image du club. Le faux-pas de Benito Raman dimanche, après la victoire 3-0 face à Courtrai, n’en est que plus déplorable.

Alors que joueurs et supporters fêtaient une année historique, il a bêtement dérapé verbalement. Que doit faire un club avec un joueur qui a déjà commis des faux-pas et est manifestement indomptable, malgré la présence d’un psychologue ? Raman n’a absolument plus sa place chez les Bleu et Blanc actuels.

Ceux qui ne supportent pas la pression n’ont qu’à rester chez eux.

Le Club Bruges et Anderlecht disputent la saison dans l’ombre du champion. Dimanche, leur duel a été empreint d’émotion et de commotion. Avec un Anderlecht supérieur et un Club Bruges maladroit en première mi-temps, avec un Club meilleur et un Sporting qui s’est laissé bousculer ensuite, tout en parvenant à convertir froidement ses occasions. Et avec un arbitre, Serge Gumienny, qui a pris des décisions discutables, sorti trop de cartes jaunes inutiles pour déclarer ensuite que c’est ce qu’on obtient quand les journalistes mettent la pression. Une déclaration consternante. Ceux qui ne savent pas la gérer n’ont qu’à rester chez eux. Il n’y a pas d’exercice plus difficile que l’autocritique.

Le Club Bruges s’y serait-il mis ? Comment est-il possible que les Bleu et Noir aient entamé leur match aussi mollement, et pas pour la première fois ? Hiatus en défense, trop d’erreurs, des combinaisons brouillonnes, peu de pression, ça faisait mal aux yeux. Comment est-il possible que, comme Björn Engels l’a souligné, les instructions de Michel Preud’homme ne soient pas respectées ? Dimanche, l’entraîneur a réagi brutalement à l’arbitrage mais cela ne peut pas camoufler la réalité : le laxisme avec lequel Bruges joue par moments commence à prendre une allure grotesque.

Les matches sont des instantanés. Après sa victoire 1-4, Besnik Hasi a insisté sur le fait que le Sporting avait joué en équipe. Mais comment expliquer qu’il n’en est capable que dans les affiches et pas contre les pseudos petits ? Est-ce par arrogance, manque d’amour de son métier ? Ce n’est pas la première fois qu’on peut se poser la question.

Après le week-end prochain, le carrousel du football va s’arrêter un moment. Entre deux années, chacun aura le temps de la réflexion. Outre Gand, y a-t-il un club qui puisse se réjouir autant qu’Ostende ? Dimanche, il a balayé un Standard récemment ressuscité avec une aisance remarquable.

Comme à Gand, on y décèle la main de l’entraîneur. Les joueurs savent où se mouvoir, ils ont des schémas fixes et des automatismes. C’est le fruit du travail effectué à l’entraînement, par un noyau affamé de succès, qui reste motivé. Parfois, le football peut être très simple.

Ceux qui ne supportent pas la pression n’ont qu’à rester chez eux.

Sport/Foot Magazine ne paraît pas la semaine prochaine. Le prochain numéro sort le 6 janvier. La rédaction vous souhaite de joyeuses fêtes et une excellente année 2016!

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