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Dimitri Parker, le footballeur devenu escroc

Passé entre autres par le Standard et Anderlecht chez les jeunes, Dimitri Parker s’est ensuite perdu dans les divisions inférieures et dans les escroqueries en tous genres. Femmes, GSM, voitures, biens immobiliers, abus de confiance, usurpations d’identité… Avant que la justice ne rattrape cette promesse furtive du football belge, Sport/Foot Mag est parti sur ses traces.

Lorsqu’il est auditionné au Palais de Justice de Liège, en janvier dernier, Dimitri Parker sait que la partie touche à sa fin. Le médian de la génération Mangala est cité pour des faits de moeurs mais surtout d’escroqueries. On parle d’abord d’arnaques culminant à près de 52.000 euros puis très vite, l’addition monte à 200.000 avant de doubler et d’atteindre les 400.000. Parker a tellement escroqué – une soixantaine de faits environ – qu’une deuxième audition est programmée le 21 avril pour pouvoir entendre toutes ses victimes déclarées. Pour chacune d’entre elles, Parker opère toujours de la même façon : en se faisant passer pour un joueur de football professionnel, du Standard le plus souvent, et accessoirement pour un mannequin, comme il se décrit sur les réseaux sociaux.

Suite à la première audition de janvier, il est envoyé à Lantin, le plus grand établissement pénitentiaire du Royaume. Après seulement cinq jours de détention, son avocat, Me Pascal Rodeyns, lui obtient l’autorisation d’être libéré sous bracelet électronique. A une condition : il doit retourner vivre chez ses parents et non dans sa villa du Bois de Rognac, sorte de Beverly Hills de la périphérie liégeoise, où il vient de s’installer mais dont il n’a quasiment jamais payé le loyer. Une condition qui n’est pas du goût de Parker qui écrit une lettre à la juge lui demandant d’être assigné, chez lui, aux côtés de sa compagne qu’il dit enceinte. Accepté. Seulement, cette dernière s’est fait avorté plusieurs mois auparavant. Les enquêteurs se rendent compte de la supercherie et ramène Parker à la case départ : Lantin, où il croupit depuis février. Selon son avocat, Parker risque entre quatre et huit ans d’emprisonnement.

GSM, casinos et Porsche Cayenne

Conscient que son avenir prometteur s’étiole, Parker développe un premier business. « Il devait des GSM à des gens. Ils ne les ont jamais vus arriver… », raconte Fesquet Penga-Ilenga avec qui il a joué au RFC Liège en 2011. La combine ? Donner rendez-vous à un acheteur potentiel, lui demander l’argent en liquide, lui confier de faux papiers comme caution et ne plus jamais revenir. De l’argent facile glané en parallèle d’une vie nocturne agitée. « C’est quelqu’un qui aime le milieu de la nuit, les casinos, les jeux, les strass et paillettes et qui, je pense, est très attiré par l’argent. Il aime tout ce qui est beau. Il aurait pu arrêter la machine mais il n’a pas su le faire », regrette son pote Greg Scolas. « Il m’a déjà demandé d’aller dans un casino aux Pays-Bas avec lui », ajoute Penga-Ilenga. « Il était accro aux jeux. Une fois, on a été boire un verre, il a commencé à jouer à une machine à sous et il ne voulait pas la lâcher… A partir de ce moment-là, je me suis dit : ‘il n’est pas normal ce type‘. »

Pendant plus d’un an, entre 2010 et 2012, il escroque également un médecin d’une vingtaine d’années son aînée et s’offre la grande vie à ses frais. Des hôtels à Ostende, aux bords de la Mer du Nord, en passant par les locations de voitures de sport, tout y passe. En créant une fausse boîte mail au nom du médecin et en se faisant passer pour elle auprès de sa banque, il se fait envoyer ses propres cartes bancaires. Avant de revendre sa Porsche Cayenne, pour la modique somme de… 18.000 euros. La doctoresse poursuit aujourd’hui Parker pour faux, usages de faux, escroqueries, usurpation d’identités et menaces. Elle lui réclame plus de 100.000 euros, sans compter les locations de voitures et les retraits bancaires. Pas un seul centime n’a été remboursé à l’heure actuelle.

Vivastreet, Duchâtelet et fautes d’orthographe

En octobre 2014, pour acheter un appartement mis en vente à 395.000 euros sur Vivastreet, Dimitri Parker doit d’abord verser un acompte d’environ 10% du prix final. Parker explique que c’est le club qui va faire directement le virement, comme une simple avance de salaire. « Il m’a dit, mot pour mot : ‘Ne vous en faîtes pas, Duchâtelet va vous blanchir de l’argent‘. » Seulement, pour réaliser la transaction, le Standard souhaiterait une sorte de « caution » de 6.000 euros. Somme que Parker demande au couple et qu’il promet de rembourser avec un excédent quelques jours plus tard. Rassuré par la signature d’une reconnaissance de dettes, ses visites chez le notaire où il signe tous les papiers nécessaires ainsi que ses bulletins de virement, au nom de sa compagne, le couple décide de lui faire confiance. Mais rien ne vient. Parker continue pourtant de leur soutirer de l’argent. En seulement deux semaines, les pertes sont énormes : le couple lui verse plus de 35.000 euros en liquide, sans jamais voir un seul centime remboursé.

Mais Parker commet une erreur. Alors qu’il doit effectuer un premier virement de 100.000 euros, il se fait passer pour sa banquière en créant un faux courriel. Un dimanche après-midi, avec la mention « envoyé de mon iPhone », le couple reçoit un mail de Martine Dupont, dite employée de la Delta Lloyd Bank à Bruxelles. Dans ce mail, bourré de fautes d’orthographes, on peut notamment lire : « L’argent que Monsieur Parker a commander es a votre nom et pourra donc être encaisser ». Nul doute pour le couple, Dimitri Parker est derrière tout ça. « Ça a été une arnaque totale. Il ne lui a pas fallu longtemps… Beaucoup se seraient fait avoir. A un moment donné, c’était quasiment du racket, il devenait menaçant. Cette histoire nous a mis plus bas que terre. »

Le 21 avril prochain, pour la deuxième audience de son procès, Dimitri Parker a de nouveau rendez-vous avec la justice.

Par Nicolas Taiana

Retrouvez l’intégralité de l’enquête sur Dimitri Parker dans votre Sport/Foot Magazine.

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