Marc Degryse

De Boeck et Vanderhaeghe, ces Messieurs 70%

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, Courtrai et Gand ont été transfiguré par l’arrivée de leur nouveau coach.

Les remontées de Courtrai et de Gand dans le classement sont la preuve par l’absurde qu’il faut parfois trancher dans le vif, à n’importe quel moment, par rapport à l’entraîneur en place. Je ne dis pas que tous les changements de coaches cette saison étaient justifiés, mais dans ces deux cas-là, ils s’imposaient clairement.

À trois matches de la fin de la phase classique, je vois bien Courtrai se qualifier pour les play-offs 1. Personne n’aurait osé parler de ça quand Yannis Anastasiou dirigeait l’équipe. Courtrai était un grand malade où rien ne fonctionnait. Avec 25% de points pris, ça sentait mauvais. Et puis, la direction a eu l’idée d’engager Glen De Boeck et on a carrément l’impression, entre-temps, que ce ne sont plus les mêmes joueurs là-bas.

Avec De Boeck, Courtrai prend 70% des points. Tout a changé. L’ambiance, le système, les positions individuelles. On ne compte plus les joueurs qui ont été transfigurés par l’arrivée du nouveau coach. Il y a Evgen Makarenko, Kristof D’Haene, Idir Ouali, Jérémy Perbet (qui ne recevait aucune confiance de la part d’Anastasiou, malgré ses qualités de buteur que tout le monde connaît), Abdul Ajagun. Qui parlait d’eux en début de championnat ?

Et puis, bien sûr, Teddy Chevalier. Un personnage toujours aussi atypique, difficile à cerner. Un gars qui dit qu’il n’a pas envie de jouer avec le Taureau d’Or sur son maillot, par superstition… Un joueur qui ne voyait sa vie qu’en pointe mais qui a accepté, à la demande de Glen De Boeck, de se décaler sur la droite. Et de là, il n’arrête pas de marquer des buts. Il faut certaines qualités de meneur d’hommes pour pouvoir faire comprendre tout ça à ce Chevalier ! Si tu arrives à le comprendre, à le canaliser, tu en fais un excellent attaquant. Arriver à bien travailler avec des personnalités décalées, c’est une qualité supplémentaire pour un entraîneur.

Parfois, une direction prend une très bonne décision quand elle écarte un entraîneur qui démolit tout le monde, son groupe, sa direction.

De Boeck a mis le feu dans l’équipe, on voit à l’oeil nu que c’est une bande de potes qui monte chaque week-end sur la pelouse, ça rigole. Et puis c’est spectaculaire au niveau du jeu. Courtrai jouerait la tête du classement si on ne prenait en compte que les dernières semaines et, avec un peu plus de réalisme, ce club se préparerait à jouer la finale de la Coupe de Belgique.

À Gand aussi, le changement est saisissant depuis le départ de Hein Vanhaezebrouck. Là-bas, Yves Vanderhaeghe s’y prend d’une façon complètement différente. Back to basics, il n’encombre pas la tête des joueurs avec des milliers de consignes compliquées. Il demande un jeu simple, il a mis en place un 4-3-3 dans lequel chacun comprend facilement ce qu’on attend de lui. Cette simplicité lui a permis de rendre plein de confiance à des joueurs qui n’en avaient plus. Et dans son discours, il y a aussi :  » Essaie, tente ta chance, et si ça rate, ce n’est pas grave, essaie encore, tu as assez de qualités pour que ça finisse par fonctionner. « 

Comme Glen De Boeck, Yves Vanderhaeghe tient aussi un discours positif à ses joueurs. Parfois, une direction prend une très bonne décision quand elle écarte un entraîneur qui démolit tout le monde, son groupe, sa direction. Ce n’est pas constructif, c’est contre-productif. Gand a un peu foiré son match contre Malines, le week-end passé, mais on n’était pas loin d’une dixième victoire consécutive à domicile. Avec les joueurs qui se traînaient en première partie de championnat, à la recherche de leur confiance, de leurs certitudes, de leurs qualités, de leur football. Là-bas comme à Courtrai, on était à une moyenne de 25% de points pris avec l’entraîneur qui a commencé la saison. Et ce pourcentage est monté à 70% entre-temps.

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