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Cyriel Dessers: « Je n’ai aucune rancoeur »

Rencontre avec Cyriel Dessers, qui a quitté le football belge par la petite porte, a éclaté en D2 hollandaise avec le NAC Breda et vient de décrocher un transfert juteux au FC Utrecht.

A Breda, Dessers ne peut pratiquement plus sortir en rue. Ses 29 buts et ses 13 assists ont permis au NAC local de remonter en Division d’Honneur via les play-offs, le rendant du même coup immortel. Aux Pays-Bas, l’attaquant est devenu un héros.  » Je m’entendais bien avec les supporters de NAC « , dit Dessers.  » Je fêtais tous mes buts avec eux et ils pouvaient tout me demander : une photo, enregistrer un message vidéo, assister à un événement… Pas de problème pour moi. Je me réjouis d’ailleurs des les retrouver en octobre.  »

Même votre départ pour Utrecht n’a pas entaché votre popularité.

CYRIEL DESSERS : Pendant les vacances, j’ai rencontré quelques supporters et ils m’ont spontanément invité à aller voir un match de NAC. Incroyable, non ? J’ai beaucoup compté pour eux et inversement. Je vais vous avouer quelque chose : je regarde régulièrement la vidéo de notre montée en Division d’Honneur. Je ne me lasse pas de voir ces 25.000 personnes rassemblées devant un écran géant à côté de notre stade exploser lors du 1-0 face à NEC. Je ne peux pas aller m’entraîner à Utrecht avec un T-shirt de NAC mais je suis vraiment devenu supporter de ce club.

L’été dernier, vous aviez préféré aller à NAC qu’à Saint-Trond au départ de Lokeren. Parce que vous vouliez repartir au bas de l’échelle ?

DESSERS : A vrai dire, je n’avais pas tellement envie de jouer en D2 hollandaise. Mais à NAC, connu pour son jeu offensif, j’étais une priorité. En signant là-bas, j’allais avoir des occasions et pouvoir me mettre en évidence. Ce qui s’est bel et bien vérifié, vu mes stats.

La Belgique vous a redécouvert. En grande partie parce que vous avez franchi la barre des 20 buts, non ?

DESSERS : Marquer dix fois, ça peut être le fruit du hasard. Quinze, ce n’est pas mal. Mais plus de vingt, même en D2, c’est du sérieux. Je n’étais cependant pas obsédé par les buts. La preuve, c’est que j’ai également délivré 13 passes décisives. En prenant en compte les pré-assists, j’ai été impliqué dans plus de la moitié des buts de l’équipe. C’est pas mal.

Cyriel Dessers à Lokeren.
Cyriel Dessers à Lokeren.© BELGA

A Lokeren, on ne croyait pas vraiment en vous. Pourtant, lors de votre première saison, vous aviez inscrit 7 buts en 29 matches.

DESSERS :Je garde surtout un bon souvenir des matches de PO2, lors desquels j’ai inscrit quatre buts. Un club de Championship me voulait alors, mais la direction n’a pas voulu me laisser partir. Je pensais aussi que le mieux était de rester. J’espérais entamer la saison suivante comme titulaire mais Peter Maes est parti… J’ai sous-estimé cet aspect. Maes croyait en moi, ce n’était pas le cas de tout le monde à Lokeren. J’ai retenu la leçon : quand on signe dans un club, il faut toujours savoir ce que l’entraîneur pense de soi. Et Bob Peeters ne m’avait pas vraiment à la bonne.

Vous êtes passé du statut de titulaire à celui de réserviste. En coupe, à Deux Acren, vous êtes même resté 90 minutes sur le banc.

DESSERS : Je me demandais ce qui se passait. Quelques mois plus tôt, j’intéressais un club anglais et j’étais dans le noyau Espoirs des Diables Rouges… Pourtant, j’ai beaucoup appris au cours de cette période. Mentalement, j’étais au plus bas mais je n’ai jamais totalement laissé tomber les bras. En décembre, après en avoir discuté avec mon entourage, j’ai pris une décision : désormais, à l’entraînement, je ne travaillerais plus que pour moi.

En janvier 2016, Lokeren n’a pas voulu vous louer à Saint-Trond.Vous n’avez pas trouvé ça bizarre ? Georges Leekens a dit : Cyriel est belge et il a de l’avenir, on ne se débarrasse pas d’un joueur comme ça. Il doit juste apprendre à vivre avec de la concurrence. Mais par la suite, vous n’avez joué que dix minutes…

DESSERS : Quand l’entraîneur déclare une chose pareille, on continue à travailler et on garde espoir. Etait-il difficile de faire rentrer de temps en temps un jeune joueur qui, la saison dernière, avait inscrit huit buts en dix titularisations ? J’en ai parlé avec des équipiers qui ne comprenaient pas ma situation non plus. Ceci dit, je n’ai aucune rancoeur. Lokeren m’a donné une chance de jouer en D1 et m’a permis de découvrir la Coupe d’Europe. Je n’oublierai jamais les matches contre Hull City, le Legia Varsovie et Trabzonspor, des endroits où je ne serais sans doute jamais allé sans cela. C’est aussi grâce à Lokeren que je suis arrivé en équipe nationale des Espoirs. Je ne l’oublie pas.

En Belgique, on dit qu’il est facile de marquer aux Pays-Bas. Björn Vleminckx, Alfred Finnbogason, Sanharib Malki, Dmitri Bulykin, et d’autres l’ont fait alors qu’ils se sont cassé les dents sur des défenses belges. Est-il vrai que les Hollandais ne savent pas défendre ?

DESSERS : Les gens pensent qu’aux Pays-Bas, c’est journée portes ouvertes chaque semaine et il sera difficile de les faire changer d’avis. Pourtant, je peux vous assurez que, la saison dernière, je ne me suis jamais dit que j’avais vraiment affaire à un mauvais défenseur. Par contre, certains facteurs rendent leur tâche plus difficile. Les espaces sont plus grands, les reconversions sont plus nombreuses, il y a davantage de contre-attaques… Un défenseur doit donc couvrir plus de terrain, ce qui augmente ses chances d’être éliminé. Les équipes belges sont plus compactes, elles forment un bloc et ça avantage les défenseurs.

Aux Pays-Bas, on vous a déjà comparé à Klaas-Jan Huntelaar. Mais selon Stijn Vreven, votre entraîneur à NAC, vous devez être plus présent à la construction.

DESSERS : Je suppose qu’il veut dire que je ne conserve pas suffisamment le ballon. Il aimerait que je le contrôle de la poitrine et que je le garde dans les pieds, à la belge. Mais je préfère jouer en profondeur, remiser et repartir. Je préfère accélérer le jeu plutôt que temporiser. Mais je comprends que, pour une équipe, il est important d’avoir quelqu’un qui puisse conserver le ballon pendant quelques secondes, histoire de permettre à tout le monde de remonter le terrain. J’ai le gabarit pour faire cela et je dois apprendre à l’utiliser correctement.

Tout va très vite pour vous depuis quelques mois. Il y a trois ans, vous jouiez encore en Espoirs à OHL.

DESSERS : A l’âge de 16 ans, je jouais encore en Promotion, à Tongres. A l’époque, je ne songeais même pas à être professionnel mais cela fait trois ans que je le suis. Dans l’intervalle, j’ai joué en Coupe d’Europe, inscrit 36 buts et connu une montée. J’en conçois une certaine fierté.

Cyriel Dessers à Lokeren.
Cyriel Dessers à Lokeren.© BELGA

A Lokeren, on ne croyait pas vraiment en vous. Pourtant, lors de votre première saison, vous aviez inscrit 7 buts en 29 matches.

DESSERS :Je garde surtout un bon souvenir des matches de PO2, lors desquels j’ai inscrit quatre buts. Un club de Championship me voulait alors, mais la direction n’a pas voulu me laisser partir. Je pensais aussi que le mieux était de rester. J’espérais entamer la saison suivante comme titulaire mais Peter Maes est parti… J’ai sous-estimé cet aspect. Maes croyait en moi, ce n’était pas le cas de tout le monde à Lokeren. J’ai retenu la leçon : quand on signe dans un club, il faut toujours savoir ce que l’entraîneur pense de soi. Et Bob Peeters ne m’avait pas vraiment à la bonne.

Vous êtes passé du statut de titulaire à celui de réserviste. En coupe, à Deux Acren, vous êtes même resté 90 minutes sur le banc.

DESSERS : Je me demandais ce qui se passait. Quelques mois plus tôt, j’intéressais un club anglais et j’étais dans le noyau Espoirs des Diables Rouges… Pourtant, j’ai beaucoup appris au cours de cette période. Mentalement, j’étais au plus bas mais je n’ai jamais totalement laissé tomber les bras. En décembre, après en avoir discuté avec mon entourage, j’ai pris une décision : désormais, à l’entraînement, je ne travaillerais plus que pour moi.

En janvier 2016, Lokeren n’a pas voulu vous louer à Saint-Trond.Vous n’avez pas trouvé ça bizarre ? Georges Leekens a dit : Cyriel est belge et il a de l’avenir, on ne se débarrasse pas d’un joueur comme ça. Il doit juste apprendre à vivre avec de la concurrence. Mais par la suite, vous n’avez joué que dix minutes…

DESSERS : Quand l’entraîneur déclare une chose pareille, on continue à travailler et on garde espoir. Etait-il difficile de faire rentrer de temps en temps un jeune joueur qui, la saison dernière, avait inscrit huit buts en dix titularisations ? J’en ai parlé avec des équipiers qui ne comprenaient pas ma situation non plus. Ceci dit, je n’ai aucune rancoeur. Lokeren m’a donné une chance de jouer en D1 et m’a permis de découvrir la Coupe d’Europe. Je n’oublierai jamais les matches contre Hull City, le Legia Varsovie et Trabzonspor, des endroits où je ne serais sans doute jamais allé sans cela. C’est aussi grâce à Lokeren que je suis arrivé en équipe nationale des Espoirs. Je ne l’oublie pas.

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