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Comment Vanhaezebrouck parvient à convaincre les joueurs de le rejoindre

Aucun entraîneur belge ne compte autant de fans parmi les joueurs que Hein Vanhaezebrouck (53 ans). Comment le Flandrien s’y prend-il pour les convaincre de travailler avec lui ?

Lorsqu’il s’agit de réaliser un transfert, Hein Vanhaezebrouck ne laisse rien au hasard : il donne lui-même des noms qu’il a obtenus par son réseau ou ses informateurs et regarde des matches complets de joueurs que les scouts lui conseillent. Il part du principe qu’il est impossible de se forger une idée précise sur un joueur en ne voyant que des résumés de quelques minutes.

À Courtrai, il fallait d’abord répondre à des tas de questions : le joueur était-il accessible financièrement, avait-il une marge de progression, s’intégrait-il au système et y avait-il moyen de le revendre ? Ce n’était qu’à la fin de ce processus que Vanhaezebrouck entrait dans la danse pour tenter d’attirer le joueur au Stade des Eperons d’Or.

« Les joueurs demandaient systématiquement à s’entretenir avec Hein et il y était toujours favorable », dit Patrick Turcq qui, tant à Courtrai qu’à Gand, a rempli les fonctions de directeur sportif à l’époque de Vanhaezebrouck. « Nous n’invitions un joueur à un entretien que si Hein était entièrement convaincu. » Dans la tête de Vanhaezebrouck, cet « entretien d’embauche », constitue une étape importante pour mettre le joueur dans sa poche. Il compte beaucoup là-dessus pour cerner la personnalité de son interlocuteur.

Ses armes principales : il parle bien et maîtrise parfaitement le néerlandais, le français ou l’anglais. Ses arguments sont irréfutables. Dans sa tête, il établit une sorte de check-list : il parle des qualités du joueur, du rôle qu’il pense lui confier dans son système, du groupe qu’il a sous ses ordres et du genre de joueurs qu’il veut y ajouter. Pour bien montrer qu’il pense ce qu’il dit, il fait référence à des phases de jeu.

« Des SMS jusqu’à ce que les joueurs cèdent »

« Ce qu’il dit est toujours juste, logique : avec lui, on sait où on en est et où on va », dit Kristof Van Hout, qui a côtoyé Vanhaezebrouck pendant deux ans à Courtrai. « Un joueur aime les choses claires et avec Vanhaezebrouck, tout est limpide dès la première poignée de mains. Il fait la différence en prenant du temps pour discuter et c’est une façon de travailler qui me plaît. Ça ne se passe pas toujours comme ça, vous savez. Dans ma carrière, avant de signer quelque part, je n’ai bien souvent discuté qu’avec des dirigeants ou des entraîneurs de gardiens. »

À Gand, la stratégie du Flandrien est différente : il appelle ou envoie des SMS aux joueurs jusqu’à ce que ceux-ci cèdent. L’été dernier, Denis Odoi a reçu des textos jusqu’à une heure avancée de la nuit. « Du coup, on se met à douter », disait-il voici quelques mois. Fulham avait fini par ne pas le laisser partir. C’est de sa propre initiative que Vanhaezebrouck avait directement pris contact, autrefois, avec Edmilson Junior.

Les clubs détestent ce genre de pratiques mais beaucoup d’entraîneurs le font. Dans ce cas précis, Vanhaezebrouck avait même reçu le feu vert de l’agent et du joueur. Au même moment, Michel Preud’homme faisait aussi la cour à Edmilson. Un de ces deux entraîneurs, au moins, aurait déconseillé à l’ailier de Saint-Trond de signer au Standard.

Autre méthode : Vanhaezebrouck parle pendant plus d’une heure, de façon informelle, à un joueur qu’il convoite. Il dit à l’agent de celui-ci qu’il le veut à tout prix à Gand et insiste pour qu’une réunion ait lieu avant les vacances. Tous les sujets sont passés en revue : l’aspect privé, le système de jeu et la future place du joueur. Vanhaezebrouck laisse même entendre qu’il pourrait adapter son système en fonction du nouveau, à qui il veut laisser suffisamment de liberté.

Pendant les vacances, le joueur reçoit un SMS de Vanhaezebrouck : « J’espère que tu vas opter pour Gand. » L’entraîneur finit par obtenir gain de cause : le joueur qui, dans un premier temps, n’avait pas du tout envie d’aller à Gand, parce qu’il avait des propositions plus lucratives ailleurs en Belgique, finit par se laisser convaincre.

Par Alain Eliasy

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