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Club Bruges: à la chasse aux records

Ivan Leko est le dixième entraîneur brugeois à tenter de s’imposer à Anderlecht depuis Eric Gerets le 9 septembre 1998. Il n’y est pas parvenu mais de là à s’en affliger…

Quelques jours avant Anderlecht-Bruges, nous avons bavardé avec Ivo Rodrigues, un des joueurs rafraîchissants du championnat, avec Omar Govea, Ryota Morioka et Hassane Bandé. Dans une dizaine de jours, le premier tour prendra fin mais le Club Bruges est champion d’automne depuis quelques semaines. Rodrigues, de nationalité portugaise et formé au FC Porto, s’étonne du fait que peu d’équipes parviennent à imprimer leur rythme. Il n’en a trouvé que deux : Anderlecht et Genk. Les autres triment, y compris le Club Bruges.

Les équipes commencent à faiblir. Pas Bruges, comme on l’a vu durant la première mi-temps à Bruxelles. Comme durant le dernier championnat régulier, le marquoir est resté vierge. En seconde période, le Club a parfois plié sous la pression des Mauves mais il n’a pas rompu. Il n’a cependant pas mis un terme à la malédiction, un thème qui semblait ne concerner que l’entraîneur.

Ivan Leko n’est jamais satisfait après un match. En septembre, alors que le Club avait battu Malines 2-0, il n’avait parlé que des occasions ratées. « En seconde période, je suis resté sur ma faim. Je n’ai pas vu de rage de vaincre ni de sens du but. Un joueur du Club doit essayer de marquer un troisième puis un quatrième but. Je veux voir de l’ambition. » Après le 4-0 contre le Standard, qui suivait l’élimination européenne : « Il y a eu énormément de pression et ce 4-0 est donc un excellent résultat. Nous voulions gagner un match important le plus vite possible. Ça n’a pas été du football-champagne, donc nous pouvons et nous allons faire mieux. »

Dimanche encore, il a parlé d’une occasion ratée. Pourtant, le football du Club est meilleur, comme l’a fait remarquer Philippe Albert dans sa rubrique du lundi, dans les journaux de Sud Presse. « J’ai été très impressionné par la première demi-heure de Bruges. Il a joué en leader et aurait dû marquer deux buts, via Diaby et Poulain. Il a joué haut et placé Anderlecht sous pression très tôt, l’empêchant de construire son jeu. J’ai rarement vu des visiteurs procéder comme ça à Anderlecht. Le mérite en revient à Ivan Leko. »

Celui-ci n’a pas dérogé à ses principes, même pas chez son principal rival. Il a opéré ses choix sur les flancs, privilégiant les qualités physiques et offensives. Pas de Refaelov dans la sélection, pas de De Bock sur le banc. Leko a gardé Palacios, plus offensif qu’autre chose, sous la main pour le poste d’arrière latéral. Il a sacrifié Decarli, fort défensivement mais pas des plus sûrs à la relance. Poulain, qui n’a pas beaucoup de rythme, a débuté à droite de la défense. Leko a privilégié le jeu de tête et de pieds.

Devant, il a maintenu sa confiance au duo Vossen-Diaby, entré au jeu contre Saint-Trond. L’avenir appartient à Wesley, qui est dans le creux de la vague, suite à sa méningite. L’aligner revient à entrer en duel avec Kara et Spajic, lisez une mission impossible. La preuve, quand il est entré au jeu, Wesley n’a pu se démarquer. Vossen et Diaby ont réussi à éviter les duels, d’où cette bonne demi-heure du Club, même si Diaby a loupé une occasion franche, comme à Genk, ce qui a déçu son entraîneur. Jusqu’au repos, Bruges pouvait gagner.

Clasie

Le Bruges de Leko s’appuie sur son collectif mais n’est pas encore capable de casser le rythme quand c’est nécessaire. Malgré tous ses efforts, Vanaken n’y parvient pas tandis que Nakamba est plutôt un chasseur et que le capitaine Vormer est un coureur. Aucun d’eux n’est capable de déterminer le rythme. Or, le Club n’a plus Izquierdo pour faire la différence. Dennis a bénéficié de l’effet de surprise en début de saison. Il a marqué quatre buts dans ses trois premiers matches mais un seul depuis la mi-septembre. Peut-on lui en vouloir ? Non, le Nigérian aura vingt ans la semaine prochaine ? Mais c’est un fait.

Réguler le rythme constitue donc la prochaine étape. Une fois ses problèmes physiques réglés, Clasie va peut-être apporter la solution. Remplacer Vormer par Clasie quand le Club patauge permettrait de mieux conserver le ballon. Il n’empêche : à un match de la fin du premier tour, le bilan du leader est très positif. Son élimination européenne complique les comparaisons avec les deux dernières saisons, puisque son calendrier est moins chargé, mais la différence est énorme, après 14 journées : la saison passée, Bruges avait 24 points contre 25 l’année du titre. Il en compte maintenant 34.

Il n’a pas perdu de point à domicile et présente un goal-average de 16-3. Il se joue de tous ses adversaires, qu’ils appliquent un marquage individuel, comme l’Antwerp, ou qu’ils calquent leur tactique sur la sienne comme Saint-Trond. Si cette tendance se confirme, tout ira bien pour le Club, qui reçoit Waasland-Beveren, Zulte Waregem et Lokeren d’ici le prochain match contre Anderlecht, le 17 décembre. Il n’a qu’un déplacement, à Eupen, entre les coups. Après la visite des Mauves, il se déplace à Malines et reçoit Mouscron. Un 21/21 jusqu’au Nouvel An n’est pas impensable.

C’est en déplacement que le Club de Leko a effectué le plus de progrès. Il a remporté cinq de ses huit matches à l’extérieur et a réalisé un nul blanc. La saison passée, il avait perdu quatre déplacements, cinq même l’année du titre. Cette fois seulement deux, à cause du gardien, Ethan Horvath, qui a perdu sa place. C’est le deuxième problème à régler : ramener le calme entre les perches.

Limbombe

Le reste est sous contrôle, avec quelques joueurs brillants dans l’axe. Brandon Mechele exploite mieux ses qualités défensives au centre et y dispose de plus d’options pour relancer le jeu. Leko a bien fait de le retirer du flanc. Initialement, le coach n’appréciait pas le jeu de position de Nakamba mais son travail a porté ses fruits. Anderlecht lui a compliqué la vie en procédant à quatre contre trois, repoussant le Zimbabwéen sur le flanc, mais le Club a tenu bon. Prochaine étape pour Nakamba : rester calme ballon au pied.

Limbombe, devenu titulaire à gauche, a considérablement progressé. Blessé aux abdominaux à son arrivée, il n’a guère joué la saison passée mais il se rattrape, surtout tactiquement. Anderlecht a essayé de le surprendre en postant Chipciu dans son dos mais Limbombe est resté discipliné et a empêché le Roumain de se montrer.

Anderlecht a tout tenté pour déstabiliser le Club, en vain. Était-ce un match pour rien ? Pas aux yeux du Club. S’il avait été médusé en première mi-temps par le quatuor genkois Samatta-Malinovsky-Schrijvers-Pozuelo, il n’a pas failli dix jours plus tard contre la ligne Hanni-Gerkens-Kums-Trebel. Le Club de Leko apprend vite. Prochain bulletin le 27 décembre.

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