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Cinq questions qu’on n’osait pas poser à Philippe Albert

Philippe Albert parle du Mondial, des Diables Rouges, d’Anderlecht et du Standard sans langue de bois, comme d’habitude en fait.

Comme consultant pour la RTBF, tu n’as rien raté de la Coupe du Monde : la Belgique a effectivement une des huit meilleures équipes du monde et sa place dans le Top 5 de la FIFA est justifiée ?

L’objectif était d’aller en quarts, les Diables l’ont fait, il n’y avait forcément que huit pays à ce niveau-là, donc oui, c’est mathématique, on peut dire que la Belgique est une des huit meilleures équipes du monde… Le contrat de départ a été rempli, Marc Wilmots a fait plus d’une fois des changements gagnants, tout ça est aussi très positif. Comme notre match contre les États-Unis. Ce jour-là, les Belges ont survolé, et combien d’équipes l’ont fait dans ce Mondial ? La Colombie, le Mexique, le Chili, l’Allemagne mais même pas dans chacun de ses matches. C’est aussi un motif de satisfaction pour nous. Maintenant, il ne faut pas non plus se laisser aveugler. Notre bon match, on l’a joué contre des Américains qui ont accepté le combat, qui ont donné des espaces. Dans toutes les autres rencontres, il y avait peu d’espaces et on a beaucoup souffert. Si on veut vraiment faire partie du top mondial, il va falloir être capable de créer des espaces, de faire sauter plus facilement les verrous. Il ne faut pas croire que les coaches de nos adversaires en qualifs pour l’EURO 2016 n’ont pas pris de notes pendant nos matches au Brésil ! Ils savent maintenant très bien comment ils doivent nous aborder. Il faudra trouver les solutions.

Depuis plusieurs mois, presque aucun Diable n’a donné une longue interview en presse écrite. Ils sont intouchables, inatteignables, insaisissables, comme dans une bulle, et leur retour à Bruxelles a montré qu’ils se désintéressaient même de leurs supporters : tu trouves ça normal ?

Il faut vivre avec son temps, intervenir près de différentes personnes en espérant obtenir une interview au bout du compte : la famille, les agents, etc. A mon époque, c’était complètement différent, bien plus simple. Mais bon, il faut voir le côté positif. Dans certains pays, les joueurs ne disent pas un mot s’ils viennent d’être battus. Chez nous, on a quand même eu pas mal de réactions à la télé après les matches. Pour ce qui est du retour à Bruxelles, ça ne ressemblait à rien. Ce petit podium sur la Place des Palais n’avait aucune allure. Qu’on ne vienne pas me dire que les Diables ne pouvaient pas consacrer deux ou trois heures aux supporters qui étaient à fond derrière eux depuis des mois. Ils ne partaient quand même pas en vacances le soir de leur retour du Brésil. S’ils avaient mis un peu de bonne volonté, tout le monde serait sorti gagnant. Là, tout le monde est perdant.

Pour toi, Adnan Januzaj ne devait pas aller au Brésil. Il y est allé, il n’a guère joué, on a l’impression qu’il a même pris un coup sur la tête et qu’il va maintenant falloir gérer ça avant la rentrée : donc, tu avais raison ?

Je confirme ce que j’avais dit. Januzaj a fait quelques trucs fantastiques à Manchester, rien que le fait d’être comparé à Ryan Giggs est phénoménal. Mais pour lui, tout reste à faire là-bas. A commencer par tout un boulot pour convaincre Louis van Gaal. Quand il sera titulaire indiscutable en Premier League, Marc Wilmots sera obligé de l’aligner. Mais titulaire, il ne l’est pas encore.

Besnik Hasi n’avait rien à perdre mais tout à gagner quand il a repris Anderlecht, maintenant ça va être l’inverse. Tu as l’impression qu’il est prêt et que son équipe peut assumer, aussi en Ligue des Champions ? Hasi construit sa carrière d’entraîneur avec les mêmes armes que pendant sa carrière de joueur : travail, respect, autocritique. Anderlecht a perdu quelques cadres mais reste favori pour le titre, évidemment. Pour la Ligue des Champions, c’est autre chose. S’il n’y a pas trois sérieux renforts (un défenseur central, un médian, un attaquant) entre-temps, il ne restera qu’à espérer un tirage très favorable.

Le Standard a une petite chance de rejouer en Ligue des Champions mais va disputer ses matches préliminaires contre le Panathinaikos avec une équipe en plein chantier : tu y comprends quelque chose ?

Autant j’étais d’accord avec la politique de Roland Duchâtelet (garder les cadres en les augmentant) il y a un an, autant j’ai du mal à le comprendre aujourd’hui. Il prend un risque énorme. Miser sur des jeunes comme il le fait, ça passe ou ça casse, avec le public et avec la presse.

PAR PIERRE DANVOYE

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