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Charleroi – Standard : Au coeur du chaudron carolo

Ce samedi (18h), le Sporting de Charleroi reçoit le Standard, son meilleur ennemi. Et en tribunes, l’ambiance s’annonce très chaude, comme on a déjà pu le constater en s’infiltrant au coeur de la T4 contre La Gantoise. Morceaux choisis.

On me promet une ambiance digne de feu le Mambourg, dont les histoires racontées avec nostalgie frôlent parfois la légende. Moi, je fais partie de cette génération qui a plus souvent connu les zèbres galérer que l’inverse… Alors je demande à voir. […]

Le public de Charleroi, c’est un peu comme un Slam de Mochélan : « On est une ville d’ouvriers , une ville de travailleurs. Une ville dépouillée mais pas une ville de pleurnicheurs. Une ville désertée, une ville qui perd d’l’ampleur. Une ville qu’ils ont usée, dépecée de sa valeur. Mais dans notre ville y’a d’la gaité, dans notre ville y’a du coeur. Avec parfois pt’être un peu trop de dureté dans la rancoeur. » Plein de clichés, desquels on use et abuse, pourtant emplis d’une tendre réalité. Souvent taclés, jamais mis à terre, les supporters des zèbres enchainent les moments clairs et sombres de leur existence comme les rayures de leur maillot. […]

Les écharpes sont tendues, les gorges déployées, et à tout âge, et dans toutes les tribunes, on chante encore fièrement : « Pays de Charleroi, c’est toi que je préfère. Le plus beau coin de terre à mes yeux oui c’est toi ! A mes yeux, oui c’est toi ! » La soirée des supporters est lancée, le récital durera pendant 90 minutes, ne laissant jamais la priorité à leurs homologues. […]

Au coeur du kop, la température monte d’un cran. On joue depuis une dizaine de minutes quand les kapos décident de faire appel à toutes les forces vives du stade pour sonner la charge contre les buffalos. « La T3 avec nous, La T3 avec nous … » Chose faite, on se tourne alors vers la tribune présidentielle. Pas le temps d’entamer le chant. Dans la cohue générale, Neeskens Kebano permet au Sporting de prendre les devants. Le stade s’enflamme. Les trois tribunes reprennent en canon le célèbre : Aux armes. Nous sommes les Carolos. Et nous allons gagner. Allez les zèbres. […]

Au fur et à mesure de la rencontre, les minutes commencent à devenir de plus en plus longues. Mon voisin enchaine clope sur clope, et son paquet doit bientôt être vide. L’égalisation arrive. L’espace d’un instant, le temps s’arrête pour les supporters carolos. Mais dès la remise en jeu, les chants reprennent, menés par les ultras qui sont bien décidés à transmettre leur état d’esprit aux joueurs : Ne jamais rien lâcher, c’est notre mentalité … Mouiller le maillot. Qu’importe le résultat, c’est la seule chose que ce public ne cesse d’exiger.

Mais c’est quelques minutes plus tard, que j’ai vraiment pu mesurer l’ampleur de la passion des supporters pour ce club. Quand ce diable de Neeskens Kebano donne la victoire à son équipe. Un éclair de génie dans le Pays Noir. Instantanément, les dernières bières non consommées se sont élevées dans le ciel carolo. Mon corps ne m’appartenait plus et le siège sur lequel moi et mes voisins avons terminé notre course a fini par rompre sous le poids de cette foule, s’écroulant comme un château de cartes dans une douce folie. Le Sporting a remporté son premier match en playoffs1 et la fête battra son plein jusque tard dans la nuit.

En sortant du stade, les supporters ne peuvent s’empêcher de penser à la prochaine joute à domicile : un certain match contre le Standard, le meilleur ennemi. Les chants fleurissent, et préfacent déjà un duel qui s’annonce costaud. Nul doute que le chaudron carolo sera cette fois sold-out. Et on peut compter sur les deux camps pour faire vivre une ambiance digne des hauts-fourneaux qui caractérisent si bien leur région.

Par Julien Brogniet

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