Stephane Vande Velde

Bruno Venanzi, président-supporter moderne

Le Standard a changé de propriétaire et le discours du nouveau président, Bruno Venanzi, a marqué une rupture dans la vision. Pour la première fois, un dirigeant place le supporter au centre du projet.

En quelques mots – l’annonce de la mise en place progressive d’un modèle calqué sur celui des socios -, Bruno Venanzi a démontré toute sa modernité, dessinant le football du 21e siècle voulu par les supporters et reléguant au rang de dinosaures tous les autres dirigeants de clubs. Car, en proposant le principe de la démocratie participative, il se met lui-même sous contrôle, acceptant que sa toute-puissance soit rognée par des décisions populaires. A l’heure des arrangements entre amis, cette politique tranche nettement.

Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant, un entraîneur ou un joueur flatte ses propres supporters. Mais souvent cela ressemble à de la stratégie, soit pour se faire aimer lors d’une arrivée, soit pour ne pas se faire détester lors d’un départ. Pourtant, mercredi passé, dans son discours d’intronisation, Bruno Venanzi a utilisé des mots qui ressemblaient bien plus à de la sincérité qu’à du cynisme ou du calcul. Les mots d’un supporter qui parle à d’autres supporters, d’égal à égal, partageant la même passion et le même amour du blason.

Ses mots dégageaient d’autant plus un parfum de sincérité qu’il a prouvé, ces derniers mois, l’importance qu’il attachait aux supporters, en les écoutant, en se déplaçant à leurs réunions et en acceptant leurs griefs. Souvent, d’ailleurs, il les partageait. S’il n’a pas exposé tous ses plans pour l’avenir, il a inscrit la base au coeur même de son projet. En insistant sur la nécessité de renouer le lien, Bruno Venanzi a compris qu’un club de foot – et encore plus le Standard de Liège, reconnu dans la Belgique entière pour son ambiance – ne pouvait se concevoir qu’autour de ses fans.

Pendant quatre ans, le premier club francophone du pays a toujours été partagé entre deux camps (la direction et les supporters), chacun imprimant son propre rythme et marchant dans des directions opposées. Bruno Venanzi a compris qu’une telle division ne pouvait être que contre-productive. Il a également saisi toute la force du public de Sclessin, dont, longtemps, il a fait partie.

En plaçant le supporter au coeur du projet, Bruno Venanzi a montré toute sa modernité.

En annonçant sa volonté d’ouvrir le capital aux supporters dans un délai de trois à cinq ans, il a voulu que ses mots ne sonnent pas creux mais aient un réel impact. En quelques mots donc, Bruno Venanzi a ouvert une nouvelle ère au Standard. Certes, le travail ne manque pas. Il va devoir gérer l’intersaison et des dossiers compliqués (le retour d’Imoh Ezekiel, celui de Paul-José Mpoku, les velléités de départ de Geoffrey Mujangi Bia).

La sérénité est en effet une notion toute relative dans un club de foot, dépendant fortement de la courbe des résultats mais, pour la première fois depuis longtemps, on a l’impression que tout le monde avance dans la même direction, supporters et dirigeants. Et quand on a connu les fractures de l’ère Duchâtelet, on se dit qu’il s’agit déjà de la première réussite de Bruno Venanzi.

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