Jacques Sys

Bruges fait preuve de plus d’intensité que de qualité

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Le Club Bruges ne développe pas un football brillant mais il forme un bloc sur le terrain. Il court, il se bat, il joue des coudes quand il le faut.

C’est triomphant et sous les compliments que Michel Preud’homme a quitté la tribune pour le vestiaire à l’issue du match Bruges-Gand. Les joueurs jubilaient sur le terrain et les supporters dansaient. Un prélude au titre, en quelque sort. Si le Club l’arrache après onze ans de disette, la joie sera immense.

Samedi, Bruges s’est joué de La Gantoise et semble avoir éliminé un concurrent. Une fois de plus, Hein Vanhaezebrouck a bien dû constater que trop de joueurs étaient en méforme et que son équipe avait du mal à relancer le jeu quand elle était placée sous pression. Une déception, dit-on. Hein Vanhaezebrouck lui-même a reconnu devoir remettre ses choix en question. Les entraîneurs et l’autocritique, ça ne va pas toujours ensemble.

Il y a un an, au début des play-offs, les Buffalos n’avouaient pas convoiter le titre, ne voulant pas précipiter leur progression. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. On pouvait s’attendre à un contrecoup, même si on ne peut nier que les transferts hivernaux n’ont pas apporté de plus-value, Mbark Boussoufa pas plus que les autres. Il a été encensé trop vite, après son but contre Mouscron, lors de son premier match.

Le Club Bruges ne développe pas un football brillant mais il forme un bloc sur le terrain, dans cette phase cruciale du championnat. Il court, il se bat, il joue des coudes quand il le faut. Le Club déborde de combativité, avec plus d’intensité que de qualité. C’est un mérite, qui fait oublier ses carences. L’intensité du vécu de chacun montre à quel point la lutte pour le titre est obsessionnelle. Même un footballeur qui a gagné autant que Timmy Simons bouillonne et se comporte parfois de manière irritante. Mais il place sa signature en bas de chaque attaque, il contrôle et stimule, en patron autoritaire qui sollicite une prolongation de contrat. Philippe Clement le qualifie de génie tactique. Le T1 par intérim aussi a été en proie au stress pendant le match mais ensuite, il a fait preuve d’un calme souverain en analysant le match devant les journalistes. Comme Michel Preud’homme. Le Club est divisé en deux mondes: un sur le terrain et un autre en-dehors.

La régularité reste le principal chantier à Anderlecht.

Ce championnat est bourré de rebondissements et le phénomène se prolonge en play-offs. Il y a dix jours, Genk a été battu avec beaucoup de malchance à Anderlecht mais vendredi, il a taillé Ostende en pièces 4-0. Peter Maes n’était pourtant pas enthousiasmé par le jeu développé. Anderlecht l’a emporté au Gaverbeek et Besnik Hasi a insisté sur la qualité du football produit par moments. La régularité reste le principal chantier à Bruxelles. Michel Preud’homme a été longtemps confronté à ce problème à Bruges.

Anderlecht est devenu le principal concurrent du Club Bruges. L’affiche de dimanche peut lancer le Club vers le titre ou muer le championnat en thriller. Ce suspense doit compenser le manque de qualité.

Cette semaine va encore souligner le gouffre qui sépare la compétition belge de l’élite internationale. Les grands d’Europe sont devenus des entreprises qui ne pensent qu’à augmenter leur clientèle et à grandir. Presque partout, on parle de stratégie de croissance. Par exemple, grâce à ses activités digitales, le Bayern conquiert de plus en plus de supporters en Chine. Ses idées et stratégies novatrices augmentent son budget. Josep Maria Bartomeu, le président de Barcelone, vient d’annoncer que son club serait le premier à atteindre un budget d’un milliard d’euros, au plus tard en 2021. Le Real oeuvrerait à un contrat de dix ans avec Adidas, un deal qui lui rapporterait 1,4 milliard. Près de 25 ans après la naissance de la Champions League, l’idée d’une Superligue européenne générant encore plus de revenus et de droits TV est loin d’être enterrée. Entretemps, leur nouveau contrat TV rapporte des sommes exorbitantes aux clubs anglais.

Le football est devenu une industrie générant des milliards mais chez nous, les projets de stade traînent interminablement. Sans même parler de projets innovants.

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