© BELGA

« Avec lui, il n’y a pas de nom ni de statut »

Après 14 matches en Belgique et sur la scène européenne, on ne sait toujours pas exactement qui est René Weiler. Le Suisse peut se montrer impitoyable mais l’approche qui était la sienne à Aarau et à Nuremberg peut-elle fonctionner à Anderlecht ?

Pour ceux qui en douteraient encore, René Weiler a ses principes et il n’en déroge pas. Sous John van den Brom et Besnik Hasi, certains marchandaient encore en matière de règlement mais ce n’est plus le cas. Des comportements à la Okaka ou à la De Maio l’énervent. Il n’hésite pas à retirer un joueur, quel que soit son nom. Et cela ne surprend pas Igor Nganga (29 ans), qui l’a fréquenté pendant cinq ans à Schaffhausen et à Aarau. L’actuel défenseur du FC Wil (D2 suisse) fut même son capitaine pendant deux ans. « Avec lui, il n’y a pas de nom ni de statut. J’ai pu m’en apercevoir à mes dépens à Aarau. Un jour, je suis rentré trop tard de vacances et j’ai été sévèrement puni. J’étais capitaine de l’équipe mais même les joueurs les plus importants ne pouvaient pas se permettre le moindre écart. Attention: il ne voulait pas faire de nous des robots, nous avions droit à l’erreur. Le plus important, c’était notre réaction. Mais dans l’absolu, c’est vrai, Weiler est très entêté. Lorsqu’il a une idée en tête, le faire changer d’avis, c’est mission impossible. »

En février 2014, Stephan Andrist, à peine arrivé de Bâle, découvrait les méthodes impitoyables de Weiler. « Passer de Bâle à Aarau, c’est comme passer de Barcelone à Anderlecht », dit Nganga. « Il faut dire que ce joueur se prenait pour Dieu le Père. Il avait un cou surdimensionné. Dès son premier entraînement, il a énervé Weiler. Il voulait qu’on lui donne le ballon dans les pieds, pas un centimètre plus loin. A la moitié de la séance, Weiler en a eu marre et il nous a rassemblés dans le rond central. Tout le monde a été autorisé à s’asseoir, sauf Andrist. Le discours de Weiler fut très dur: Ici, tu n’es pas à Bâle. Ici, il n’y a pas de star. Si tu étais si bon, Bâle t’aurait gardé. Alors maintenant, tu as le choix: ou tu fais ce que je demande, où tu retournes d’où tu viens. Weiler était tellement énervé qu’il a immédiatement mis fin à l’entraînement. Nous avons pris notre douche et nous sommes rentrés chez nous. Ça a pris quelques semaines mais le joueur en question a fini par se plier aux règles. »

En Suisse et en Allemagne, tout le monde n’apprécie pas ses méthodes ni son manque de tact. « Dans un groupe de vingt joueurs, il y en avait cinq qui trouvaient que son approche était discutable », dit Nganga. « Mais il le savait. Au cours de la théorie, il montrait un joueur du doigt et disait: Je sais que tu n’es pas d’accord avec moi mais je m’en fous, on jouera comme je l’entends.« 

Tout le monde craignait les analyses vidéo des lendemains de matches. « Nous entrions dans le local en tremblant », se souvient Nganga. « Celui qui avait couru suffisamment pendant le match n’avait pas de souci à se faire mais dans le cas contraire, on avait un problème avec Weiler. On ne peut rien contre les caméras et les GPS. »

Ses techniques de motivation inspiraient les joueurs. Weiler savait comment les motiver. Son discours changeait avant chaque match, en fonction de l’adversaire. Contre les grandes équipes, il sortait toujours un lapin de son chapeau. « Je me souviens d’un déplacement au Grasshopper Zurich. L’échauffement à peine terminé, il nous a fait signe de rentrer au vestiaire. Il avait entendu dire que les joueurs du Grasshopper auraient droit à une double prime s’ils nous battaient. Il n’a pas tourné autour du pot: Faites votre boulot sur le terrain et je ferai en sorte qu’une double prime vous soit versée aussi. »

Par Alain Eliasy

Retrouvez l’intégralité de l’article consacré à René Weiler dans votre Sport/Foot Magazine

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire