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Anderlecht va-t-il mettre la concurrence KO ? Pas sûr…

Thomas Bricmont

Trois titres consécutifs, une équipe qui a de la gueule, des jeunes, du talent, un coach qui fait l’unanimité… Anderlecht rêve de devenir un Ajax bis ou un Porto du Nord. Mais le pourra-t-il vraiment ?

Certains signes sont parfois trompeurs. La banderole « Merci Herman » brandie samedi dans les tribunes ne se voulait pas amicale mais plutôt ironique (en cause les interdictions de stade qui ont plu suite à l’envahissement de terrain lors du dernier titre). Herman Van Holsbeeck reste un mal-aimé, même quand les faits lui donnent raison : trois titres consécutifs, une campagne de transfert ciblée et réussie, un coach qui fait l’unanimité, des jeunes, du talent, un tout qui forme aujourd’hui une équipe qui a de la gueule comme elle l’a prouvé en Ligue des Champions. Rarement, ces dernières années, les critiques s’étaient faits aussi discrets. Mais au-delà du terrain et du stricto-sportif, ce sont les contours qui s’apprêtent à prendre un virage décisif. Dans un peu plus de quatre ans, Anderlecht n’aura plus d’Anderlecht que le nom. Le CEO de la Fédé, Steven Martens, que l’on dit en très bons termes avec le Sporting, l’a confirmé « Anderlecht paiera un prix de location correct » pour l’Eurostadium de 62.613 places qui sortira de terre (sauf catastrophe) sur le parking C du Heysel basé à … Grimbergen. Fini donc le club au coeur de son quartier, de ses commerces, place à ce que l’on décrit comme étant la modernité. Le but de l’opération : doubler le budget, se frotter avec le subtop européen, être un Ajax bis ou un Porto du Nord.

Doit-on parler de concurrence déloyale comme le sous-entend le boss de Bruges, Bart Verhaeghe dont son projet de stade ressemble à un serpent de mer qui se mord la queue depuis tant d’années ? Alors qu’au sud du pays, les projets de disneylandisation de Sclessin semblent embourbés pour de bon. Anderlecht a, aujourd’hui, une assistance indigne d’un match de Ligue des Champions. Dans quatre ans, voire cinq, ce chiffre pourrait être triplé. Anderlecht va-t-il mettre KO la concurrence ? Pas sûr, les exemples français, Lille et Marseille, montrent que louer un stade peut coûter très cher (on parle d’un loyer de plus de 350.000 pour le LOSC). Et surtout, on se gardera de toute formule prophétique du type « Anderlecht a 10 ans d’avance. » comme ça avait été écrit au sujet du Standard au lendemain de leur deuxième titre de rang en juin 2009. C’était il y a cinq ans déjà, et seule une Coupe de Belgique est venue depuis gonfler le palmarès… Lors de l’avènement du stade Constant Vanden Stock, au début des années 90, Anderlecht était (déjà) à la pointe du progrès. Ça ne l’a pas empêché de batailler avec Bruges dans les années 90 – début 2000 ou le Standard et Genk par la suite. Espérons que la dynamique de l’Eurostadium entraîne la « concurrence » dans son sillage.

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