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Anderlecht ou l’Empire du Milieu

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Le talent était là depuis toujours. Il manquait seulement un plan. Celui de René Weiler, pourtant loin des codes de la maison, a rendu les clés du championnat au milieu de terrain mauve. Voici comment Anderlecht règne sur la Terre du Milieu.

La construction de ce qu’Ivan Leko a présenté dans nos pages comme « le meilleur milieu de terrain du pays » n’a pas été instantanée. Dans l’interview qu’il a concédée à Marc Degryse au mois de novembre, René Weiler pointait du doigt les problèmes rencontrés dans la construction de son football : « Ce que nous avons maintenant, c’est une sélection qui peut battre tout le monde, mais seulement sur base du talent individuel. Parce qu’il n’y a pas d’équipe. »

Le coach suisse désigne notamment les carences de son entrejeu, où « tous les joueurs demandent le ballon dans les pieds : Dendoncker ne va jamais en profondeur, et Tielemans a toujours le visage tourné vers son but quand il reçoit le ballon. »

La supériorité technique du milieu mauve est déjà évidente avant le Nouvel An, mais elle ne s’écrit pas sur le tableau d’affichage. Damien Marcq l’explique à sa manière, quand il confie à Sport/Foot Magazine que « Tielemans devrait quasiment finir comme meilleur passeur du championnat », alors que les chiffres du wonderboy de Neerpede restent relativement confidentiels en début de saison.

Le changement de cap se produit véritablement lors de la trêve hivernale. À La Manga, Anderlecht travaille vite. C’est David Sesa, adjoint de Weiler, qui l’explique à la RTBF : « En championnat de Belgique, si tu ne joues pas rapidement, tu as des difficultés pour gagner des matches. On fait donc des exercices où les joueurs doivent penser et jouer plus vite. »

La passe rapide et verticale devient alors le nouveau credo de saint-Guidon, et les chiffres de Tielemans s’en ressentent : « seulement » 74 % de passes réussies lors des deux premiers matches des play-offs, mais surtout deux occasions créées par mi-temps (3 tirs et 5 passes-clé au total). Les yeux de Youri sont désormais tournés vers le but adverse.

TREBEL AU PRESSING

Dans un football toujours plus fermé, René Weiler a ses idées à lui pour inventer de l’espace. Et elles ne passent pas par les pieds géniaux d’un numéro 10, comme le veut la tradition bruxelloise. D’ailleurs, ce nouvel Anderlecht joue sans 10. Parce que le Suisse est plutôt à ranger dans le camp des disciples de Jürgen Klopp, qui a un jour déclaré que son gegenpressing (contre-pressing, qui consiste à presser l’adversaire de façon très agressive dès la perte de balle) était le meilleur meneur de jeu du monde :

« Si tu récupères le ballon haut sur le terrain, proche du but, tu es seulement à une passe d’une très bonne occasion, la plupart du temps. Aucun numéro 10 au monde ne peut être aussi bon qu’une bonne situation de gegenpressing. » Weiler opine, lui qui confie que « de temps en temps, on peut aussi laisser délibérément le ballon à l’adversaire. »

Pour installer son système, Weiler a insisté au mois de janvier pour faire venir Adrien Trebel au Parc Astrid. Le Français, amené à incarner le rôle de pitbull dévolu à Steven Defour avant son départ pour l’Angleterre, a lui-même présenté les qualités qui avaient séduit son nouvel entraîneur suisse : « René Weiler m’a dit qu’il cherchait un joueur comme moi, capable de produire beaucoup d’efforts et de ratisser des ballons. »

Avec neuf ballons récupérés, deux tirs au but et trois occasions créées face à Zulte Waregem, Trebel a parfaitement incarné le rôle du milieu de terrain weilerien. Un peu plus haut sur le terrain avec le ballon, alors que sa position en perte de balle était identique à celle du Français dans le 4-1-4-1 anderlechtois, Tielemans a quitté la pelouse du stade Arc-en-ciel avec six récupérations, deux tirs (dont un but) et quatre occasions créées (dont une passe décisive).

Anderlecht ne presse pas toujours très haut, mais se montre très agressif dès que le milieu de terrain adverse reçoit le ballon. À Waregem, Teodorczyk a commis trois fautes dans le camp adverse dans la première demi-heure, souvent en chargeant dans les pieds de Soualiho Meïté.

Par Guillaume Gautier

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