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Votre mission, si vous l’acceptez: entraîner le PSG…

Club ambitieux recherche entraîneur: expérience et prestige requis, capacité indispensable à gérer les égos, disponibilité rapide nécessaire… Le Paris SG s’est mis en quête de l’oiseau rare pour succéder à Unai Emery, mais la feuille de route est complexe et le ‘job’ périlleux.

. Desideratas contradictoires

Alors que Paris reprend le chemin de l’ordinaire, en recevant Metz samedi (17h00) pour la 29e journée de Ligue 1, son état-major doit plancher sur la succession d’Emery, dont les jours sont comptés. Mais difficile d’établir un profil type.

Faut-il un entraîneur diplomate, capable de manager les égos parisiens? Un « fort en gueule » pour transcender les joueurs? Un maître tacticien? Que privilégier, la gagne ou le beau jeu? Un peu tout ça, bien sûr. Mais les références en la matière sont rares, et presque toutes sous contrat avec de grosses cylindrées continentales.

Difficile d’imaginer Pep Guardiola, Massimiliano Allegri, José Mourinho ou Zinédine Zidane quitter leurs clubs respectifs (Manchester City, Juventus Turin, Manchester United, Real Madrid) pour rejoindre un huitième de finaliste de Ligue des champions.

Les noms d’Antonio Conte, l’entraîneur italien de Chelsea, ou de l’ancien Parisien Mauricio Pochettino (Tottenham), sont en revanche évoqués dans la presse comme cibles possibles. Mais feraient-ils mieux qu’Emery, trois fois vainqueur de l’Europa League avec le Séville FC (2014 à 2016), à l’échelle européenne? Ils ne l’ont pas fait lors de leurs précédentes expériences.

. Comment gérer Neymar?

Autre nom évoqué: Carlo Ancelotti, déjà passé sur le banc parisien (janvier 2011-2013) et libre depuis son limogeage du Bayern Munich. Expert en management d’égos, l’entraîneur vainqueur de la ‘Decima’, la dixième Ligue des champions de l’histoire du Real Madrid, a démontré son savoir-faire aux quatre coins de l’Europe. Mais un retour sur le banc cinq ans après son départ aurait des allures de furieux retour en arrière pour Paris.

Diego Simeone, que Nasser Al-Khelaifi rêvait déjà d’attirer en 2016, peut sembler en fin de cycle avec l’Atlético Madrid mais il reste très lié, contractuellement et sentimentalement, au club d’Antoine Griezmann. Son style d’aboyeur conviendrait-il dans le vestiaire parisien?

Dans tous les cas, la problématique Neymar devra être prise en compte: comment manager cette diva, si talentueuse mais si encombrante dans le vestiaire? A Barcelone, Luis Enrique -une autre piste pour Paris, qui aurait l’assentiment du ‘Ney’ et de Dani Alves- l’avait à plusieurs reprises rappelé à ses devoirs. En sélection brésilienne, Tite est pour sa part plutôt adepte de la manière douce, à grand renfort de compliments sur cette « très bonne personne ».

. Problèmes d' »institution »

« Un joueur, aussi fort soit-il, n’est pas un projet », a néanmoins souligné l’ancien entraîneur du grand Milan AC, Arrigo Sacchi. « Tout part du club, de son histoire, de sa vision, de ses règles et de son leadership. Le club vient avant l’équipe, et l’équipe avant chaque individualité », a-t-il détaillé dans le quotidien L’Equipe. Or l’Italien « a la sensation » que « cette hiérarchie des valeurs est inversée au PSG ».

Ancien entraîneur du PSG, Guy Lacombe abonde et fait remonter le problème à l’affaire Serge Aurier: « Le club a raté l’occasion de devenir un grand club. Je ne connais pas les tenants et aboutissants mais le club aurait pu, et dû, soutenir l’entraîneur » Laurent Blanc, insulté par Aurier qui a finalement été réintégré. « J’ai eu le sentiment dans cette affaire que le joueur était au-dessus de l’institution ».

« Ce n’est pas étonnant de voir chaque année les mêmes clubs gagner la Ligue des champions, ce sont des clubs qui ne transigent pas avec ça », note encore Lacombe. Il cite en exemple la Juventus exfiltrant l’été dernier son défenseur star Leo Bonucci, en froid avec son entraîneur.

. Nouvel organigramme?

Président mobilisé sur d’autres fronts, problèmes disciplinaires mal gérés (retards à l’entraînement, « penaltygate », affaire Aurier), recrutements loupés ou incomplets… Les problèmes ont été nombreux à Paris, malgré les changements d’organisation impulsés par Nasser Al-Khelaifi.

En 2016, il avait recruté Patrick Kluivert comme directeur du football, avant de le remercier un an plus tard et de faire venir l’expérimenté Antero Henrique comme directeur sportif. Celui-ci ne donnerait pas entière satisfaction mais faut-il tout changer, encore une fois?

« Le PSG veut faire les choses plus vite. Peut-être qu’en les faisant plus vite, tu peux arriver au chemin pour grandir. Mais, à certains moments, tu as aussi besoin de patience », a plaidé Emery vendredi, en conférence de presse. L’entraîneur actuel du PSG connaît, mieux que quiconque, la complexité de la mission.

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