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Vincent Kompany, l’homme qui aimait trop les flammes

Adoubé meilleur joueur de Premier League en 2012, Vincent Kompany ressemble aujourd’hui à un monarque sur le déclin. C’est l’histoire d’un défenseur devenu trop télégénique pour rester incontestable.

Le bilan de Vincent Kompany sur la scène européenne est presque effrayant : en 22 matches de C1 disputés sous les couleurs mancuniennes, Vince ne s’est imposé qu’à cinq reprises (pour onze défaites). Avec 31,8 % des points remportés et 1,54 but encaissé par rencontre, le bilan continental des Citizens avec Vince mérite la mention « insuffisant ».

A l’heure de poser un diagnostic, c’est un certain Martin Keown qui s’avance. Arrière central célèbre de l’Arsenal fin de siècle devenu consultant pour le Daily Mail, le Britannique résume Kompany en une formule : « C’est un flambeur. »

Et Keown poursuit : « Il prend des risques en voulant éteindre trop de feux à la fois. Quand ça réussit, c’est tout simplement magnifique. Mais quand ça rate… » Quand ça rate, Francesco Totti se régale de l’espace laissé par Kompany pour crucifier Joe Hart. L’arrêt sur image, saisi lors de la venue des Giallorossi à Manchester à l’automne dernier, avait exposé au grand jour le péché mignon de Kompany. Un goût pour le spectaculaire couplé à un sens du devoir qui l’amène à sortir comme un fou de sa défense pour compenser le placement défensif calamiteux du duo Fernandinho-Touré, en jouant un quitte ou double permanent.

Incontestablement, Vincent Kompany est un défenseur télégénique. Martin Keown, toujours, l’explique à merveille : « Quand vous regardez Vincent Kompany à la télévision, il a l’air génial : il est costaud, rapide et agile. Il est toujours rapide sur la balle. » Conscient de la portée spectaculaire de ses actions défensives, au sein d’une Premier League où le football reste avant tout un entertainment, Vince serait-il devenu plus prompt à quitter sa ligne arrière pour faire le pompier, le ménage et le spectacle ?

La stratégie est, en tout cas, risquée. Parce que le défenseur central est un peu comme l’arbitre : moins son nom est cité, meilleur il est. Pour le sens de la formule, on rappelle une dernière fois Martin Keown : « Tu ne peux pas gagner des matches en jouant en défense. Par contre, tu peux les perdre. »

Projections et projecteurs

Le péché mignon de Kompany le défenseur, ce serait donc cet amour déraisonné pour les projecteurs. De quoi expliquer ses nombreuses fautes commises loin de son but, quand il sonne la charge pour compenser une perte de balle ou trancher dans le vif d’une reconversion rapide de l’adversaire. Vince The Prince est exposé par sa division offensive, mais il pourrait très bien rester caché dans sa ligne arrière, en laissant le collectif défensif faire le travail.

Manque de confiance en ses pairs ? Sens exacerbé du devoir ? Toujours est-il que Vincent ne semble pas pouvoir s’empêcher de quitter l’alignement défensif pour jouer les pompiers de service. Un pompier bien trop attiré par la vision du feu pour ne pas s’exposer au danger.

Le problème est devenu inquiétant au-delà des frontières britanniques quand Kompany a craqué sur la pelouse de Zenica. La scène était digne d’un match des Citizens : Defour et Nainggolan sortent simultanément au pressing, et désertent un axe où le ballon arrive, presque miraculeusement, dans les pieds de Pjanic.

Là, Kompany aurait pu reculer. Radja revenait déjà à toute allure sur son compère romain, et c’est donc la temporisation qui s’imposait. Vincent a préféré jouer les héros et oublier les principes de la zone. En deux passes dans un espace ouvert par le capitaine des Diables, un Edin Dzeko laissé trop seul par Vertonghen crucifie Thibaut Courtois. Ce Kompany-là, on ne l’avait encore jamais vu chez les Diables sauce Willie.

Par Guillaume Gautier

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