© BELGAIMAGE

Sur gazon, sable ou béton, les Portugais rois du football

Dans l’ombre de Cristiano Ronaldo, promis jeudi à un cinquième Ballon d’Or, le Portugal multiplie les enfants de la balle: ce petit pays a vu naître deux autres phénomènes mondiaux, Ricardinho et Madjer, déclinaisons en futsal et beach soccer d’une domination tout-terrain.

Si la nation ibérique de 10 millions d’habitants a produit les meilleurs joueurs de ces trois disciplines alors qu’elle ne compte que 170.000 licenciés toutes variantes confondues, « c’est parce que nous avons su associer notre talent à une ambition pour laquelle nous sommes prêts à tous les sacrifices », explique Madjer à l’AFP.

« C’est une question de caractère, de savoir apprendre et d’avoir le courage de dire : je veux être le meilleur », abonde son ami Ricardinho qui peut prochainement rafler, comme « CR7 », un cinquième titre de meilleur joueur du monde, cette fois en futsal.

Lui aussi N.7 de l’équipe nationale et en club, Madjer est un monstre sacré du beach soccer qui collectionne les records du monde: plus de 1.000 buts en sélection, meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde et cinq titres de meilleur joueur FIFA, même s’il vient de céder sa couronne au profit du Brésilien Mauricinho.

Écarté du football traditionnel après un accident de moto, Joao Victor Saraiva, dit Madjer, s’est parfaitement adapté à son nouveau sport, encore amateur à l’époque, quand un ami lui a recommandé d’abandonner les pelouses pour les terrains de sable il y a 20 ans.

– Style façonné dans la rue –

A 40 ans, Madjer est toujours titulaire en sélection comme au Sporting Portugal mais il se fait à l’idée de prendre un jour sa retraite, « peut-être en 2018 ».

Pour l’heure, le longiligne (1,94 m) gaucher prend toujours du plaisir à s’entraîner pieds nus sur le sable d’un terrain entouré de barres HLM d’un quartier populaire de Lisbonne. Moins explosif que ses jeunes coéquipiers, le vétéran né en Angola en impose toujours grâce à ses frappes aussi précises que puissantes.

Ricardinho Filipe da Silva Braga (32 ans) a lui été poussé vers le futsal après avoir été recalé en football en raison de son petit gabarit (1,64 m). Aujourd’hui, le feu-follet de l’Inter Movistar évolue à Madrid, comme Ronaldo, et affole le sites de partage de vidéos, entre dribbles virevoltants et buts spectaculaires.

Vainqueur en 2017 de sa deuxième Coupe d’Europe de futsal, le joueur formé au Benfica Lisbonne confie à l’AFP que son style de jeu a été façonné au fil de matches improvisés « dans la rue » à une période où le pays disposait de très peu moyens et d’infrastructures.

Responsable du futsal et du beach soccer à la Fédération portugaise de football (FPF), Pedro Dias se félicite aujourd’hui de récolter les fruits des politiques lancées au tournant des années 2010.

– Ne plus penser ‘comme un petit’ –

Vécue comme un « cauchemar », la non-qualification pour le Mondial-2013 de beach soccer a poussé l’instance à mettre en oeuvre une série de mesures qui ont culminé avec l’organisation de l’édition 2015 sur les plages portugaises, récompensée par le sacre à domicile de la bande à Madjer.

« En 2012, nous avons reformulé les compétitions, les catégories d’âge et investi fortement dans la formation des joueurs et des entraîneurs » des deux disciplines, précise le dirigeant, tout en soulignant la popularité grandissante du futsal, aujourd’hui fort de plus de 30.000 licenciés.

Au-delà des « logiques de formation », le succès des Cristiano Ronaldo, Ricardinho et Madjer, découle surtout d’un « changement de mentalité », estime le commentateur sportif Luis Freitas Lobo.

« Le Portugal avait déjà eu des joueurs talentueux par le passé, mais ils pensaient n’avoir aucune chance face à ceux des grandes nations comme le Brésil ou l’Allemagne. Ceux d’aujourd’hui se disent qu’ils peuvent gagner: ils ne pensent plus comme un petit pays », ajoute-t-il.

« L’avantage du Portugal, conclut Madjer, c’est que nous sommes un peuple qui a la culture du football, quelle que soit la variante… »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire