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Real Madrid : la fin d’un cycle

Steve Van Herpe
Steve Van Herpe Steve Van Herpe est rédacteur de Sport/Voetbalmagazine.

Le Real dispute sa troisième finale d’affilée de Ligue des Champions, avec une équipe de base quasi identique. On s’attend à ce que cet été, Florentino Perez fasse le ménage dans la sélection et forme une nouvelle équipe.

Viendra, viendra pas ? C’est la question qui a dominé la préparation du Real à la finale de Champions League de ce samedi à Kiev. Zinédine Zidane a été harcelé à ce propos pendant ses conférences de presse.  » Je ne m’occupe que de la fin de la saison. Je discuterai avec le club après la finale et il y aura probablement quelques changements « , a tenté d’esquiver l’entraîneur français.

 » Mais Neymar et Cristiano sont-ils compatibles ? « , a insisté un journaliste dans la salle de presse de Valdebebas, le complexe d’entraînement du Real Madrid. Zizou a répliqué :  » Les bons joueurs sont toujours compatibles. On disait aussi que je ne pouvais pas jouer de concert avec Youri Djorkaeff. Foutaises ! Nous avons gagné la Coupe du Monde ensemble. Je ne peux pas me prononcer sur l’extra-sportif mais sur le terrain, il y a toujours une chimie entre les bons joueurs.  » A-t-il lui-même demandé Neymar ?  » Non et je n’en parlerai pas maintenant. Nous devons d’abord achever la saison en beauté. Nous parlerons du reste ensuite.  »

Si Neymar et Cristiano sont compatibles ? Il y a toujours une chimie entre les bons joueurs.  » – Zinédine Zidane

Une chose semble acquise : il y aura du mouvement au Real. Depuis son embauche en janvier 2016, Zidane a excellé, avec un noyau quasi inchangé, mais il ne peut gommer les points d’interrogation qui pèsent sur certains joueurs. En voici quelques-uns. Le Real n’a-t-il pas besoin d’un véritable grand gardien à la place du trop irrégulier Keylor Navas ? Cristiano Ronaldo, qui a déjà 33 ans, parviendra-t-il encore à se sublimer une saison ? Quelle marge possède encore Luka Modric (32 ans) ? Combien de temps Marco Asensio et Lucas Vazquez se satisferont-ils de leur statut de réserves ? Un joueur qui a coûté cent millions peut-il s’accommoder du banc ? Les journaux espagnols consacrent des pages entières à ces thèmes et ils ne manqueront pas de matière dans les semaines à venir.

LA SAGA NEYMAR

Pendant ce temps-là, à Paris… Durant la soirée de gala où Neymar -qui d’autre ? – a été élu meilleur joueur du championnat français, le Brésilien a été interrogé sur sa prochaine destination. Il a balayé la question avec son habituel sourire :  » La Coupe du Monde en Russie constitue mon objectif. Je ne parle pas de transfert aujourd’hui, ça m’ennuie.  » Sa réponse est une nouvelle claque à la direction du PSG. Elle a déjà demandé à maintes reprises à sa star d’afficher son amour du club, ne serait-ce que pour mettre un terme aux rumeurs et apaiser les supporters. Mais le Brésilien se moque bien des souhaits du club.

D’après le staff médical du PSG, Neymar aurait pu se rétablir plus rapidement de sa fracture au pied droit, encourue le 25 février. Le staff a raconté au président Nasser al-Khelaifi que la star, qui gagnerait 47 millions par an à Paris, aurait parfaitement pu disputer quelques minutes de jeu en finale de la coupe le 15 mai contre Les Herbiers et dans le dernier match de championnat contre Caen. Le PSG a insisté sur l’importance pour le club que Neymar rejoue sous son maillot avant le Mondial mais le footballeur a décidé de ne pas le faire. Il a préféré éviter tout risque et se préparer pour le premier match du Mondial, le 17 juin contre la Suisse.

Neymar : viendra, viendra pas ?
Neymar : viendra, viendra pas ?© BELGAIMAGE

Le PSG sent l’oignon. La délégation qui a rendu visite au joueur au Brésil pendant sa revalidation a été reçue froidement. Al-Khelaifi, le directeur sportif Antero Henrique, le directeur de la communication Jean-Martial Ribes et le conseiller Maxwell Scherrer ont tenté de convaincre Neymar de poursuivre sa convalescence à Paris, sans le moindre succès. Jusqu’à présent, le Brésilien n’a pas fait le moindre effort pour influencer la composition de l’équipe en prévision de la saison prochaine. Même l’embauche du nouvel entraîneur, Thomas Tuchel, l’a laissé de marbre. En résumé, Neymar ne semble pas s’intéresser le moins du monde à l’avenir du PSG.

En outre, le quotidien Libération a appris que le père de Neymar avait eu un entretien avec Pini Zahavi, le manager israélien qui avait réglé le transfert de l’attaquant de Barcelone, en avril. Les deux hommes seraient arrivés à la conclusion que le Real était le seul club d’avenir pour Neymar.

La direction parisienne s’attend à recevoir un coup de fil du père Neymar ou de son agent d’ici le 1er septembre et la clôture des transferts afin de discuter de son départ. Des sources parisiennes affirment que la direction a déjà fixé son prix à 370 millions.

Que va-t-il advenir de Kylian Mbappé si Neymar s’en va ? La présence du roi Ney a été l’argument-massue pour attirer le prince héritier de la France au PSG. Or, c’est un secret de polichinelle : le Real, et Zidane en particulier, convoitent Mbappé depuis longtemps.

LE PROBLÈME BALE

Voici une statistique intéressante : cette saison, Gareth Bale a marqué un but toutes les 124,6 minutes pour le Real. Il est donc très loin des extra-terrestres Cristiano Ronaldo (un but toutes les 76,6 minutes) et Lionel Messi (un but toutes les 98,7 minutes), mais il fait mieux qu’ Antoine Griezmann (un but toutes les 132,4 minutes) et Luis Suarez (un but toutes les 140,5 minutes). Il n’empêche que le Gallois a dégringolé les échelons de la hiérarchie madrilène et que, malgré sa récente résurrection, il ne figure plus sur la première liste de Zidane. Il serait étonnant qu’il soit titularisé à Kiev.

La vérité, c’est que Bale n’a jamais égalé sa première saison au Real. Il l’a conclue en 2014 avec un but décisif en finale de la Ligue des Champions contre l’Atlético Madrid (4-1 aux prolongations). Les saisons suivantes, il a été tracassé par plusieurs blessures, ce qui a contrarié les projets du président Florentino Perez, qui voulait faire de Bale son nouveau fer de lance, au détriment de CR7. Alors que le Portugais se sublimait saison après saison, Bale s’étiolait. Il semble être relégué au second plan, même dans le vestiaire. Le fait qu’après cinq ans, son espagnol reste lacunaire n’arrange évidemment rien.

Real Madrid : la fin d'un cycle
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Pourtant, d’après l’entourage du Gallois, il ne veut pas quitter le Real. Il y possède un contrat lucratif jusqu’en 2022. Avec 32 millions par an, il est un des footballeurs les mieux payés du monde. Chris Coleman, l’ancien sélectionneur gallois, a expliqué les choses ainsi à la BBC :  » La dernière fois que je lui ai parlé, il était très heureux à Madrid. Sa famille s’y est installée. Il n’y a pas de plus grand club : où irait-il donc ? Ce devrait être un autre géant du football.  »

Un retour en Premier League le libérerait des critiques de la presse espagnole. C’est en tout cas l’avis de Michael Laudrup, l’ancien joueur de Barcelone et du Real, qui entraîne le club qatari d’Al-Rayyan.  » La plupart des clubs de Premier League l’accueilleront à bras ouverts « , explique le Danois de 53 ans.  » Je pense surtout à Manchester City, à Manchester United, à Chelsea ou à Tottenham, son ancien club.  » Son salaire galactique ne poserait pas de problème aux grands clubs anglais.

LE MYSTÈRE ZIDANE

Quand Jürgen Klopp affirme se livrer à fond pour Liverpool, on n’a aucun mal à le croire. Le flegmatique Allemand rayonne d’énergie, son rire est contagieux et il possède une telle personnalité qu’il ne passe jamais inaperçu. Zidane est son extrême opposé à maints égards. Il a des tonnes de charisme, certes, mais il n’élève jamais la voix durant ses conférences de presse. Il répond toujours sur le même ton, avec son sourire à la Mona Lisa. Il ne donne jamais l’impression d’être un grand entraîneur, même s’il a déjà fait ses preuves. Depuis des années, on répète que Zizou n’est pas fait pour le job d’entraîneur de club. Il trouverait l’emploi trop astreignant et le travail au quotidien serait trop exigeant. C’est pour ça qu’on ressort régulièrement son nom comme sélectionneur potentiel de la France.

La fédération française de football voit d’ailleurs en lui le successeur idéal de Didier Deschamps mais elle n’a aucune raison de limoger celui-ci, qui est sous contrat jusqu’en 2020. Ça pourrait être différent si la France livrait un Mondial décevant.

Zizou a surpris, il y a quelques semaines, en annonçant qu’il aimerait rester un an de plus au Real. Jusqu’alors, il avait toujours évité ce thème, bien qu’il ait signé une prolongation de contrat jusqu’en 2020 en janvier.  » J’ai signé mais ça ne veut rien dire « , avait-il déclaré laconiquement.

Tout dépendra du résultat de samedi. Si le Real perd, il achèvera la saison sans le moindre trophée. Or, un entraîneur qui n’a rien gagné ne trouve généralement pas grâce aux yeux de Florentino Perez. Demandez à Carlo Ancelotti. Le président consentira peut-être une exception pour Zidane, parce que les supporters l’adorent. Ils ont sifflé à peu près tous les joueurs cette saison mais jamais leur entraîneur.

HAZARD-SALAH ?

Une défaite du Real constituerait plutôt un argument en faveur d’un grand nettoyage et de la formation d’une nouvelle équipe. Dans cette optique, il faut rappeler les déclarations d’Eden Hazard, la semaine passée. Le Diable Rouge n’est disposé à reconduire son contrat à Chelsea que si  » de bons joueurs arrivent « . Les Blues seront privés de Ligue des Champions la saison prochaine et ça pourrait inciter le petit Belge à répondre positivement à l’intérêt que lui manifeste le Real depuis l’automne 2016. On sait que Zidane apprécie Hazard. D’après la presse à sensation, il aurait même menacé Perez de démissionner s’il ne transférait pas le dribbleur belge cet été.

Même en cas de succès, le Real sera obligé de rafraîchir son noyau. Comme il y a un an, les rumeurs vont bon train. On cite Mohamed Salah, l’homme de la saison, au Real, mais Liverpool n’a aucune envie de le libérer. S’il y était contraint, l’addition serait salée. Compte tenu des lourds investissements prévus pour la rénovation du stade la saison prochaine, il est difficile de dire combien Perez est disposé à débourser en nouveaux footballeurs. Toutefois, il serait fort surprenant que le Real reste aussi calme que lors des deux campagnes estivales précédentes. Wait and see.

Madrid, ville de football

Si le Real Madrid remporte la finale de la Ligue des Champions samedi, la capitale ibérique pourra se targuer d’avoir fait main basse sur les deux trophées européens puisque l’Atlético a enlevé l’Europa League. De toute l’histoire du football européen, une seule ville, Milan, a remporté deux coupes d’Europe durant la même saison. En 1993-1994, l’AC Milan a gagné la Ligue des Champions et l’Inter a été le meilleur en Coupe UEFA.

Le Milan de Fabio Capello – qui alignait notamment Paolo Maldini, Mauro Tassotti, Demetrio Albertini, Roberto Donadoni, Dejan Savicevic et Zvonimir Boban – a pris la mesure du FC Barcelone : 4-0. Or, c’était l’équipe de rêve de Johan Cruijff, avec Ronald Koeman, Pep Guardiola, Hristo Stoichkov et Romario. L’Inter, lui, a battu le Casino Salzbourg en deux manches, 0-1 et 1-0. Wim Jonk, Dennis Bergkamp et l’Uruguayen Ruben Sosa étaient les trois étrangers de service à l’Inter, emmené par le légendaire Giuseppe Bergomi.

400 millions d’euros pour rénover Bernabeu

En coulisses, le Real Madrid prépare la rénovation du stade Bernabeu, construit en 1947. Les travaux débutent l’an prochain et s’étendront sur trois ans. L’arène va être recouverte d’une sorte de peau argentée qui lui conférera des allures futuristes. Elle sera équipée d’un toit coulissant et elle comprendra un hôtel de luxe. Les travaux, très complexes d’après le président Florentino Perez, coûtent 400 millions d’euros. À titre de comparaison, le nouveau stade de l’Olympique Lyon, inauguré en janvier 2016, a été construit pour 480 millions. L’Allianz Arena du Bayern, aménagée en 2005, a coûté 350 millions et La Gantoise a reçu une facture de 80 millions pour la Ghelamco Arena.

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