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Profil bas du président du PAOK après son irruption sur le terrain

Le président du PAOK, l’influent homme d’affaires gréco-russe Ivan Savvidis, a présenté mardi ses « excuses » après avoir plongé le football grec dans une nouvelle tourmente en interrompant dimanche à Thessalonique, arme à la ceinture, un match contre l’AEK d’Athènes.

L’épisode a entraîné la suspension jusqu’à nouvel ordre du Championnat de Grèce, l’option choisie lundi par le gouvernement pour mettre les responsables nationaux du ballon rond devant leurs responsabilités. Dans un communiqué, la Fifa a pour sa part « pressé tous les acteurs nationaux d’agir immédiatement pour mettre fin à la situation inacceptable émergeant dans le football grec », en agitant la menace de sanctions « incluant la suspension » de la Grèce de son appartenance à la fédération internationale.

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« Je veux présenter mes excuses aux supporteurs du PAOK, à tous les amateurs grecs et à la communauté internationale du football », a finalement réagi mardi M. Savvidis, 58 ans, dans un communiqué diffusé par son club. Il y a affirmé être entré sur le terrain, alors qu’il portait une arme à la ceinture, pour empêcher des débordements après une décision par l’arbitre de refuser au PAOK un but pour hors-jeu, et dément avoir « menacé quiconque ».

– A la recherche d’un ‘football juste’ –

« Je vais continuer de me battre (…) pour un football juste et un arbitrage honnête » et pour que « nous remportions le championnat sur les stades et pas devant les tribunaux », conclut le communiqué.

M. Savvidis est resté introuvable lundi, échappant ainsi à l’arrestation qu’il encourait en flagrant délit. Mais depuis la fin lundi à minuit du délai légal de flagrance de 24 heures, l’homme d’affaires « n’est plus recherché » en application de la loi grecque, a indiqué une source policière. Il se trouvait mardi à Thessalonique, selon son club. L’affaire a été transmise mardi au parquet local, qui a ouvert une « enquête préliminaire d’urgence » en vue de possibles poursuites, a indiqué une source judiciaire.

Détenteur d’une licence de port d’armes, en dépit, selon une source judiciaire, d’un avis défavorable du parquet de Thessalonique, M. Savvidis n’encourt de poursuites que pour le délit de violation de la loi sportive, a précisé une source judiciaire.

Un certain embarras prévalait toutefois mardi dans les milieux judiciaires pour expliquer pourquoi la police ne l’a pas arrêté immédiatement. D’autant que M. Savvidis était accompagné, outre trois gardes du corps privés, d’un policier chargé de sa protection et dont la hiérarchie est restée sans nouvelles jusqu’à mardi.

– Du foot aux médias –

« Qui gouverne ce pays? », s’interrogeait du coup mardi, en Une, le quotidien de gauche Journal des rédacteurs, sur une galerie de portraits des dirigeants des quatre principaux clubs grecs, PAOK, AEK, Olympiakos et Panathinaïkos.

Dans un pays où les collusions entre politique et ballon rond remontent à des décennies, le quotidien Ta Néa accusait lui le gouvernement de gauche d’Alexis Tsipras d’avoir « donné naissance au phénomène » Savvidis.

Issu de la communauté « pontique » (Grecs de la Mer noire), l’homme d’affaires -stature râblée et barbe blanche impeccablement taillée- a connu une ascension rapide en Grèce, calquée sur son parcours russe et entamée sous les précédents gouvernements.

Elu deux fois à la Douma russe, en 2007 sous l’étiquette du parti de Vladimir Poutine, M. Savvidis fonde en 2004 une holding russe, Agrocom, active notamment dans l’agroalimentaire, et s’investit déjà dans le football, en contrôlant jusqu’en 2008 le FK Rostov (sud de la Russie). C’est en 2012 qu’il s’offre le PAOK, le club phare de la métropole du nord de la Grèce, avant de racheter début 2013 le cigarettier grec Sekap. Il a entre-temps reçu la nationalité grecque, officiellement pour son oeuvre en faveur de l’amitié gréco-russe.

Devenu l’homme fort du nord du pays, M. Savvidis a franchi une nouvelle étape en prenant récemment le contrôle du quotidien Ethnos. L’opposition a critiqué cette acquisition, visant selon elle à assurer une presse favorable à Alexis Tsipras pour qui M. Savvidis affiche volontiers sa sympathie, allant jusqu’à le comparer à Vladimir Poutine.

Reste que l’investissement médiatique apparaît en Grèce comme un incontournable du foot: le président de Panathinaïkos détient ainsi le quotidien Kathimerini, et celui d’Olympiakos a récemment racheté Ta Néa, deux titres soutenant l’opposition.

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