© BELGAIMAGE

Ochoa :  » Le Standard ça m’a tenté directement « 

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Guillermo Ochoa va découvrir le Stade Roi Baudouin la semaine prochaine, en visite avec son Mexique, avant de disputer sa quatrième Coupe du Monde. Pour la première fois, il décrit dans le détail tout son bonheur d’être le gardien du Standard.

Guillermo Ochoa à propos…

…de sa popularité au Mexique : « Au Mexique, c’était devenu très lourd. Je ne pouvais plus sortir de chez moi. Aller au magasin, faire une balade en ville, aller au resto, ce n’était plus faisable. On me demandait des photos, des autographes. Et puis, il y avait les paparazzis. Ils campaient parfois devant chez moi. Je me sentais épié en permanence, je vivais en liberté surveillée. Je n’avais plus de vie privée. Au début, ça fait plaisir d’être connu et reconnu, mais tu t’en lasses vite parce que ça prend des proportions énormes dans un pays pareil. La presse à scandales cherchait des histoires, elle en inventait s’il n’y avait rien de croustillant. Si je sortais, tous les Mexicains savaient très vite où j’étais allé, ce que j’avais mangé, ce que j’avais bu, à quelle heure j’étais rentré. Vraiment, c’était usant. »

…de ses choix de carrière critiqués dans son pays : « Déjà, il faut voir les choix que j’avais. Et ça, les gens ne sont pas nécessairement au courant. Comme gardien mexicain, tu n’as pas d’office les meilleures armes pour trouver un bon club dans un grand championnat en Europe. Je prends l’exemple de l’Espagne. Je viens d’y passer trois ans, à Malaga et à Grenade, mais ce n’était pas gagné au départ. Parce que les clubs ne peuvent prendre que trois joueurs extracommunautaires. J’ai un problème : je n’ai pas de passeport européen. J’ai beau chercher un grand-père, un oncle ou un cousin en Europe, je n’en ai pas, donc je reste purement extracommunautaire. Quand un directeur sportif ou un entraîneur ne peut prendre que trois gars qui viennent d’un autre continent, il choisit en priorité un attaquant, puis d’autres joueurs offensifs. Après ça, s’il reste une place, pourquoi pas un gardien ? J’avais quelques options cet été, mais quand on m’a parlé du Standard, ça m’a tenté directement. Il y a quand même une grosse histoire ici. Et puis, depuis mon arrivée, tous les matches du championnat de Belgique sont diffusés au Mexique. Et les gens commencent à se rendre compte que le niveau est plutôt pas mal. Mais tu as raison, beaucoup de Mexicains ne comprennent toujours pas mon choix. Et ils ne se privent pas pour le critiquer. Je suis né dans un pays où tout le monde a un avis sur tout et sur tout le monde… Tous les Mexicains aiment bien donner leur opinion, leur analyse. Mais pour moi, parler sans savoir, ce n’est jamais bon ! »

…du match contre les Diables : « Si on va jouer contre les futurs champions du monde ? Vous allez peut-être jouer contre les futurs champions du monde ! (Il éclate de rire). C’est clair qu’après l’expérience prise au Brésil et en France, ils semblent de plus en plus prêts pour faire quelque chose de grand, les Belges. Quand tu les vois en matches éliminatoires, tu sais d’office qu’ils vont tout gagner. Mais ils ont un peu le même problème que les Mexicains, ils doivent attendre les tournois pour avoir vraiment du lourd en face, et là, le manque de vécu des grands rendez-vous se paie. En zone Concacaf, c’est parfois compliqué. Par exemple, on doit aller jouer au Honduras dans un stade dégueulasse, sur une pelouse très haute, sous 35 degrés, et quand c’est un arbitre d’un petit pays comme le Salvador ou le Guatemala, tu te doutes qu’il aura tendance à avantager le petit parce que le Mexique est traditionnellement l’équipe à battre. Maintenant, on doit normalement se qualifier parce qu’on est au-dessus du lot. Par contre, ça se corse dès qu’on croise un gros morceau en Coupe du Monde. Pourtant, les trois dernières fois, on a été à deux doigts de passer en quarts de finale. Le problème, c’est qu’on est tombés sur l’Argentine en 2006 et en 2010, puis sur des Hollandais au top de leur art en 2014. »

Par Pierre Danvoye

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Guillermo Ochoa dans votre Sport/Foot Magazine

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire