Marc Degryse

 » Notre campagne éliminatoire va être une promenade de santé « 

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, Roberto Martinez avance sans se plaindre malgré les forfaits.

Affronter la Bosnie-Herzégovine sans Vincent Kompany, Kevin De Bruyne, Thomas Vermaelen, Mousa Dembélé, Nicolas Lombaerts, Radja Nainggolan… Jouer ce gros match sans une demi-équipe, sans tous ces titulaires potentiels… Roberto Martinez aurait pu se protéger avant le coup d’envoi, se plaindre, gémir, chercher déjà des circonstances atténuantes en cas de résultat négatif. Non ! Depuis qu’il est arrivé, il a l’art de bosser, de voir toujours la bouteille à moitié pleine. Il aurait déjà pu craquer après la défaite contre l’Espagne, vu l’accueil que le public lui a réservé ce soir-là, les sifflets, les gens qui râlaient, ceux qui continuaient à soutenir Marc Wilmots dans le stade.

L’Espagnol n’est clairement pas fait de ce bois-là. Les forfaits, il les enregistre sans en faire un plat, et il bosse, il cherche des solutions. Et, c’est nouveau, on a maintenant un entraîneur qui arrive à changer de système en plein match. Pas en début de deuxième mi-temps, après en avoir discuté avec ses joueurs pendant un quart d’heure dans le vestiaire. Non, dans le feu de l’action, au moment où Jordan Lukaku doit sortir sur blessure. Maintenant, sur le choix de ce joueur pour commencer la rencontre, je me pose des questions. Tout le monde a quand même bien vu qu’il avait été à la rue pendant l’EURO et contre l’Espagne. Et son temps de jeu dans le championnat d’Italie n’est quand même pas énorme !

Je ne m’explique pas le choix de Martinez sur le coup mais j’ai savouré son passage soudain à une défense à trois. Et on a directement vu qu’il n’y avait pas d’improvisation, que chacun connaissait son rôle et ses devoirs. Pendant la semaine qui a précédé, les deux systèmes, à trois et à quatre, avaient été travaillés, répétés dans les détails. Ça aussi, c’est une innovation par rapport à l’ère Marc Wilmots.

Contre la Bosnie, on a vu le Hazard de Chelsea, le Carrasco de l’Atlético et le Mertens de Naples : il y a plein de joueurs qui se sentent bien dans ce système, ça se voit.

Autre plume sur le chapeau de Martinez : il a compris que Laurent Ciman était un défenseur central, point à la ligne. Pas un back droit. Maintenant, indépendamment des noms, des retours de blessures, je trouve qu’il faut continuer à travailler sur ce système dans les gros matches. On en perdra en jouant à trois derrière, on en gagnera aussi. Mais on a un groupe qui est fait pour ce schéma de jeu. Là-dedans, des gars comme Dries Mertens et Eden Hazard s’amusent comme des gosses. Et puis, Yannick Carrasco et Thomas Meunier sont faits pour pistonner comme ils l’ont fait vendredi.

Contre la Bosnie, on a vu le Hazard qu’on voudrait voir à chaque rendez-vous des Diables. Et pas le Hazard en panne d’inspiration qu’on a trop souvent vu lors des dernières années. Capacité d’infiltration, initiatives, appels dans le dos des défenseurs, spontanéité, accélérations phénoménales, présence en zone de vérité, courses sans ballon, efficacité. C’est ça, le vrai Hazard. Et il est bien meilleur quand on ne l’accable pas de missions défensives. Avec Martinez, il doit se repositionner intelligemment en perte de balle mais on ne l’oblige plus à s’époumoner en courant derrière l’un ou l’autre adversaire. Ainsi, il reste frais, inspiré et lucide sur les actions offensives. CQFD. On a vu le Hazard de Chelsea, le Carrasco de l’Atlético et le Mertens de Naples : il y a plein de joueurs qui se sentent bien dans ce système, ça se voit.

On a maintenant la confirmation que notre campagne éliminatoire va être une promenade de santé. Tant mieux puisque ça nous assure d’aller à la Coupe du Monde, mais ça risque de nous poser à nouveau le même souci qu’avant la Coupe du Monde et l’EURO : on va débarquer dans le tournoi en n’ayant pas eu de vrais tests, pas de grosses oppositions dans des matches à enjeu.

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