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Mondial 2018: HRW appelle les journalistes à garder les yeux ouverts

« La Coupe du monde de la Fifa se déroulera dans le contexte de la plus grave crise en matière de droits humains qu’ait connu la Russie depuis l’époque soviétique », dénonce Human Rights Watch (HRW). L’ONG publie mardi un guide à l’usage des journalistes qui couvriront l’événement sportif. « Nous espérons que ce guide pratique aidera les journalistes à porter leur regard au-delà du terrain de football et à voir les sujets de préoccupation plus généraux qui existent en Russie. »

Et ils sont nombreux. L’ONG dénonce notamment un environnement qui se détériore pour les droits humains, avec des autorités qui s’appuient régulièrement sur une législation restrictive pour étouffer les libertés de réunion, d’association et d’expression. « Les responsables gouvernementaux répriment les voix dissidentes en faisant appliquer des lois répressives et en renforçant la censure sur internet », dénonce encore HRW.

Plus concrètement, l’ONG rappelle que la Russie a commis des violations du droit du travail à l’encontre des ouvriers employés sur les sites de construction des stades, notamment des retards des paiements, mais surtout des conditions de travail dangereuses ayant entraîné la mort de 21 ouvriers, selon les chiffres du syndicat international des travailleurs du bâtiment et du bois.

Human Rights Watch rappelle encore que le directeur pour la Tchétchénie (dont la capitale Grozny sera le camp de base de l’Egypte) de Memorial, l’une des organisations russes de défense des droits humains les plus importantes, est détenu en garde à vue sur la base « d’accusations fallacieuses de possession de marijuana ». « Titiyev, l’un des rares défenseurs des droits humains encore actifs dans la région, est passible d’une peine de 10 ans de prison s’il est déclaré coupable sur la base de ces accusations fabriquées de toutes pièces », dénonce l’ONG, ajoutant que le dirigeant de la République tchétchène, Kadyrov, a à plusieurs reprises menacé et dénigré des défenseurs des droits humains.

En 2017, la Fifa, la fédération internationale de football, s’est engagée à « aller au-delà de sa propre responsabilité de respecter les droits humains » en « mettant tout en oeuvre pour promouvoir la protection des droits humains et pour contribuer de manière positive à leur plein exercice », rappelle l’ONG. La position officielle stipule que « là où les libertés des défenseurs des droits humains sont en danger, la Fifa prendra les mesures adéquates en vue de leur protection, y compris en usant de sa capacité d’influence auprès des autorités compétentes ».

« La Fifa a encore le temps de démontrer qu’elle est prête à user de son influence auprès du gouvernement russe pour faire respecter ses propres positions en matière de droits humains », conclut Hugh Williamson, directeur Europe et Asie centrale d’HRW. « Il est dans son intérêt de s’assurer que le beau jeu de football ne soit pas entaché par une atmosphère détestable de discrimination et de répression. »

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