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Löw: l’insatisfait voit plus loin

L’Allemagne a impressionné en désossant la Slovaquie (3-0) ? « On doit encore progresser si on veut remporter ce tournoi », a contrebalancé Joachim Löw, qui au-delà de l’Euro-2016 réfléchit aussi à la formation des futures générations.

Le journaliste sportif allemand n’est pas moins pinailleur que ses confrères et trouve toujours à redire sur les performances de la Mannschaft. « Mis à part quand on bat le Brésil chez lui 7-1 en demi-finale du Mondial, il y a toujours quelque chose qui ne va pas avec vous », avait récemment déploré Thomas Müller.

Mais pas dimanche où un concert de louanges a salué ce 3-0 infligé par la Mannschaft à la Slovaquie, qui ne reflétait même pas toute l’ampleur de la supériorité allemande. Et c’est Joachim Löw qui s’est employé à doucher tout enthousiasme excessif.

« On a globalement fait une bonne prestation défensivement comme offensivement mais, avec tout le respect que j’ai pour l’adversaire, il n’est pas la référence pour savoir si on peut remporter le tournoi », a-t-il insisté. « On doit élever notre niveau », a-t-il ajouté. Discours de circonstance pour éviter tout relâchement ? En partie, sans doute.

Espagne, Italie, les cauchemars

Mais il suffit de regarder les adversaires potentiels en quart pour rejoindre le technicien: Espagne ou Italie, deux équipes qui, si elles ne lui donnent « pas d’insomnies », a-t-il assuré, peuplent ses nuits de cauchemars.

L’Allemagne n’a ainsi plus battu l’Espagne en compétition officielle depuis 1988 et reste sur deux défaites cruelles: la finale de l’Euro-2008 et la demi-finale du Mondial-2010, à chaque fois sur le plus petit des scores (1-0), mais accompagné d’un énorme sentiment d’impuissance face à une Roja à son apogée.

Contre l’Italie, c’est encore pire: jamais, dans son histoire, la Mannschaft n’a pris le dessus sur la Nazionale.

La victoire (4-1) en match amical il y a quelques mois n’y change rien, l’Allemagne reste traumatisée par la finale du Mondial 1982 (1-3), la demi-finale de son Mondial en 2006 (0-2 a.p.) ou plus récemment, il y a quatre ans, la demi-finale de l’Euro (1-2).

On comprend mieux pourquoi lorsqu’on souligne que son équipe vient de livrer deux orgies offensives sans égal dans le tournoi, il répond: oui, mais « il faudra qu’on soit plus efficace sur nos occasions car on ne s’en procurera plus autant ».

Lorsqu’on rappelle que son équipe n’a plus pris de but depuis 5 matches et n’est qu’à une longueur d’un record vieux de 50 ans, il répond: oui, mais « des équipes qui représentent un danger bien plus important seront sur notre chemin » au prochain tour.

Toujours ce « oui, mais », signe d’un perfectionnisme tout germanique, sur lequel il construit et reconstruit depuis 10 ans le jeu d’une Allemagne, dont le sacre mondial de 2014 au Brésil n’a pas rassasié l’appétit de titres.

C’est déjà demain

Et Löw voit bien au-delà. Il dessine déjà les axes qui définiront l’identité de jeu allemande pour les années à venir.

« En Allemagne, en ce moment, dans la formation, quand j’observe les entraînements des équipes de jeunes, je vois énormément de jeu de passe », a-t-il expliqué récemment en conférence de presse.

« Les Allemands sont devenus bien meilleurs que quand j’ai commencé. A l’époque, le jeu de passe était un désastre. C’était lent, avec trop de courses balle au pied… On a amélioré ça et c’était une bonne chose, mais à cause de cela on a oublié d’encourager et d’inciter les joueurs à jouer des un contre un », a poursuivi Löw.

Le sélectionneur en a d’ailleurs parlé avec le directeur technique national allemand Hansi Flick, son adjoint en sélection jusqu’au Mondial 2014.

Sera-t-il là pour profiter de cette orientation nouvelle ? Ce n’est vraiment pas certain. Mais on ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir cherché jusqu’au bout, à améliorer son équipe.

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