Marc Degryse

Les Diables ont aussi survolé le debriefing

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, les réactions des Diables après le match face à la Tunisie montrent la progression mentale du groupe.

La démonstration collective contre la Tunisie a directement rappelé notre huitième de finale à l’EURO en France contre la Hongrie. Il y avait la même emprise sur le match, la même manière d’étouffer l’adversaire, la même efficacité offensive. À l’époque, tout le monde s’était subitement emballé, pas seulement les joueurs et le staff. Les Belges devenaient subitement des favoris, sur la base de cette prestation parfaite, et on sait ce que ça avait donné contre le Pays de Galles en quart de finale.

Ce week-end, j’ai relevé des discours beaucoup plus mesurés. Dans le debriefing qui a directement suivi le match, aucun Diable ne s’est vu plus beau qu’il l’est en réalité. Quand, après cinq buts marqués et une tonne d’occasions qui auraient encore pu alourdir le score, Romelu Lukaku dit qu’il est possible de faire mieux, je trouve ça intéressant. Quand Eden Hazard signale que ce score est aussi dû au fait que l’adversaire a joué le jeu, il veut dire que les circonstances nous ont été favorables et qu’il faut donc garder les pieds sur terre. Et quand Roberto Martinez affirme lui aussi que tout est perfectible, c’est bien. Cela montre la progression mentale du groupe par rapport à ce qu’on a vu il y a deux ans.

On ne peut encore rien prédire, on ne peut pas encore dire jusqu’où cette équipe peut aller, mais moi, je relève plein de voyants qui sont au vert. Déjà, on a une équipe qui grandit petit à petit dans cette Coupe du Monde. La première mi-temps contre le Panama avait été difficile, la deuxième période avait déjà été bien meilleure avec des belles actions et des beaux buts. Cette progression a été confirmée contre les Tunisiens. On a vu des Diables qui prenaient complètement le jeu à leur compte à certains moments, mais aussi une équipe qui savait laisser le ballon à l’adversaire dans d’autres séquences, pour le récupérer ensuite et aller mettre le danger devant. On gagne 5-2 mais la possession de balle était équilibrée, c’est un élément révélateur.

Les commentaires sur Kevin De Bruyne sont contrastés, mais moi je le trouve très bon.

À côté de ça, à côté de l’efficacité collective, j’ai constaté de gros motifs de satisfaction au niveau des individualités et des changements faits en cours de match. Par exemple, Yannick Carrasco et Thomas Meunier ont bien progressé par rapport au premier match et c’est super important quand on sait à quel point le passage par nos flancs est crucial dans ce système. On pouvait craindre qu’Eden Hazard ait été en forme un peu trop tôt, au vu de ce qu’il avait démontré dans les matches de préparation, mais il ne fait que confirmer sa forme étincelante. Romelu Lukaku ne se contente pas de marquer des buts, il le fait avec la manière. Axel Witsel est souverain dans son rôle de contrôleur. Je dois aussi dire quelques mots sur Kevin De Bruyne. Après deux matches, les commentaires sur ses prestations sont assez contrastés, mais moi je le trouve très bon. Il a parfois été malheureux dans son passing, mais avec un peu plus de réalisme des attaquants, il aurait quelques assists de plus à son bilan provisoire. Il a définitivement accepté de s’effacer dans l’intérêt collectif, son travail dans l’ombre est impressionnant. On marque beaucoup mais on rate aussi pas mal, et là aussi, Lukaku a raison quand il dit qu’il s’agira d’être plus cliniques dans les gros matches.

Dans les points positifs de la victoire contre la Tunisie, je retiens encore les corrections tactiques qui ont été faites en deuxième mi-temps, quand Marouane Fellaini est monté. Martinez en a profité pour faire l’un ou l’autre test et ça a été concluant. Et puis il y a les bonnes choses que les réservistes ont montrées. Que ce soit Fellaini, Michy Batshuayi ou Youri Tielemans, ils ont tous apporté quelque chose, à leur manière. Et ça, c’est tout bon parce qu’on sait qu’il ne sera pas possible de faire tout le tournoi avec la même équipe. Rien que le fait que trois joueurs aient déjà été avertis et soient sous la menace d’un match de suspension, ça doit être pris en compte. Bref, on sait qu’il est stupide de tirer des bilans après deux matches de poule, mais quand je vois les difficultés que rencontrent l’Allemagne, le Brésil, l’Argentine, la France et l’Espagne, je pense clairement qu’on est bien !

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