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Les confidences tactiques de Pep Guardiola

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Après le succès de Herr Pep, Martí Perarnau a publié un deuxième livre consacré aux années bavaroises de Pep Guardiola. Dans Pep Guardiola, la metamórfosis, l’auteur espagnol raconte les méthodes, les pensées et la philosophie de jeu du nouveau coach de Manchester City. Onze extraits.

La vie sans Messi

« Je suis devenu un meilleur entraîneur. Parce qu’avant, je préparais tout pour arriver jusqu’à Messi, et ensuite Leo résolvait tout. En Allemagne, j’ai dû penser à de nouvelles options. »

Les longs ballons

« J’ai dit à mes joueurs : Vous voulez jouer de longs ballons ? Pas de problème. Mais vous devez savoir une chose : la balle qui voyage vite revient toujours plus tôt. C’est la putain de vérité du football. Sur dix longs ballons, l’arrière central va en jouer huit en restant face au jeu, et donc gagner le duel. Et quand tu commences à sortir, la balle est déjà en train de revenir. »

Le jeu du Bayern

« Si quelqu’un veut comprendre ce que nous avons réellement fait pendant ces trois ans, le résumé est que nous avons joué avec Kimmich et Alaba comme arrières centraux, nous les avons placés à 50 mètres de Neuer, et cela nous a permis de nous imposer dans le camp adverse. Qu’en jouant de telle manière, nous avons seulement encaissé 17 buts en 34 matches de championnat. Ça, c’est notre jeu. »

La relance à trois

« Avec les deux défenseurs centraux pour la relance, parfois les passes doivent être très longues, parce qu’ils sont assez éloignés l’un de l’autre. Par contre, en relançant à trois, les passes sont plus courtes et, par conséquent, plus rapides et plus précises. La relance est plus sûre. »

Attaquer comme au rugby

« Quelle est la caractéristique principale des All Blacks ? Ils fixent et ils ouvrent, ils fixent et ils ouvrent, ils fixent et ils ouvrent… J’attaque par le centre, et j’ouvre sur le côté. Je concentre, puis j’ouvre. Le meilleur moment d’attaque appartient au rugby. Je t’attaque et te divise, continuellement. Et comme la passe est obligatoirement vers l’arrière, je t’attaque de face. C’est le meilleur concept d’attaque qui existe ! Devoir faire une passe vers l’arrière pour attaquer, cela te permet toujours de terminer face au but. Je vais vers le centre et j’attire des adversaires, pour servir celui qui s’est libéré et les tuer dans cette zone libre. Il n’y a pas de meilleure façon d’attaquer qu’au rugby. »

Comment s’entraîner en jouant tous les trois jours ?

« En jouant un match tous les trois jours, il n’y a pas assez de temps pour préparer adéquatement toutes les variantes tactiques. Les gars maîtrisent déjà les défenses à trois et à quatre, et nous pouvons passer rapidement de l’une à l’autre, mais nous avons besoin de beaucoup plus : nous devons dominer tous les petits détails, et il n’y a pas de le réussir si nous continuons à nous entraîner de cette manière, parce qu’on n’a pas le temps. La saison prochaine, nous nous entraînerons en groupes séparés, pour pouvoir approfondir les détails tactiques. À 10h du matin, par exemple, les défenseurs et les mediocentros. Et même si ce n’est que pendant une demi-heure, nous travaillerons toutes les variantes tactiques entre eux. Et une heure plus tard, les milieux offensifs et les attaquants, et nous ferons la même chose avec eux. Ainsi, nous ne nous entraînerons pas plus, mais nous serons plus efficaces. »

Perdre avec ses idées

« Il y a une chose qu’il faut toujours défendre. Si nous avons construit une manière de jouer, et que les gens nous ont aimés pour cette façon de jouer, nous ne devons pas la changer. Nous devons respecter l’émotion des nôtres ! Si nous sommes éliminés en huitièmes de finale de la Champion’s, pas de chance, mais que ce soit avec notre façon de jouer. Peut-être qu’ils nous battront, mais ça devra être en contre, parce que le ballon sera à nous. »

L’importance de la relance

« La relance, c’est indispensable. Ce n’est pas la même chose si l’ailier reçoit le ballon directement de l’arrière central, ou du milieu intérieur. S’il le reçoit du central, il donnera presque toujours le temps à l’adversaire de défendre sur lui sans problème. Par contre, s’il le reçoit de l’intérieur, ce sera beaucoup plus difficile de défendre contre lui, surtout si l’intérieur a fixé les adversaires. Dans notre façon de jouer, sortir le ballon proprement est la base de tout. »

Le profil de ses recrues

« Quand on me propose un nouveau joueur, je demande seulement : Est-ce qu’il dribble ? Moi, je veux des joueurs qui dribblent. Rien d’autre, c’est la principale question que je pose. Je veux des latéraux qui dribblent. Des centraux qui dribblent, des milieux intérieurs qui dribblent, des mediocentros et des ailiers qui dribblent. Parce que ce qui concerne le contrôle et la passe, tout ça peut s’apprendre… Alors, qu’ils dribblent, c’est ça la clé. »

L’ailier selon Guardiola

« Dans ma conception du jeu, l’ailier est quelqu’un qui doit passer beaucoup de minutes seul, sur un côté, pratiquement sans bouger ni toucher le ballon, sans intervenir. Attendre. Comme cela arrive à Manu [Neuer], qui peut passer de longues minutes sans toucher le ballon et, soudain, il doit faire une intervention quasi miraculeuse. Dans mes équipes, un ailier est comme un gardien : un type spécial. »

L’attaque en zone

« La majorité des gens pensent que la zone est seulement défensive, mais ce n’est pas vrai : l’attaque en zone existe aussi. Quand tu gardes tes attaquants loin de la balle, attendant que cette balle leur arrive après toute une série d’actions, c’est de l’attaque en zone. On l’appelle attaque positionnelle, mais en réalité c’est une attaque en zone. Elle ne consiste pas à aller chercher le ballon pour attaquer, mais à attendre dans une zone qu’il arrive à toi. »

Extraits issus de PERARNAU Marti, Pep Guardiola. La metamorfosis, Ed. Córner, Barcelone, 2016.

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