© AFP

L’UEFA s’attaque à la nouvelle Coupe du monde des clubs d’Infantino

Le lucratif projet de Coupe du monde des clubs élargie à 24, défendu par le président de la Fifa Gianni Infantino et loin de faire l’unanimité, sera au centre des débats mercredi d’une réunion stratégique de l’UEFA qui se dit « préoccupée ».

Quelques heures avant la finale de l’Europa League entre l’Atlético Madrid et l’OM, Lyon servira également de théâtre à une réunion stratégique: c’est l’appellation de ce Conseil de l’UEFA qui réunit l’Association européenne des clubs (ECA), celle des Ligues professionnelles (EPFL) et le syndicat des joueurs (FifPro), autour du président de l’UEFA, le Slovène Aleksander Ceferin.

Objectif: discuter du projet controversé d’Infantino de redonner de l’intérêt à la Coupe du monde des clubs qui serait organisée tous les quatre ans à l’automne, dès 2021, avec 24 clubs, dont 12 européens. La compétition actuelle, organisée chaque année début décembre, regroupe sept clubs.

Autre idée du patron de la Fifa: créer une Ligue mondiale des nations, sorte de mini-Coupe du monde, qui regrouperait tous les deux ans huit sélections nationales.

Pour ce faire, Infantino assure qu’un groupe d’investisseurs (chinois, japonais, saoudiens) garantirait jusqu’à 25 milliards USD (20,9 milliard d’euros) de revenus pour les deux compétitions, autant de revenus que l’Italo-Suisse promet de redistribuer aux clubs et aux fédérations.

– 12 milliards USD garantis –

Pour la seule Coupe du monde des clubs à 24, le consortium « garantit des revenus minimum de 12 milliards USD (10,1 milliards d’euros) pour les quatre éditions de 2021 à 2033 », selon un document remis lors d’une réunion à la Fifa avec sept grands clubs, dont le Paris-SG, le Bayern Munich et Manchester United, que l’AFP a pu consulter.

Selon le même document, ce Mondial des clubs offrirait 12 places au clubs européens, 4,5 à l’Amérique Latine, 2 à l’Asie, 2 à l’Afrique, 2 autres à la Concacaf (Amérique du nord et centrale), 0,5 à l’Océanie et 1 au pays hôte.

Pour désigner les 12 clubs européens, deux scénarios possibles. Dans le premier, les 4 derniers vainqueurs de la Ligue des champions seraient qualifiés et les 8 autres désignés selon leur indice UEFA. Dans le second, les 4 derniers vainqueurs et finalistes de la C1 seraient accompagnés des 4 derniers vainqueurs de la C3.

Dans tous les cas, l’offre est très alléchante pour les grands clubs européens qui pourraient toucher entre 50 et 80 M USD par édition.

Le FC Barcelone voit ainsi dans ce nouveau Mondial des clubs « une compétition palpitante, dynamique, intégrante et prestigieuse », qui contribuera à faire grandir l’image de marque de chaque club et à offrir « une nouvelle source de revenus à réinvestir dans le jeu ».

Mais la partie n’est pas gagnée pour Infantino qui a déjà essuyé les critiques de certains membres du Conseil de son instance, auxquels il a présenté le projet en avril dernier, en étant soumis à des obligations de confidentialité, dans le cadre d’une offre limitée dans le temps.

Puis, tour à tour, l’EPFL, la FifPro et le Forum mondial des Ligues (WLF) ont fait part de leur mécontentement. « La Fifa se comporte de façon étrange, a estimé vendredi Ceferin. Ils invitent exclusivement les clubs dont ils pensent qu’ils sont les seuls importants ».

Les différentes structures représentatives du football « ont la nette impression d’être court-circuitées », confirme un proche du dossier. La Fifa répond de son côté que « le projet a été présenté lors d’une réunion de la Commission des partenaires », qui réunit tous les représentants.

– Infantino « court-circuite » –

« Infantino a tenu des réunions bilatérales avec les grands clubs mais pas avec les autres structures », abonde pourtant ce spécialiste, proche du dossier.

Autre argument d’Infantino: sur une période de 4 ans, « le nombre de matches disputés par les grands joueurs diminuerait ».

Un argument bien loin de convaincre l’EPFL ou le WFL, qui compte ainsi s’opposer « avec force à tout plan de la Fifa visant à développer des compétitions qui auraient un impact négatif sur un calendrier déjà surchargé ».

Dans un contexte de déséquilibre sportif croissant au sein des grands championnats européens, pour Richard Scudamore, patron de la Ligue anglaise, « toute nouvelle compétition de clubs qui conduirait à bouleverser l’équilibre compétitif des compétitions nationales » est à bannir.

Pressé par le temps, Infantino veut faire adopter ses deux projets avant le Congrès de Moscou en juin, où sera désigné le pays-hôte du Mondial-2026, autre dossier épineux. A un an du congrès de Paris où Infantino visera un 2e mandat, une réélection « qui gouverne toute sa réflexion », selon un bon connaisseur de la Fifa.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire