Marc Degryse

L’analyse de Marc Degryse: Les Diables ont perdu trop de temps

L’Espagne battue par la Slovaquie ? L’Allemagne balayée par la Pologne ? Et les Pays-Bas qui avaient perdu contre la République Tchèque en journée d’ouverture ? Pas d’inquiétude. Ils iront à l’EURO, on le sait depuis longtemps.

L’Espagne battue par la Slovaquie ? L’Allemagne balayée par la Pologne ? Et les Pays-Bas qui avaient perdu contre la République Tchèque en journée d’ouverture ? Pas d’inquiétude. Ils iront à l’EURO, on le sait depuis longtemps. Toutes les équipes valables iront en France. Faire un Championnat d’Europe avec 24 qualifiés, ça ne rime à rien. On dit que la Belgique est assurée de se qualifier, on raconte que c’est formidable parce qu’on n’a plus su se qualifier sur le terrain depuis 1984, mais ça n’a aucun sens de comparer les deux époques. En 1980, les Diables étaient en Italie où il n’y avait que huit participants. Idem quatre ans plus tard en France. Là, c’était un exploit. Aujourd’hui, aller à un EURO n’est que le service minimum partout où on sait jouer un peu au foot. Ce tournoi est complètement dévalué, l’UEFA ne rend pas service au football en voulant faire plaisir à autant de pays.

Et donc, on en est arrivé à un stade où les éliminatoires ne sont qu’un simple échauffement, où on peut se permettre l’un ou l’autre faux pas comme des grandes équipes viennent de le faire. Tiens, ça ne vous rappelle rien ? Oui, les qualifications pour le Championnat d’Europe, c’est maintenant comme l’interminable phase classique du championnat chez nous. J’irais même plus loin : à l’EURO 2016, la phase de groupes risque fort d’être ennuyeuse. Deux à trois qualifiés par poules de quatre, ce n’est pas raisonnable non plus.

Si Schalke revient à la charge en janvier ou lors de l’été 2015, il faudra chercher un nouveau coach pour les Diables.

Le seul aspect positif, peut-être, c’est que tous les matches éliminatoires sans véritable enjeu, pour les bonnes équipes, peuvent servir de laboratoire. Les coaches peuvent essayer de nouvelles choses en ayant le droit de se trouer. J’ai l’impression que Marc Wilmots l’a compris. Restons sérieux, Andorre, ce n’était pas un adversaire. Mais il y a quelques mois, les Diables n’auraient pas abordé un tout petit match comme ils ont négocié celui-là. C’était du jeu vers l’avant de la première à la dernière minute avec des prises de risques. Les Belges ne l’avaient jamais fait avant. Si Wilmots confirme son changement de mentalité, on n’aura plus un médian défensif qui restera d’office en retrait et on n’aura plus des backs systématiquement prudents, quel que soit l’adversaire.

C’est comme ça qu’il faut continuer à jouer. Et tant pis si on fait l’un ou l’autre mauvais résultat en cours de route. Il faut voir cette nouvelle manière de jouer offensivement comme un investissement sur l’avenir. Les fruits, on les cueillera bien plus tard, à l’EURO français et après cela encore. Il faut enfoncer ces nouvelles priorités dans les têtes des joueurs, les convaincre qu’ils ne doivent pas être audacieux simplement contre Andorre mais face à toutes les autres équipes aussi. Si on l’avait fait dès le début de la campagne éliminatoire pour le Brésil, les Diables seraient sans doute plus avancés dans leur développement aujourd’hui. Vu comme ça, on a perdu du temps. Reste à voir si ça se fera encore longtemps avec Wilmots. La façon dont il laisse maintenant la porte ouverte à un départ vers un club avant la fin de son contrat, ça veut dire pour moi que le risque est très présent. Il dit qu’il a refusé l’offre de Schalke parce que le timing n’était pas bon, avant deux matches éliminatoires. Je traduis : si son ancien club revient à la charge en janvier ou lors de l’été 2015, il faudra chercher un nouveau coach pour les Diables.

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