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Klopp, ou quand le « Normal One » devient favori

Voilà Jürgen Klopp dans le rôle du favori, avec Liverpool, face à la Roma en demi-finale de la Ligue des champions: un costume taille XXL qui témoigne du chemin accompli par le « Normal One ».

Les « Reds » retrouvent le dernier carré européen dix ans après leur dernière apparition à ce stade de la compétition. Ils doivent beaucoup à leur entraîneur allemand.

Tout n’a pas toujours été facile pour Klopp (50 ans) depuis son arrivée à Anfield il y a deux ans et demi. Il avait promis de décrocher un trophée dans les quatre années suivant sa prise en charge… Il n’en est plus très loin.

Quelques mois après avoir déposé ses valises, il s’est incliné coup sur coup en 2016, en finale de la Coupe de la Ligue puis de l’Europa League. De quoi entretenir une certaine humilité, teintée de frustration, alors que son club attend depuis 2005 l’occasion de s’offrir un nouveau titre européen.

Grâce à son jeu de haute intensité, ce football « heavy metal » comme il l’aime l’appeler, Klopp a réveillé Anfield, qui ronronnait gentiment depuis quelques années. Il a ramené le bruit et la fureur, mais surtout la fierté des soirées européennes.

L’ambiance avait été électrique lors de la réception de Manchester City en quart de finale, dépassant même les bornes avec le caillassage du bus des « Citizens ».

– « Un maître » –

Survolté lors des matches, peu attaché à son image, Klopp a transmis son intensité à son équipe: « Si quelque chose est important pour moi, je ne peux pas cacher mes sentiments. Quand je suis heureux, tout le monde peut le voir, et c’est la même chose quand je suis en colère », confie-t-il.

Côté football, son système fluide en 4-3-3 a permis à Mo Salah, Sadio Mané et Roberto Firmino d’exploser, avec 83 buts à eux trois cette saison.

« Je pense que Jürgen est un maître quand il s’agit d’acheter des joueurs dont il a vraiment besoin pour la façon dont il veut jouer », a estimé Pep Guardiola. Le Catalan en a mesuré tous les désagréments: Klopp est le manager contre qui il a perdu plus de matches qu’il n’en a gagnés.

Plus impressionnant encore que la forme de son « Fab Three », la capacité des « Reds » à continuer à accélérer sans leur maître à jouer Philippe Coutinho, parti en janvier à Barcelone pour 142 millions de livres sterling (160 millions d’euros), bonus compris.

-Bière et humilité-

Klopp a préféré ne pas chercher de remplaçant. Au lieu de cela, il craqué pour Virgil Van Dijk, nouveau défenseur le plus cher du monde. Résultat, Liverpool n’a concédé qu’un seul but en quatre sorties européennes, alors que la défense avait été son point faible depuis son arrivée en Angleterre.

L’ancien entraîneur du Borussia Dortmund a aussi appris de ses erreurs. En raison de l’intensité liée à son style de jeu, Liverpool avait pris l’habitude de s’effondrer en deuxième moitié de saison. Cette saison, aucun coach n’a fait plus de rotations que Klopp en Premier League.

Et tout ça, le technicien l’a fait en tenant sa promesse d’être le « Normal One », quand José Mourinho, son homologue de Manchester United, s’était étiqueté « Special One ».

Toujours une blague dans le chargeur, toujours en jogging, l’ex-joueur (moyen) de Mayence a continué à cultiver son humilité. Ce trait de caractère, il l’a appris à la dure lors des perpétuelles luttes pour le maintien du club de la ville rhénane.

Klopp est aussi très fier de voir le noyau de son équipe composé de joueurs anglais, une chose rare en Premier League: « Tottenham et nous, c’est pratiquement l’équipe d’Angleterre, et j’aime ça. »

Pas étonnant que supporters et presse anglaise apprécient autant l’Allemand. D’autant plus qu’il n’hésite pas à se rendre à son « local » (le pub du coin) de temps en temps, pour siroter une pinte au milieu des habitués. Pour l’anecdote, et le contraste, Mourinho dort depuis deux ans au Lowry Hotel, le palace cinq étoiles de Manchester…

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