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« José Mourinho ne comprenait rien au football »

Gerard van der Lem (60 ans) a collaboré avec José Mourinho de 1997 à 1999, quand il était l’adjoint de Louis van Gaal. Le Portugais avait débarqué à Barcelone un an plus tôt, dans la foulée de Sir Bobby Robson. Il était à la fois son interprète et son adjoint.

« Au début, Louis (van Gaal) s’est demandé ce qu’il devait faire de Mourinho mais il lui a offert sa chance car il était avide d’apprendre. Louis divisait souvent le groupe en deux. José et moi nous occupions des réserves. Nous habitions le même building. Mourinho était encore modeste. J’ai passé de nombreuses heures en sa compagnie, dans les hôtels et en avion. Il se concentrait sur les phases arrêtées, avec beaucoup de minutie, quand nous visionnions un adversaire. Il était intelligent, parlait parfaitement l’anglais, l’espagnol et le portugais. On remarquait qu’il était universitaire mais il ne connaissait pas le football. Il ne savait pas non plus élaborer d’entraînement mais il nous observait et prenait des notes dans un calepin qui ne le quittait jamais. En 2007, Henk ten Cate, son adjoint à Chelsea, m’a téléphoné : – Je n’en crois pas mes yeux. Ce Portugais a copié ta méthode de travail dans ses moindres détails. Mourinho a de fait absorbé toutes les informations possibles et imaginables pour les couler dans sa propre méthode. »

Van der Lem a constaté la métamorphose de Mourinho au FC Porto. « Il y a quelques années, je l’ai revu au hasard d’une rencontre. Quand il m’a aperçu, il s’est levé, il a planté tout le monde et est venu me demander des nouvelles de ma femme et de mes petits-enfants. Il se souvenait de tous les noms. How is Margot ? How are Fanny and Danielle ? Il traite ses joueurs de la même façon : comme des membres de sa famille. Nous restons en contact téléphonique. Il commence souvent par la même plaisanterie : – Gerardo, c’est José ? Tu retravailles ou tu es toujours en congé ? Tu dois travailler, tu sais et il se flanque à rire. Peu après, je le vois à la télévision, en train de se disputer avec le reste du monde, un peu comme s’il avait deux personnalités. »

Van der Lem pense que le succès a quelque peu aveuglé Mourinho. « Il a perdu des plumes sur le plan humain à Porto et à Chelsea. Il était sans doute trop occupé à prester. Je n’oublierai jamais le coup de fil que m’a donné un jour Bobby Robson, qui était gravement malade, comme tout le monde le sait. – Gerard, José n’a plus donné signe de vie. Pas un coup de fil, rien. C’est étrange, non ? Bobby s’en chagrinait car il avait un faible pour Mourinho. Après tout, c’est lui qui l’a lancé, en le tolérant comme interprète au Sporting Lisbonne puis en l’emmenant à Porto et à Barcelone. Je n’ai pas compris non plus cette attitude-là. »

Süleyman Ztürk

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