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Johnny be good

Transféré pour plus de cinquante briques, l’Anglais John Stones est devenu le défenseur le plus cher de l’Histoire. Focus sur celui qui pourrait devenir la base de lancement du City de Guardiola.

Tony Adams, Martin Keown, Sol Campbell, John Terry, Rio Ferdinand. L’Angleterre cherche toujours le successeur de ceux qui firent le bonheur des Three Lions en défense centrale. Armée de la paire Chris Smalling-Gary Cahill à l’Euro, la sélection emmenée par Roy Hodgson a encore un peu plus perdu de sa superbe, malgré une jeunesse prometteuse. Et parmi les futurs sauveurs attendus depuis dix ans par les Anglais, on retrouve John Stones, transféré d’Everton à Manchester City contre la « modique » somme de 56 millions d’euros. Que ne ferait pas la direction skyblue pour faire plaisir à Guardiola…

Du côté du beau Pep, on croit fatalement beaucoup en ce jeune gars aux allures de pote sympa. « C’est un défenseur solide qui peut également faire des passes et mettre en place une bonne possession et un jeu offensif », dit le nouveau coach de Vincent Kompany, Jason Denayer et Kevin De Bruyne. « On veut aider John à montrer ses qualités et faire en sorte qu’il aille encore plus loin que ce qu’il a déjà accompli. »

Ce que le joueur a déjà accompli ? Un écolage à la dure à Barnsley, en Championship, et trois saisons entières chez les Toffees, entrecoupées d’une sale blessure à la malléole, d’un espoir de sélection au Mondial et d’une nomination au titre de Golden Boy 2014.

« J’aime sa façon de jouer et je me réjouis de l’accueillir dans l’équipe », poursuit l’Espagnol, lors de la présentation de son nouveau poulain. « Je sais qu’il y a encore beaucoup à améliorer dans mon jeu et je suis sûr à 110% que j’ai pris la bonne décision en venant jouer sous ses ordres », estime quant à lui le joueur de vingt-deux ans (il est né le 28 mai 1994).

Tour de contrôle

On comprend qu’il soit enthousiaste, le jeune John. Car ici, c’est un véritable bâtisseur qui arrive à l’Etihad Stadium. C’est Pep Guardiola, celui qui a magnifié le talent parfois moqué de Jérôme Boateng. Celui qui a fait passer le central allemand de « frère de » à meilleur défenseur de la planète. En lui faisant confiance, en lui inculquant ses principes footballistiques, en développant ses superbes qualités balle au pied.

De la maîtrise avec le ballon, Stones n’en manque pas. C’est bien pour cela que le voir poursuivre son développement avec l’ancien patron du Barça et du Bayern laisse présager du meilleur pour ce gamin adoubé par Gérard Piqué himself en 2015. En effet, le fils spirituel de Marcelo Bielsa pourrait bien faire de sa nouvelle recrue sa principale base de lancement, comme il le fit naguère avec le champion du monde. Une sorte de tour de contrôle, de regista reculé.

Avec 4,4 longs ballons par match, John Stones est certes toujours loin du Boa de Bavière, qui culmine lui à 7,2 passes longues (et même 11,3 durant l’Euro !). Mais il se place déjà parmi les meilleurs défenseurs du championnat anglais en la matière. Habitué à un jeu moins « bourrin » que la moyenne de Premier League sous Roberto Martinez, le jeune arrière va maintenant devoir s’habituer au football intello prôné par Señor Pep.

C’est sans doute cette année que l’on va vraiment savoir ce que le petit prodige britannique a dans le bide. Et dans la tête, afin d’apprivoiser la philosophie guardiolesque du coach.

Martinez sous le charme

Saura-t-il gommer ses sorties parfois un poil hasardeuses, voire dangereuses, lui qui va devoir s’habituer au jeu de possession de Guardiola (déjà 77 % lors de la première journée face à Sunderland) ? Il faut dire que les amateurs de foot anglais ne sont guère habitués aux sorties toutes latines du talentueux John, un gamin du nord de l’Angleterre, qui est l’un des bons « défenseurs-dribbleurs » d’Europe.

Mais qui ressemble aussi si peu aux stéréotypes footeux de la région. Formé à Barnsley, il fait ses débuts en 2012 en D2 anglaise. Everton, qui comprend bien que ni Sylvain Distin, ni Phil Jagielka ne sont éternels, commence tout doucement à chercher un successeur. Ce sera Stones, qui déboule à Goodison Park en janvier 2013.

Quelques mois plus tard, un certain Roberto Martinez débarque à son tour. Privé de Jagielka dans l’axe, le sélectionneur des Diables rouges frais émoulu tente le coup et y titularise son gamin, qu’il avait précédemment placé à droite de la défense. Everton termine à la cinquième place, avec la troisième meilleure défense de la saison.

Hormis les blessures et malgré l’intérêt vivace de Chelsea, quasi rien ne le tirera hors de l’équipe d’un entraîneur tombé sous le charme. « Je vois potentiellement en John le meilleur arrière central que l’Angleterre ait produit », s’enthousiasme Martinez en septembre 2015.

« Il est incroyable balle au pied. Je n’ai jamais vu un autre joueur anglais qui a une telle capacité à relancer le jeu de cette manière. Il est bon en un-contre-un, excelle dans les airs, lit le jeu de façon fantastique et il sait parfaitement s’adapter à ses partenaires. Son jeu reflète sa personnalité: très calme, posé. Son potentiel est unique. »

Premier relanceur?

Et trop exceptionnel pour ne pas laisser Stones s’exprimer encore un peu plus en participant davantage au jeu, à l’image de Boateng, qui distribue 0,7 « key passes » par match, contre seulement 0,2 à l’Anglais. L’arrivée du jeune homme au coeur de l’effectif du seigneur catalan confirme son envie de transformer en profondeur le jeu du club, avec un premier match marqué par une stat : 707 passes réalisées contre 214 aux Black Cats en ouverture.

Reste à savoir si Vince the Prince, lui aussi étiqueté « beau joueur » parviendra enfin à se débarrasser de ses pépins musculaires. La perspective de voir évoluer le City de Manuel Pellegrini vers celui de Guardiola aussi rapidement qu’un Salamèche serait alors la chose la plus excitante à analyser dans cette PL 2016-2017 qui promet un vrai renouveau du foot britannique. Avec John Stones en premier relanceur ?

Par Aurélie Herman

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