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Gylfi, le Beckham islandais

Belle gueule, toucher de balle soyeux et professionnalisme: Gylfi Sigurdsson, le Beckham Islandais, en couple avec Miss Islande 2008 Alexandra Ivarsdottir, sa Victoria, donne raison à son sélectionneur Lars Lagerbäck qui le présentait comme « un joueur de classe mondiale ».

Il est de bon ton qu’un coach encense ses joueurs, mais la prophétie du Suédois sonne plus juste après la démonstration de Gylfi contre les Anglais. « Gylfi, c’est notre vrai numéro 10 », expose le milieu islandais Emil Hallfredsson à l’AFP. Milieu reculé façon « regista » comme on dit en Italie, il est l’auteur de la délicate remise à Jon Dadi Bödvarsson pour l’action « brésilienne » du but qui a maté l’Angleterre.

« Nous aussi nous pouvons faire des passes, le deuxième but était fantastique », s’emballe Birkir Bjarnasson, autre milieu des Vikings.

Parlant de son meneur de jeu, Bödvarsson enfonce le clou: « Beaucoup de gens pensent que nous sommes juste une équipe ennuyeuse et défensive, mais en fait nous avons aussi la possession, nous avons de bons joueurs comme Gylfi qui savent tenir le ballon, nous l’avons montré sur le second but et peut-être que nous pourrons faire encore un peu plus dans ce tournoi. »

‘Ice Man’

Brillant sur cette avant-dernière passe, Gylfi a aussi réussi de très beaux retours défensifs, participant activement à la récupération. « Ice Man », comme l’appelait le Gallois Brendan Rogers quand il entraînait Swansea, a montré le meilleur de lui-même à l’Angleterre, plus que ce qu’il a fait au cours des dernières saisons.

« Je n’ai jamais eu d’inquiétude pour Gylfi au niveau international, je savais qu’il pouvait y tenir sa place », assure à l’AFP Gudjon Thordasson, sélectionneur de l’Islande de 1997 à 1999 (notamment une défaite de justesse 3-2 contre la France, qui se qualifiait pour l’Euro-2000).

Thordasson se souvient de l’avoir pris en prêt quand il entraînait Crewe Alexandra dans les divisions inférieures anglaises, en 2009. « Il avait 19 ans, j’ai senti un bon potentiel, il a joué là-bas une demi-saison et s’en est bien sorti, poursuit l’entraîneur. C’était déjà un bon professionnel, toujours désireux de bien faire, extrêmement passionné. Il travaillait dur. »

Gylfi a tenté très tôt sa chance en Angleterre, le mythe de tous les footballeurs islandais, nourris de son championnat à la télévision. Il a rejoint Reading à 15 ans et ses parents l’ont suivi, son père gérant sa pêcherie par téléphone.

Prêté, balloté, envoyé à Hoffenheim en Allemagne, il commence à faire parler de lui à Swansea en 2012.

Survivre à la Premier League

« Il y a beaucoup de gens qui aimeraient être bons, mais lui était prêt à faire ce qu’il faut », insiste Thordasson. Gylfi « a survécu à la Premier League, le championnat le plus dur au monde, cela signifie qu’il peut survivre à tous les niveaux », résume l’ancien sélectionneur.

Sigurdsson n’a pas trop brillé quand il a tenté l’étage au-dessus, Tottenham, un des gros bras anglais. « J’ai peut-être un peu trop joué à gauche à mon goût, s’est-il justifié. Je ne suis pas le genre de joueur qui va déborder l’arrière latéral. Je me sens mieux, et je pense qu’on obtient plus de moi, au centre, derrière les attaquants ».

Mais il ne s’entête pas et revient à Swansea il y a deux ans. « Une fois ma carrière terminée je n’ai pas très envie de me dire: +Peut-être que je suis resté trop longtemps là-bas assis sur un banc+ », expliquait-il.

Il marque dès son premier match pour son retour dans le club gallois, contre Manchester United, et reprend le fil de sa carrière. Cette saison, il n’a marqué que 3 buts mais disputé presque tous les matchs (36).

Gylfi est donc arrivé confiant à l’Euro, où son sang-froid – il est handicap 4 au golf, où son frère est joueur professionnel – lui offre le rôle de tireur de penalty, comme contre la Hongrie (1-1).

« J’ai toujours pensé qu’il serait un grand joueur, conclut Thordasson, mais pas seulement, c’est aussi une excellente personne ». Les Bleus sont prévenus.

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