© REUTERS

Golovin, la promesse d’une nouvelle Russie

En Russie, son nom est sur toutes les lèvres depuis sa prestation majuscule en ouverture du Mondial; à l’étranger, il fait partie des pépites qui affolent déjà le mercato: Alexander Golovin incarne l’espoir d’un renouveau du foot russe, capable de produire enfin un joueur susceptible de rejoindre un grand club européen.

Deux passes décisives – du jamais-vu depuis 1986 pour un joueur russe en Coupe du monde – et un coup franc somptueux juste avant le coup de sifflet final contre l’Arabie saoudite (5-0) devant 80.000 spectateurs aux anges. Il n’en fallait pas plus pour que les médias du pays s’enflamment pour le talentueux milieu âgé de 22 ans, à la veille d’un match capital pour une qualification au 2e tour contre l’Egypte mardi (20h00) à Saint-Pétersbourg.

Un épisode cocasse permet de saisir l’ampleur de la « Golovin mania ». Passé en direct sur la chaîne de TV Pervy Kanal après le succès contre l’Arabie saoudite, le joueur voit le présentateur se lancer dans un discours enflammé, débordant de louanges à son égard… au lieu de lui poser une question! D’un naturel réservé, Golovin a mis un terme au simulacre d’interview au bout d’une minute à peine, visiblement gêné par la tournure des événements.

Du côté des médias étrangers, l’effervescence est la même. Il suffisait de voir les reporters italiens, privés d’une qualification de la Nazionale mais présents en nombre, se jeter sur Golovin en zone mixte pour le bombarder de questions sur un possible départ à la Juventus Turin, l’un de ses prestigieux prétendants.

« Tout se décidera après »

« Cela fait très plaisir d’intéresser une équipe aussi forte », a répondu en russe le joueur du CSKA Moscou. Mais « je n’y pense pas (à un départ à la Juve). Aujourd’hui, je suis avec la sélection, il y a la Coupe du monde, toutes mes pensées vont seulement à ça (…). Tout se décidera après ». Rebelote le lendemain du match au point presse des Russes après leur entraînement, avec cette fois des questions sur l’intérêt de Barcelone évoqué par les médias espagnols: « Je reste insensible » à ces rumeurs, a-t-il tenté de balayer. Mais la machine est lancée.

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Repéré par un scout alors qu’il jouait dans sa région d’origine en Sibérie au Metallourg Kouzbass (aujourd’hui FK Novokouznetsk), Golovin est arrivé au CSKA en 2012. Avant de se révéler aux yeux du plus grand nombre cette saison, notamment lors du bon parcours de son club en Europa League. « Alexander avait tous les prérequis pour jouer au plus haut niveau. Il a été très sérieux, il a un gros caractère et une grosse capacité de travail. Il restait souvent après l’entraînement pour continuer de travailler », se souvient dans Izvestia l’ex-sélectionneur russe des U19, Dmitry Khomukha, avec qui Golovin arriva en finale de l’Euro-2015.

« Est-il si bon ? »

« Le vrai niveau de Golovin: est-il si bon? », s’est toutefois demandé le journal Sport Express dans un long article à son sujet. Car « la dernière fois qu’il y a eu autant de battage médiatique autour d’un joueur russe, c’était peut-être (Alan) Dzagoev à l’Euro-2012. Il y en avait tellement pour lui. Mais on n’a peut-être pas envie de continuer le parallèle ». Sous-entendu, Dzagoev n’a jamais confirmé. Tout comme Denis Cheryshev au Real Madrid, alors que la grande majorité des joueurs de la « Sbornaïa » peinent à s’exporter en dehors du championnat local.

L’ancien prodige du foot russe Andreï Arshavin, qui considérait qu’aucun joueur de l’effectif actuel n’avait l’étoffe pour être son successeur, a toutefois admis que Golovin était celui qui pouvait s’en rapprocher le plus. « Tout le monde dit cela, notamment en Europe où il commence à être remarqué. Je pense qu’il le mérite, il est capable de jouer à un très haut niveau. Il a une bonne technique », avait confié à l’AFP l’ancien ailier d’Arsenal, avant le début de la compétition.

Dans le tabloïd Komsomolskaïa Pravda, Sergueï Golovin, le père du joueur, a en tout les cas encouragé son fils à rejoindre l’Italie si d’éventuels contacts avec la Juventus venaient à se confirmer: « La seule difficulté qu’il pourrait avoir, c’est la barrière de la langue. Il a un niveau scolaire, il comprend le discours footballistique et pourra bientôt parler librement en anglais ». La clé manquante pour le grand départ ?

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