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France-Belgique: les ambitions sont les mêmes, mais il n’y aura qu’un heureux

Plus que de simples voisins, des amis de 20 ans et des partenaires en club: le choc France-Belgique, qui verra notamment Thierry Henry affronter son ancien capitaine Didier Deschamps, risque d’être chargé d’émotions. Mais mardi à Saint-Pétersbourg, c’est surtout une place en finale du Mondial-2018 qui est en jeu.

Son nom est sur toutes les lèvres depuis l’annonce de l’affiche : Thierry Henry, le meilleur buteur de l’histoire des Bleus (51 buts en 123 sélections), champion du monde 1998 et d’Europe 2000, est aujourd’hui un des adjoints du sélectionneur des Belges, Roberto Martinez. « Evidemment, c’est une situation difficile pour lui. Cela arrive des fois en club: quand vous êtes dans un club étranger et que vous revenez jouer contre un club français, vous faites partie de l’équipe ennemie. Là, c’est encore un cran au-dessus, puisqu’il va être sur le banc, et en face il y a son pays, sa nation », a souligné Deschamps, ancien capitaine de Thierry Henry et désormais sélectionneur de l’équipe de France. Sa mission ? Insuffler sa culture de la gagne à la talentueuse « génération dorée », toujours à la recherche d’un premier trophée.

Près du but

Roberto Martinez : « Il s’agit d’une opportunité unique pour toute l’équipe, pour toute la Belgique, pour tout le dur travail qui a été fait, non pas seulement depuis ces deux dernières années, mais depuis ces 10-15 dernières années à développer ces jeunes joueurs. »

Kevin de Bruyne : « (Martinez) nous a rapprochés ensemble en nous donnant plus de conviction qu’on pouvait gagner. Peut-être (qu’avant) en Coupe du Monde ou lors des Euros, certains joueurs n’avaient pas du tout ce sentiment. Maintenant, il y a davantage ce sentiment de confiance les uns envers les autres pour être plus performants que jamais. Quand vous êtes arrivés (en demies), vous voulez continuer jusqu’à la fin. »

Hugo Lloris (capitaine de l’équipe de France): « Je crois qu’on a l’opportunité de marquer l’histoire de l’équipe de France, c’est surtout ça. On se rapproche du but. On le sait, c’est de plus en plus difficile, l’adversaire demain sera encore plus fort. Je pourrais uniquement le dire à la fin du tournoi mais en tout cas, il y a un bon mélange entre joueurs expérimentés et cette nouvelle génération avec un potentiel énorme. On ne connaît pas trop ses limites et c’est ce qui fait la force de cette équipe. On avance avec la confiance acquise au fil des étapes, et demain, c’est encore une autre étape qui sera importante dans nos carrières à tous. »

« Il nous amène ce qu’un ancien footballeur d’élite pense. Ensuite c’est un coach, qui par son dévouement, son attention aux détails, essaye d’aider n’importe quel joueur de l’équipe. Il était la pièce parfaite qui manquait à notre staff technique », a salué Martinez, lors de la conférence de presse d’avant-match . Va-t-il tout de même chanter La Marseillaise avant le coup d’envoi ? « Je ne sais pas, il ne m’a rien dit de ce qu’il va faire. Peut-être qu’il va chanter La Marseillaise, ce que je trouve normal », a déclaré Kevin De Bruyne.

« Pendant 90 minutes son coeur sera uniquement belge », veut croire Jean-Marie Pfaff, ex-gardien des Diables Rouges en demie du Mondial-1986. « Je serais fier de pouvoir montrer à +Titi+ (Henry) qu’il a choisi le mauvais camp », a rétorqué à distance Giroud. Le match promet.

Retrouvailles à tous les étages

Au-delà du duel sur le banc entre les deux amis de 20 ans, il y aura un côté bataille de Premier League avec cette demi-finale: entre les coéquipiers de Tottenham (Hugo Lloris, et Jan Vertonghen, Toby Alderweireld, Mousa Dembélé) ou ceux de Manchester United (Paul Pogba et Romelu Lukaku), les joueurs des deux camps se connaissent par coeur.

Pour Olivier Giroud, « c’est un match particulier: on n’a pas envie de se faire chambrer au retour en pré-saison ». Car Giroud et N’Golo Kanté évoluent à Chelsea aux côtés d’Eden Hazard et Thibaut Courtois, deux des atouts des « Diables Rouges ».

« Pour jouer toute l’année avec N’Golo (Kanté), c’est le meilleur joueur du monde à son poste (…) Quand il est au top, tu as 95 % de chances de gagner le match », a encore lâché Eden Hazard dans un entretien accordé à beIN Sports. Le duel entre le N.10 des « Diables Rouges » et le milieu récupérateur des Bleus s’annonce d’ailleurs comme une des clés du match de Saint-Pétersbourg.

Même en France, tout le monde connaît Eden Hazard, arrivé à 14 ans au centre de formation de Lille, lancé dans le grand bain de la L1 à 16 ans, puis grand artisan du doublé Coupe de France-Championnat du Losc en 2011. Le petit Eden y est devenu grand, avec les trophées de Meilleur espoir de L1 en 2009 et 2010 puis de Meilleur joueur de L1 en 2011 et 2012, avant de partir à Chelsea. Eden Hazard est « presque un Français », s’est d’ailleurs amusé Giroud. Le patron de la fédération française, Noël Le Graët, interrogé par l’AFP, a qualifié le natif de La Louvière d' »énorme joueur ».

Hazard, en retour de politesse, ne tarit pas d’éloges sur Kylian Mbappé. « Pour moi, c’est vraiment un mélange de Thierry Henry et de Ronaldo +O Fenomeno+ », déclare ainsi le joueur de Chelsea dans l’hebdomadaire belge Sport/Foot Magazine. « Et il ne faut pas oublier, il a 19 ans le gars. En tant qu’admirateur du foot, tu ne peux qu’apprécier. »

Henry, ‘une situation difficile’

Didier Deschamps (sélectionneur de l’équipe de France): « Ca me fait plaisir, c’est quelqu’un que j’apprécie. On s’est côtoyés en tant que partenaires. Lui était tout jeune, il débutait, et moi j’étais plutôt en fin de carrière. Il a pris le bon wagon. Je suis heureux pour lui de tout ce qu’il a fait de très bien après, j’ai pu le regarder et apprécier tout ce qu’il a fait, en club et en équipe nationale. Evidemment, c’est une situation difficile pour lui. Cela arrive des fois en club: quand vous êtes dans un club étranger et que vous revenez jouer contre un club français, vous faites partie de l’équipe ennemie. Là, c’est encore un cran au dessus, puisqu’il va être sur le banc, et en face il y a son pays, sa nation. Mais il savait très bien, à partir du moment où il fait partie de l’encadrement comme adjoint de Martinez, que ça pouvait être un cas de figure. Quant à moi, sur un plan personnel, c’est avec un grand plaisir que je vais le revoir demain » (mardi).

Kevin de Bruyne: « Il n’a pas dit grand chose sur l’équipe de France. Pour lui, peut-être que (mardi) ce sera un peu difficile mais il travaille maintenant pour la Belgique, il veut qu’on gagne. »

Roberto Martinez: « Il nous amène ce qu’un ancien footballeur d’élite pense. Ensuite c’est un coach, qui par son dévouement, son attention aux détails, essaye d’aider n’importe quel joueur de l’équipe. Il était la pièce parfaite qui manquait à notre staff technique. Durant ces deux dernières années, il nous a amenés ce qui nous manquait: l’expérience du niveau international, le savoir-faire pour gagner une Coupe du monde, pour être un footballeur, comment vous devez vous comporter sous le regard du monde entier, et savoir ce que vous ressentez dans ces moments-là. »

Mbappé était absent lundi de l’entraînement collectif pendant le quart d’heure ouvert à la presse, tandis que Kanté et le latéral Benjamin Pavard sont restés à part. Mais Didier Deschamps a parlé d’aménagements « par précaution » et n’envisage « pas de forfait » pour la demi-finale contre la Belgique mardi.

L’enjeu est énorme pour les deux générations talentueuses: une qualification en finale d’un Mondial, l’occasion d’une carrière. « Je crois qu’on a l’opportunité de marquer l’histoire de l’équipe de France, c’est surtout ça », a souligné Lloris. « Quand vous êtes arrivés (en demies), vous voulez continuer jusqu’à la fin », a rétorqué De Bruyne. Les ambitions sont les mêmes, mais il n’y aura qu’un heureux.

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