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Diables Rouges : les dessous d’un échec

Depuis quatre jours, on savait comment les joueurs gallois se positionnaient sur corner. Mais on ne s’est pas entraîné une seule fois pour contrer ce dispositif. Ce genre de manquement – il y en a eu d’autres – a causé l’élimination des Diables Rouges.

Avant la rencontre face au Pays de Galles, Marc Wilmots a laissé à son analyste vidéo, Herman De Landtsheer, le soin de décortiquer les qualités et défauts de l’adversaire. Généralement, les coaches se font effectivement assister par leur analyste vidéo. Ce n’était pas la première fois que les Gallois se regroupaient sur les phases arrêtées, pour partir ensuite dans tous les sens. L’information avait été transmise, quatre jours avant le match.

Mais nous avons été très étonnés d’apprendre que les Diables Rouges ne s’étaient pas entraînés une seule fois pour contrer ce dispositif. Aucune solution n’avait été cherchée, et encore moins trouvée. L’information avait été transmise, c’est tout. Résultat : le Pays de Galles a inscrit un but sur ce genre de phase, et a failli en inscrire un deuxième. On a juste eu droit, ensuite, à de grands gestes entre Wilmots et Jason Denayer.

Jusqu’à trois heures avant le match, tous les joueurs n’avaient pas été informés de la composition de la défense. Pour éviter des fuites vers l’extérieur. Et alors ? Denayer savait, dès le début de l’après-midi, qu’il allait jouer, mais les défenseurs qui l’entouraient, l’ignoraient. Or, la défense est d’une importance cruciale dans ce genre de tournoi. L’Espagne (2x) et la Grèce, les précédents champions d’Europe, n’ont pas encaissé un seul but dans la phase par élimination directe.

Un joueur a déclaré après l’élimination :  » On ne s’est pas entraîné une seule fois dans cette composition.  » Probablement sous le coup de la déception, mais cette déclaration en dit long sur la manière dont le groupe a été préparé. C’est presque aussi grave que Roy Hodgson, qui avait préféré effectuer une balade sur la Seine plutôt que regarder le match de l’Islande.

C’est d’autant plus grave qu’avec l’arrivée de nombreux jeunes dans le groupe, la préparation était essentielle pour compenser le manque d’expérience. Lorsque Wilmots a introduit Marouane Fellaini dans l’équipe après le repos, les Gallois n’ont plus pu mettre leur plan à exécution sur phase arrêtée. Axel Witsel, Fellaini, et sans doute aussi ThomasVermaelen et Jan Vertonghen, ont suffisamment d’expérience pour éviter les blocs et ne pas tomber dans le piège.

ATTRACTIF MAIS NAÏF

Les autres auraient dû recevoir des consignes et s’entraîner à ce cas de figure. Jordan Lukaku n’a appris qu’en dernière minute qu’il allait jouer, mais on savait depuis plusieurs jours qu’il faudrait remplacer Vermaelen. Il fallait donc s’y préparer.

La préparation, le coaching, le débriefing, le collectif plutôt que l’individualisme… Un très bon entraîneur de terrain aurait pu apporter beaucoup aux Diables Rouges ces deux dernières années. Les observateurs étrangers ont qualifié la Belgique d’équipe  » attractive, mais naïve. Une somme de talents individuels, pas d’équipe « .

Oui, un très bon entraîneur aurait apporté beaucoup, davantage encore que Nicolas Lombaerts, qui, au cas où Wilmots l’aurait emmené avec lui, aurait sans doute disputé contre le Pays de Galles son premier match en trois ( ! ) mois. Il eût été insensé de l’emmener en France, et d’occuper le staff médical à le remettre sur pied.

C’est dommage pour le Brugeois, mais c’est ainsi. Les Français n’ont pas agi autrement vis-à-vis de Raphaël Varane, même s’il était lui aussi un pilier essentiel de la défense et si les problèmes constatés à l’arrière n’ont toujours pas été résolus.

Après avoir pris l’avance contre le Pays de Galles, l’équipe a reculé. En gesticulant des bras, Wilmots a exhorté ses hommes à remonter, mais rien n’y fit. Ses joueurs, avec tout le bruit, n’ont pas entendu les consignes. Il faut, la plupart du temps, attendre le repos pour pouvoir corriger. Mais là, le discours de Wilmots n’a pas été cohérent.

 » Plus d’agressivité, c’est tout « , a-t-il réclamé, nous raconte un international. Contre l’Irlande, alors que le marquoir affichait toujours 0-0, il a prêché le calme tout en gesticulant :  » C’est bon les gars, ça va venir.  » Des encouragements, un esprit positif mais jamais de consignes tactiques.

Par Thomas Bricmont, Pierre Danvoye et Peter T’Kint à Lille

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