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Diables Rouges : arrogants, eux ?

Thomas Bricmont

Démarche assurée, discours franc et direct, ambition débordante, prodige avant l’heure, les Diables d’aujourd’hui ne ressemblent en rien à ceux d’il y a dix ans. Dikkeneks irritants et surfaits ? Ou de fortes personnalités dotées d’une confiance en soi indispensable pour atteindre les cimes ? Analyse de la nouvelle identité belge.

« Cette génération n’a plus rien à voir avec la mienne. Tout a évolué. Ils n’ont peur de rien, ils sont tellement sûrs d’eux. Et puis ils jouent pour le plaisir, ils aiment le jeu. Cette forme de décontraction c’est aussi une qualité. », raconte Johan Walem, ex-coach des jeunes d’Anderlecht et des Espoirs, qui a coaché notamment Romelu Lukaku ou Yannick Carrasco. Avec l’actuel joueur de l’Atlético, les débuts sont d’ailleurs quelque peu orageux en Espoirs.

« Ça a pu être un peu difficile dans un premier temps. Je voyais qu’il avait d’énormes qualités mais il ne les montrait pas en match. Je l’ai pris entre quatre-z-yeux, on s’est expliqué. Un coach doit aussi apprendre à comprendre. Des joueurs comme eux, tu peux m’en donner à la pelle. Cette assurance, c’est une force, ils ont développé une forte personnalité. Yannick savait très bien jusqu’où il voulait aller et il y est arrivé. »

« Cette génération est très différente que celle que j’ai connue quand j’étais jeune », reconnaît Jean-François Gillet, à 37 ans doyen du groupe des Diables. « On n’osait presque pas dire un mot. Eux, ils sont très sûrs d’eux, ils n’ont peur de rien. Ils arrivent dans un groupe à 18 ans, ils sentent qu’ils sont prêts. Jouer des grands matches, pour eux, c’est normal. »

Simon Mignolet (28 ans) confirme : « Les jeunes joueurs d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’avant. Ce sont de nouveaux Belges avec plus de confiance en soi. » Il fut un temps pas si éloigné où le Belge était content d’être là. Comme quand Yves Vanderhaeghe et Bart Goor prenaient en photo Old Trafford avant le match de Ligue des Champions en septembre 2000. Le duo se disait même satisfait s’ils ne quittaient pas le stade avec une raclée.

Des propos impensables aujourd’hui, qui symbolisaient le manque d’ambition dans lequel allait plonger le football belge pendant dix ans. Mais comment expliquer un tel revirement ?

« Nous, on n’a pas peur »

« Au début, quand la nouvelle génération de l’équipe nationale a fait son apparition avec Dick Advocaat, il a commencé à changer les esprits », explique Romelu Lukaku. « Il a commencé à sortir quelques joueurs pour lancer des jeunes, dont moi. Il a enlevé les plus anciens, ceux qui étaient contents d’échanger les maillots à la fin et qui entretenaient les problèmes francophones-néerlandophones. C’est l’ancienne génération qui avait peur de tout le monde. Nous on n’a pas peur. Le premier jour où l’on se retrouve avec le noyau, on pense à notre prochain adversaire et on se dit : « On va les gifler ! ». »

Ces propos, Romelu Lukaku les avaient tenus en mai dernier quand on l’avait rencontré chez lui à Manchester. Des propos qui ont eu un effet boomerang après la défaite face à l’Italie. Et pourtant, dans la bouche du joueur, la volonté est d’exprimer l’ambition d’une génération qui a connu très tôt les sommets ou presque. Rien de plus. Un caractère fort, une culture de la gagne, qui rappellent les sportifs US et dont le petit nouveau, Christian Kabasele, faisait écho récemment :  » On voit dans la mentalité de Romelu qu’il veut tout gagner. C’est impressionnant, c’est ce qui lui permet de réaliser une telle carrière. »

Par Thomas Bricmont

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